Partir sans se retourner. Marcher sur la crête des vagues. Monter, descendre, sans se noyer. Juste s’éloigner. Porté par le souffle du vent. Transporté par le bruit de l’eau. Regarder le vol des mouettes, plongeant dans l’écume glacée. Aimer la tempête qui s’est levée. Fermer les yeux pour ne plus voir. Ne plus chercher à savoir. Flotter pour s’en aller. Sans direction, sans hésitation, sans question. Laisser derrière soi le bon, le mauvais. Ne plus rien attendre, ne plus chercher à entreprendre. Juste voguer, se laisser porter. Sentir le calme naître. Pour avoir la sensation de renaître. Être bien. Dans un soir ou peut-être dans un matin sans lendemain. Fuir loin. La seule force du destin. L’avoir compris presque trop tard. Aux portes du désespoir. Pour s’être perdu dans le noir. Pour s’être fourvoyé au bout d’un chemin de hasard. Se laisser ballotter. Se laisser dériver. Plonger dans l’eau pour se laver, se nettoyer. Pour tout effacer. Pour un jour s’échouer. Dans un autre monde où tout est à créer. Sur une plage abandonnée. Sur une rive ensoleillée. Avec l’inquiétude de ne pas avoir conservé en soi les affres du passé.