Infernal
Il n’y a d’infernal que la versatile vérité
Toi aux dentelles noires, aux enfers colorés
Ombre de mes cauchemars fragmentés
Errant au-delà des parapets de l’immortalité
Je te parle, je t’implore, j’évoque le sort
En talisman d’une érosion qui nous mord
Je lis pour toi ces écrits sur un marbre fissuré
Ils sont les fragments d’une obsession amplifiée
Dans une aube aux contours sombres et avinés
Je la regarde briller et dans le firmament s’élever
Lire la suiteÀ jamais immobiles ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’un état extatique aux formes amoindries
Cette eau échappée d’une cavité, un talisman
Entre les doigts d’un dieu, presque un enfant
Immature face à nos rebellions, souviens-toi
Lorsque nos tremblements éveillaient notre foi
Dans l’instant, ce paravent au vice de la fatalité
J’ai en moi cette porosité de t’aimer, de t’admirer
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Lassée de nos variations, polies et arrondies
Nos silences, leurs cris, la rédemption
D’une fatalité aux os effrités, aux rires effacés
L’offense de violer le sanctuaire d’une exception
Banalement en avilissant nos concessions au sacré
Stupidement pour exister avec le plaisir de haïr
Jusqu’où irons nous pour encore frémir et rugir ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une particule, d’un effleurement imperceptible
D’un tout, d’un rien, sur un papier tracé au fusain
Par le prétexte de fusionner, de devenir inaccessibles
Nous effaçant en validant les suppositions d’un devin
Elles entailleront nos certitudes, écriront la fatalité
Émotionnelle de nous perdre dans le labyrinthe violet
Dis-moi si peindre hier donnera une couleur à nos enfers ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une mélodie, cette folie rageuse comme une anxiété
Un abîme aux tréfonds de nous, fous de cette vérité
Violente, irrationnelle, vertueuse, quasiment vénéneuse
La magie d’un tremblement, la métamorphose heureuse
De nos fantômes qui séduiront des nonnes aphones
Danseront avec elles sur une musique qui cartonne
Pourquoi leurs effusions resteront-elles sans passion ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Sans rancœur, le soir à la lumière d’un bougeoir
Témoin d’une infortune, sans rien, ni même avoir
Courir pour ne pas être vu, s’effondrer, s’assoupir
Par instinct, avec l’esprit de survie, ne pas mourir
Explorer l’inutile, lui donner un sens, une idée majeure
Maintenant à toute heure, j’attends encore cette lueur
Existe-t-il un lieu où nous resterons à jamais immobiles ?
Lire la suiteL’éloge du néant
Quand s’échappe le vide entre nos mains
Lorsque sur le derme ne subsiste que le néant
S’étendant jusqu’aux frontières du lendemain
Qu’irrémédiablement s’endort le souffle en dedans
Assure-moi que nous resterons immortels
Que nous hibernerons intensément fusionnels
Dans le labyrinthe de notre cheminement
Parmi les riens de nos matins benoîtement
Lorsque le blé de nos humeurs sera moissonné
Et que notre humanité s’éparpillera mouchetée
Vers les contreforts de cimes cristallisées
Je ressens leur froid se répandant en moi
Comme le vent s’enroulant autour de la croix
Versatiles sont les explorations de nos impossibles
J’ai l’ignorance, cette incapacité de l’indisponible
Pour rester droit et franc face à l’irrépressible envie
De réécrire une histoire, peut-être même notre vie ?
Avec des ajustements, des variables infinitésimales
Comme si ces détails avaient une valeur maximale
Écart entre le passé, le vrai, demain, un autre destin
Faille d’une profondeur abyssale traçant le ravin
Entre hier et maintenant, je frémis face à l’immaturité
De ce nécessaire inutile qui caractérise nos infirmités
La mélancolique errance tracée sur une toile vierge
Deux silhouettes sans corps, se consumant sur le cierge
D’une immortalité désuète, aux aurores carcérales
L’emprisonnement de la répétition sans repère cardinal
Où sont enterrés les héros de nos existences fanatiques ?
Dans le trémolo lénifiant de propos dithyrambiques
J’entends le requiem de nos promesses inabouties et
Je m’endors sur nos étés fabriqués avec une pudeur contrariée
Lire la suiteLes ombres
Je pourrai aimer les ombres crépusculaires
Leur donner un nom à l’emporte pièce
Comme une pantonyme stupide et fière
Spectateur devant elles d’un absolu d’espèce
Dans une variation inaboutie de notre ennui
En transhumance parmi un désert infini
Ces nuits où s’éteignent les bougies
Dans un souffle las, nos nuits à petits pas
Et si les rêves s’exfiltraient dans un imaginaire ?
Je saurais les retrouver sur d’autres terres
Là où vécurent les dinosaures de notre passé
Tu sais ces incertitudes toujours pressées
Lorsque nos cœurs battaient prestement
En s’unissant dans les tempêtes et dans le vent
Je vibre encore un peu, insuffisamment
Il me reste si peu, des détails, une faille
Profonde, ciselée comme une entaille
J’en lèche le sang dans un aboutissement
Où sont les ombres d’hier, crépusculaires ?
Cachées, effacées ou simplement s’endormant
Sur le lit de feuilles mortes, ce tapis de l’amer
Sur la langue, alangui, dans un frémissement
J’irai narguer l’inutile, toujours, encore cette fois
Cette carapace frigide en souvenir d’autrefois
Perdu dans l’immensité, voyageant sur un traîneau
Vers l’aube avec le poids abyssal d’un fardeau
Celui de nos compromis affadis et racornis
Rouges à jamais seront les fossiles de nos vies
Lire la suiteFolie
Il y a dans notre torpeur
Les signes inquiétants
D’une fêlure, d’une peur
S’alimentant sournoisement
En avalant les jours et les nuits
Dans une lente agonie de gris
Cette ombre tentaculaire
Qui sur nos têtes s’agglomère
Je bois tes paroles anciennes
Toutes encore sont miennes
Vides, nauséeuses, atomiques
Tu parlais de néant à venir
Avec cette idée de pathétique
Comme si nous étions sans avenir
Aujourd’hui je crois en cette folie
Lire la suite