J’irai à la conquête de citadelles. Sous des soleils radieux et méprisants. Dans l’impertinence provocatrice. D’être transfiguré et absent. Porté par une illusion banale. Sur des terres sans hospices. Où s’éclaire un temps carcéral. Sous l’éclat jaunâtre d’un fanal. Mes pas seront lourds et pénétrants. Dans cette vase collant à mes sabots. Piétinant les viscères de mes idéaux. Sous le regard de charognards sortis de tripots. Lorgnant sur ce festin incestueux. Entre ce que je fus et ne suis plus. Gueux du néant et de son absolu. Je me noie dans leurs tourbillons. Désenchanté et sans contre façon.
J’irai à la conquête de citadelles. Sur le dernier quart d’une lune. Chevauchant l’inutile en articulant des phrases inaudibles. Pour séduire une sirène au fond d’une lagune. Irascible, elle jouera avec mes caprices, en fera des tresses. De misère, matière à alimenter un bûcher d’allégresse. Je deviendrais l’otage de ses concessions hasardeuses. Aux fruits du temps et de leurs enfants. Tous insidieux et nostalgiques, particules du futile. Cette corde tendue entre mon imagination et mon présent. Devant la porte de bois, sa main et le froid. De nos turpitudes emblématiques. Lorsque mon cœur deviendra mélancolique.
J’irai à la conquête de citadelles. Aux trésors sanguinolents et prospères. La pierre et le feu de nos silex chapardeurs. Des lumières d’un autre temps à la naissance du faon. Gracile et naïf dans la pénombre de ces bois. Hâbleurs moqués par les rondeurs d’un soleil. Noir comme les catacombes de mon âme. Pareille à la prospérité envieuse qui se pâme. D’oriflammes vertueux en tétanisant l’inexistant. Moi, qui ne suis que rien et vulgaire. Je tremble à l’évocation de ces fureurs intransigeantes et fugaces. Leurs faces hagardes et leurs hurlements de mégères. Toutes ces couleurs sanguinaires qui m’agacent…