Errance sur le dos d’un requiem
Je me souviens aussi des volcans aux souffles asphyxiés
Tous crachaient aiguisés la courbe de l’arc-en-ciel frigorifié
Dans un ciel aux mesures rythmées chargées d’impuretés
Elles étaient le requiem d’un temps irrévérencieux, inanimé
Celui aux rectangles aigus, aux pointes vives et acérées
Ce jour fut l’aurore ténébreuse de nos inimitiés enflammées
Comme un matin calme au cœur de l’œil du cyclone tourmenté
Je doute que l’expressif et l’exclusif soient de la sentimentalité
Ils furent le début d’une territorialité, d’un effritement assimilé
Le souffle d’un tremblement sur les feuilles du jardin assoiffé
Où j’ai vu apparaître la sécheresse puis l’abandon inapproprié
Mes mains ont saisi le sable, l’aride puis le vide sans pleurer
Alors que dans l’immensité le requiem éclatait
Venant trancher le derme de futilités sans rien concéder au passé
Le giboyeux, aux forêts d’Éden, leurs bois d’ébène parfumés
Là où le cerf prend son élan avant de s’en aller parader
J’aime l’éblouissant, l’alarmant et aussi l’idée d’intimité
Le silence des cimetières et des pierres dans une carrière éclatée
Ces murs prochains de nos cathédrales au froid aimant transpercer
Le cœur d’un pénitent emprunté ou d’un voyeur inexpérimenté
Où sont les registres d’un état d’abandon lié à la conformité ?
J’en recherche l’aboutissement, m’endormant tétanisé
Sur le chemin empierré où j’irai demain traîner et graver
L’épitaphe endiablé d’une errance imaginée et partagée
Pour échapper à l’immensité, au requiem, à ses notes éclatées
Là s’arrête l’exposé extasié de ces pas perdus sur un sentier
J’en ai aimé le cri, l’odeur, parfois le ressentiment catastrophé
Nous fumes riverains, voisins, inhumains, n’ayant juste été
Lire la suiteCaresser l’étrange
Caresser l’étrange puis le flamboyant
Une nuit derrière le paravent
Parsemé de particules balbutiant
Des sentences échappées de volcans
Dans un matin blanc s’en allant
En s’étirant sur des dunes d’argent
Toutes aux corps imparfaits s’affalant
J’ai vu le sable, les confins banalement
En étant ébloui, en m’extasiant
Devant ce décor enivrant
Qui ne fut que la parenthèse bleutée
Totalement imaginée et fantasmée
Comme si rêver pouvait réanimer
Ou éblouir les moindres secrets
J’ai ressenti cette idée
Une vision en moi venue s’abriter
Pour se protéger, se lover, et
Ne plus être habitée du corps de l’étrangeté
En domestiquant le néant, son identité
Chaque matin, la nuit achevée
Fantasque, irrationnelle, échevelée
Et, se dissipant parmi l’étrange oublié
Lire la suiteVision
Tandis que progressais dans une forêt à la végétation envahissante
Aux branches dépourvues de feuilles, aux troncs ténébreux
Un coucou facétieux tout là-haut composait sur des notes lentes
Tracées sur un papier d’Arménie se consumant vers les cieux
A son odeur, je me sentis ébloui, attendri, presque aigri
Je fus abordé violemment par son humeur caverneuse
Dans un accident blême et violent avec une aurore rabougrie
Se prolongeant dans un bain de vapeurs ténébreuses
Futiles sont les variations dispendieuses en s’arrachant
A la terre et au lierre dans un sentiment exaspéré de misère
J’ai en moi ces contradictions qui s’échappent en marchant
Dis-moi où sont ces rêves d’hier que je les grave dans la pierre ?
Ils brûleront doucement demain ou un autre jour dans un rugissement
Qui résumera la violence de notre épanouissement en ce matin
Lorsque le réveil a de tendresse les épines d’un cactus ricanant
Je suis fou de ces vertiges qui n’ont d’abîme que d’être enfantins
Ainsi vont nos âmes imparfaites colorées de terre de sienne
Cette teinte qui accompagne nos soirs s’éternisant indéfinis
Intemporels quand butinent les abeilles, s’ébattent les rennes
Sur les plaines de neiges, dans une forêt envahissante, il en est ainsi
Je veux saisir dans l’extrême le calme, le silence et la promiscuité
Celle de séduire les caprices d’une réflexion ou d’une projection
Vers l’extase d’offrir à une reine les joyaux brillants de l’éternité
Nous partirons l’été sur les canaux entre les blés, j’ai eu cette vision
Lire la suiteL’onde magique
Des mots susurrés bas, comme si tu n’étais pas là
Informelle, spirituelle, indépendante et cruelle
Totalement absente dans la pénombre progressant là
Belle, rebelle,immatérielle presque fusionnelle
Irrévérencieuse un brin capricieuse et ténébreuse
J’attends le moment glorieux, insipide ou curieux
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Oubliant dieu et tous ces vieux presque envieux
Étendus nus au premier matin du jour étrange
De noir et de blanc quand l’aube et son archange
Ont jeté leur sort sur notre corps dans l’aurore
A bout de main, tout là-bas, se lève la couleur or
Parle-moi encore de ces vestiges, de nos forts
Où s’abritent le minotaure et les papillons bleus
Ceux que l’on voit les nuits quand s’éteint le feu
L’éclat du phare d’Alexandrie au bout de la nuit
Alors que se dressent les paravents quand le rêve s’enfuit
Lorsque les ténèbres s’éclairent, s’illuminent transis
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Je tremble témoin de ce bouleversement, de ce rugissement
Je frémis volontairement sous la violence de l’ouragan
En hurlant devant cet aboutissement, cet extrême turbulent
Où irons nous lorsque la terre sera de nouveau plate ?
Loin et si proche de ce départ quand le drame éclate
Tous les mondes sont creux, baignent dans les cieux
J’ai vu leurs frontières en allant chercher dans tes yeux
L’intense ou l’improbable vérité, cette étrangeté bleutée
A l’éclat rassurant, au tremblement imparfait et irradié
J’ai tenté de le capturer, m’en suis approché, consumé
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Quoi que tu veuilles, intenses et spéciales furent nos vies
Projetées sur un matelas moelleux, je suis face à l’infini
Je me languis, je nargue la monotonie, parle mélancolie
Par fantaisie, dans l’extase, pour tutoyer, jouir de l’oubli
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Habitant le mausolée aux persiennes de fer et de carton
Là où les murs sont de papiers où s’écrivent les poèmes
Ils transpirent de l’encre frénétique toujours la même
Lorsque les mots sortent de notre peau, sont une raison
Dis-moi pourquoi les moutons n’ont que le rêve de se suivre ?
Survivre est-ce devenir le clone d’un autre, boire, être ivre ?
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Je bois le vent, mords le néant, m’abreuve de ces instants
Quand vulgairement le loup hurle à la lune en s’endormant
Il fut élément de cet instant, ne l’a pas retenu, con et absent
Je frémis à cette idée qui fut comme une chose convenue
Un écart insoumis, une digression tentaculaire et imprévue
A l’ordre de nos équilibres, de nos reflets parfaitement dessinés
Je sais qu’ils n’ont pas d’âmes, aucune vérité, ni de propriété
Moi, extatique dans l’ombre magique et terrifique
Dans le labyrinthe nous irons portés par l’onde magique
Embrassons cet oubli, dans le louvoiement de l’infini
Qu’il en soit ainsi comme nous l’imaginions, frénétique
Lire la suiteÉvanescence
Où sont nos symboles, ces humeurs qui caracolent ?
O toi l’irrémédiable ténébreuse, fille de colères
Guerrière immature aux cheveux rouges de folle
J’embrasse tes turpitudes sous le soleil noir et fier
Tombent du ciel des larmes de pluie et bien plus encore
Le sang, le sel se répandant gluants sur nos corps
Je pleure leur évanescence, la lente dissipation
De ces heures avant l’irréversible disparition
Qui fut ce temps de lenteurs, de grandes peurs
Peurs de s’éparpiller, de s’abandonner, d’écarter
Peurs de gaspiller, de jeter, de brûler, de sombrer
Puis de rester là seuls face à l’abîme comme ça
Impuissants avec la nostalgie frétillant à petits pas
En découpant ou fissurant le quart d’un dernier été
Jusqu’à la constellation immatérielle de l’immortalité
Oui ce fut cet instant ébloui au contour indéfinissable
Toi et moi au présent, envahissant, lisse et contraignant
Recroquevillés sous l’ombre intense du baobab adorable
Qui vint féconder l’absolu de notre errance parmi le néant
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