Quarantaine. Jour 45. Regards
Nous avons avancé à petits pas. Tu venais me voir plus souvent. Nos regards se croisaient plus longuement. Je sentais ma poitrine se soulever doucement, respirer avec application ces moments privilégiés. Tu essayais de me parler de tes yeux, je m’attachais à y répondre. Dans un accord silencieux et merveilleux. Je me souviens de ces instants comme d’un temps joyeux.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 44. Fragilité
Puis un jour…
J’ai croisé ton regard. Longuement. Tu avais le temps ou tu l’as pris afin de lire dans mes yeux autre chose qu’une simple observation clinique. Tu en as étais surprise. J’ai vu ton corps légèrement tressaillir. Comme si soudainement tu sortais de ton univers habituel. Pour devenir plus humaine ou simplement plus naturelle ?J je l’espérais. Que pourrions-nous partager sans cette fragilité humaine qui doit nous habiter ?
Nous ne sommes pas que des êtres d’éprouvettes.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 43. Philosophie
Parfois, tu m’observais en restant silencieuse. Je ne savais pas comment me comporter ? Ton regard me perturbait, m’interrogeait. Étais-tu heureuse, inquiète ou juste prudente ? Ce regard m’a longtemps glacé. Ensuite, tu n’as plus été la même, devenant distante moins présente. Nos temps se sont écourtés pour finalement s’arrêter. Je me suis souvenu de tous ces textes de philosophie que j’apprenais à la chaîne, ces logiques qui devenaient les miennes. Toutes ces interrogations sur l’homme et son devenir ?
Aucune ne m’a expliqué ton départ.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 42. Vaine
C’était hier soir quand l’idée du lendemain me portait peine. Avec l’incertitude d’une autre journée vaine. J’aurais pu être emporté dans le tourbillon de multiples projets. Avoir une existence passionnante et trépidante. Me perdre dans des problèmes insolubles et monstrueux. Me donner la certitude d’être important, exigeant, omniprésent. Être vu et faire trembler d’un regard d’un battement de cils et mieux encore laisser l’ombre de mon absence instiller le doute et la crainte. Je pourrais être le pouvoir d’un royaume invisible à forte variation budgétaire en courbes XXL sur un écran de verre. Artiste du virtuel, entrepreneur d’un espace castrateur où mes sujets seraient à mes pieds.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 41. Nuit
J’irai me promener cette nuit. Dans les rues vides aux lumières tamisées de couleurs orangées. J’aime la pierre des maisons, l’abrupt fondateur de leurs limites au regard qui viennent canaliser toutes formes de peurs. Je me sens vide. J’apprécie ce sentiment lancinant. Il se répète à chaque pas, berce mon ennui. J’aime la nuit. Elle fait partie de moi. Je l’aime comme un bouclier invisible. Elle me protège du bruit, des fureurs, de l’agitation qui se répand le matin lorsque je m’éveille, le chat sur la poitrine. Il a dû s’endormir lorsque je me suis assoupi cette nuit.
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