Dans une nuit froide et sans bruit. Il était une fois au fond des bois. Deux sceptres solitaires et amoureux. Se chamaillant, s’enlaçant. S’enrobant du voile laiteux. D’un brouillard épais et facétieux. Désireux de les séparer. S’aidant de la complicité de mauvaises fées. Jalouses de les voir s’aimer. Le poison de la distance s’insinua. Là, peu à peu ils se trouvèrent désunis. Furtivement il en fut ainsi. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y eut au fond des bois. Deux spectres solitaires et amers. Errant transis et aux abois. Semant la terreur, appliquant leur loi. Leurs âmes n’étant que peine et souffrance. Endurant cette dépendance. De l’un à l’autre dans une forme absolue et irréversible. Sensibles avec une rage farouche. Ils cherchaient à se retrouver. Rêvant de cet instant où ils se touchent. Les yeux ouverts, le charme envolé. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y a au fond des bois. Des hurlements d’effroi. Loups sanguinaires, ils sont devenus. Attirés par le sang, une gorge nue. Ils ont tout perdu. Leur foi, leur joie. Trouvant dans leur solitude infinie. L’ivresse des mirages de leur folie. Réduisant leur vie à de l’ennui. Au cœur d’une nuit froide et sans bruit.