Demain, j’irai vers tes silences à pas feutrés. Ces murs présents et invisibles. Aux pierres rêches et glacées. Je poserai ma main sur leur peau insensible. Sans en être surpris, car ils sont ainsi. Depuis si longtemps, depuis que je ne sais plus. Si ce présent est vrai ou subi. Hantant les méandres de ce qui fut.
Dilettantes comme une mauvaise infusion. J’essaie de me rappeler sans vraiment chercher. Pour oublier toute autre forme de protestation. En acceptant ou en refusant la réalité. Sombre, ce mystère où tout se perd. T’accompagner eut été sombrer.
Alors tu es partie seule vers tes abimes. Pensant avoir été abandonnée. Dans une douleur que tu croyais légitime. Victime d’une souffrance sublimée. Par les fêlures de ta folie. Cette terreur qui forge tes peurs. Impossibles à calmer ni même à apprivoiser. Venant morceler nos vies.
Demain, il y aura un autre jour. Un matin pale et diffus. Nos mots seront vides et nus. Violents et morts comme toujours. Demain, j’irai vers tes silences à pas feutrés. Sans force pour les affronter. Ayant dépassé toute forme de culpabilité. Déambule en moi le sentiment oublié.
Des soirées aux soleils orangés. Quand brûlants étaient nos étés. Dansant entre les étoiles du firmament. Nos souvenirs puérils et falots. Amples dans leurs habits idiots. J’ai pensé les haïr. J’ai préféré les maudire. Pour avoir été et faire regretter. Le rêve impossible de ne pouvoir se renouveler.
Et ce matin quand se posera ma main. Sur ces murs présents et invisibles. Apparaîtra cette vision divisible. De nos mondes incompressibles. Je les connais sans parapet. Jouant au-dessus du gouffre. Comme des enfants insolents. Tu en as frotté l’allumette et le souffre. Brûlant le fil te retenant. A cette vie si fragile par rapport à ta folie.