Que reste-t-il de nos rêves imbéciles ? De cet univers mielleux et confiné. De ces poèmes aux vers avariés. De ces ciels obscurcis par une pénombre inaboutie. Avec quelques ombres stériles et flétries. Traînant péniblement entre le faux et le vrai. Accrochant leurs doigts aux ronces des haies. Délaissant sans regret les lambeaux de leur pensée. Quelques chiens égarés pour les ravir, puis les abandonner. Tombe la nuit sur notre ennui. Sans mélancolie, ni nostalgie. Il devait en être ainsi.
Je me rappelle ces turpitudes glacées. Ces inflexions joyeuses et perfides. Tes perceptions d’un monde acide. Sans parcelle de la moindre pitié. Tes pleurs pour arracher un bout de sentiment. Ces approches mielleuses, tous ces boniments. Travestis comme de faux alibis. S’enlisant dans les marais du vieux pays. Là où subsistent les spectres joyeux et irrespectueux. D’hier et d’autres temps quand se broder les secrets. Sur des draps vierges et immatures. Quand il appartenait à l’instant une symbolique. Dure et imputrescible de ne pas imaginer meilleur moment. Féerique et profondément réconfortant.
S’est imposé dans notre ciel un hiver glacé. Pénétrant par une porte mal fermée ? Apportant la fébrilité, le doute, la cruauté. Puis le silence dans une confondante absence. Tant de poussière sur nos murs de pierres. Il ne reste qu’un bout d’histoire. Que personne ne lit le soir. Que personne ne veut croire. Pas même un ermite asthmatique. Que reste-t-il de nos rêves imbéciles ? Les frétillements de projets hystériques. Les aspirations irréversibles de pâles fantaisies. Ces foutaises qui n’étaient que fadaises. S’écharpant dans le vent du haut d’une falaise.