Je t’ai accompagnée au pied du glacier en ce lieu magique où de l’autre côté du mur blanc le soleil ne se couche jamais. Il ne fait pas froid. Il n’y fait jamais froid. Le soleil flotte au-dessus de la barrière blanche fixement accroché entre les montagnes. Il en a toujours été ainsi. Son éclat est vif, sans être aveuglant. Tendre les mains, chercher à l’attirer à soi, l’envie est si tentante. Tu me racontes l’histoire de ces hommes qui ont voulu aller voir de l’autre côté le soleil et ce monde qu’il illumine. On a tenté de les en dissuader. Mais, ils étaient si obstinés. Partis, ils ne sont jamais revenus. Pour se consoler, certains pensent qu’ils ont trouvé un pays merveilleux où la chaleur, la douceur s’unissent leur offrant le bonheur. Je veux bien le croire mais est-ce raisonnable ? Cela nous conduira à vouloir escalader le glacier, se jouer de ses crevasses. Es-tu prête pour ce voyage sans retour ? Tu m’as dit que là-haut entre les montagnes sommeillent des monstres, des démons, gardiens de ce territoire merveilleux. Sommes-nous prêts à les défier ? J’en doute. Tu aimes ce qui brille. Moi pas. Pour m’éviter une cruelle désillusion, je préfère croire que de l’autre côté du glacier le soleil est brûlant, que ses rayons ne sont que souffrances. Tu vas détester mon pessimisme, je le sais. Tu réagis toujours ainsi. Mais nous sommes encore en vie…