Je m’adresse à tes langueurs. A ces moments sans heure. A tous ces petits riens qui te maintiennent. Dans la profondeur de nos jours mélancoliques. Au cœur de ces variations qui sont les miennes. Là dans ce besoin d’être laconique. Voire minimaliste sans autre espérance que l’apesanteur. De ce cocon bienfaiteur parmi les bruissements du vent.
Apparaît alors la paix. Comme si rien ne s’était passé. Dans l’étrangeté d’une forme de fatalité. Désirée et assumée, j’oserai dire espérée. Toi tu le sais. Pour l’avoir connue et rencontrée. Pour l’avoir épousée et aimée. Sans hésiter, sans discontinuer. Comme si cela avait toujours été. Ces riens, ces détails inanimés. Que nous avons enfantés et fabriqués. Fruits de nos nuits agitées, de nos matins blancs et reposés. Quand lézardaient sur l’oreiller nos fragilités, notre destiné.
Aussi, je rappelle à ton oreille les veilles de nos insomnies. Dans le phare dressé face aux tempêtes de nos cauchemars. Quand la peur était la colonne vertébrale de résistance. A la fureur de toutes ces nuits de décadence. Attendries par les humeurs de nos matins de mélancolies.
Je nargue le passé antérieur recelant nos peurs. Dans le chaos de tumultes interdits. Ceux qui nous ont conduits à fuir. Plus loin que ne s’endorment les colibris. Là où nos sens s’étourdissent à en pâlir. Lors de ces aubes blafardes sur la plaine blanchie. Par les neiges d’une nuit profonde et transie.
C’est alors que je sais que l’on s’est aimé.