Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Luit le soleil noir de ma folie. Rouillent les vestiges de mes infinis. S’étale une langueur endormie. Ne portant plus de nom ni de visage. J’étouffe et je cris. Otage de l’emprise de cette nostalgie. Omnivore de ces mots que j’adore. Poésie, insomnie, mélancolie. Corps squelettiques et asthmatiques. D’un temps sensoriel et fusionnel. Ce peuple de mes cauchemars. Sans fard maquillés outrageusement. Avec la glaise de mes misères. Empruntée à l’hiver frileusement.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Je cours sur le fil de leurs lames. Parmi des sanglots à l’odeur d’ammoniac. Avec l’étrange sensation d’un imposteur. Prostré sous la cape de ses torpeurs. Dis-moi si encore je vis ? Mes mots ont-ils encore un sens ? Transportent-ils encore tes sens ? Je caresse l’âme et le corps de nos promesses. Comme un temps irradiant le firmament. De nos soleils brûlants et absents. Alors qu’il ne me reste qu’un compromis. Pactiser avec ma nostalgie.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. S’abat le rideau d’un mélodrame. Dans le reflet d’un verre de cognac. Tête lourde j’en goûte l’ivresse. Me baigne dans ses saignements. Passionnément tandis que se dresse. L’étendard de nos jours sans phare. J’erre sur l’échiquier de nos jeux abolis. De case en case sans repère. Ainsi sera posé notre présent immobile. Cette statue de nos âmes fragiles. Nues au froid et au vent de nos boniments. Parle-moi de nos mondes ? De cette terre féconde. Économe de ce présent qui gronde.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Frissonnent et se balancent dans un hamac. Les peurs et le tohubohu infâme. De nos cœurs qui s’égarent dans un labyrinthe. Parmi les noirceurs de nos amours éteintes. Un océan aux vagues corrosives. Qui fabriquent ces douleurs excessives. Avec le sel posé sur nos plaies ouvertes. De nos regrets, de nos découvertes. J’irai dans le mois de mai cueillir le muguet. Dans la forêt vierge de mes erreurs. Pour t’offrir comme première lueur. La fragilité et la douceur enflammée. Du sang de leurs pétales immaculés.