Ne me quitte pas maintenant

Ne me quitte pas maintenant avant que le soleil ne se soit couché. Que le ciel ne se soit embrasé. Ne me quitte pas. Ce n’est pas le moment maintenant ou jamais. Reste là à imaginer que rien ne disparaîtra. Que nous resterons figés devant cette soirée qui ne s’achèvera jamais. Je te le jure, te le promets, c’est l’unique vérité. Ne me quitte pas. Pour aller où, que rechercher, ici ou ailleurs sans jamais le trouver ? Alors qu’ici-bas. Il y a le silence, les silences, nos pas de danse. Tournoyer autour du foyer sans se brûler. Jouant avec les étoiles qui bientôt vont se dessiner sur la voie lactée. Tu pourras tendre la main, les attraper. Ne me quitte pas maintenant. Nous avons tout le temps. Avant l’obscurité, tous les ans. Qui viendront se briser. Sur cette bulle où nous pourrons nous abriter. Pendant que le monde continuera de tournoyer. Se saoulant à des vins frelatés. Gueule de bois assurée. Ne me quitte pas maintenant. Il nous reste tant de choses à inventer, de nouvelles façons de s’aimer. Doucement, on a tout le temps. Je te le promets. Où irions-nous nous abandonner, pour qui rencontrer, sans jamais se rassasier ? Avec la certitude d’être dévorés par des carnassiers qui n’en ont jamais assez. Laissons-leur tous les paniers, tous les billets, dansons sur la voie lactée. Là où ils ont peur de tomber. Ne me quitte pas maintenant. Suis la boussole que tu as dans le cœur. Ton unique valeur. Elle te guidera vers le firmament. On n’a pas besoin de courir. Nos soupirs ne battent pas des records. Ils n’ont que le désir d’habiter nos corps jusqu’à la mort. Ne me quitte pas maintenant. Alors que s’endort le jour. Lentement. Que la nuit va arriver. Sur la terre, les labours. Nos yeux fermés à écouter bruisser un vent. Venu nous porter sur les plaines, les sommets. Aussi loin qu’il n’y aura pas de fin. Sans autre exigence que ta main. Posée dans la mienne. Ne me quitte pas maintenant. Dans une fuite vaine. Qui t’épuisera assaillie de remords. Ai-je tort ? Je te connais. Même si tu peux encore me cacher. Ton choix de me quitter. Me vois-tu trembler à cette idée ? Ce n’est pas du chantage. Je suis juste otage. De cette nuit qui arrive, de la peur de l’affronter seul comme toutes les autres. Je fais un drôle d’apôtre qui dans ses contradictions se vautre. Je nage, je coule, panique à l’idée de te voir devenir autre. Que puis-je te dire d’autre ? Ne me quitte pas maintenant…
Lire la suiteUne indolence lancinante

Imprégnées de la mort lente du jour. Entre des arbres planant sur les labours. S’étirent les racines tentaculaires. Qu’une nuit porte en bague à l’annulaire. Dans le froid hagard d’un soleil blafard. Emportant transit le monde et sa mélancolie. Tu vas le regard teinté d’une dernière clarté. Alors que bruissent les murmures des ogres et des fées. Portant tes pas dans la vaste forêt où tu t’es abandonnée. Plane la musique angoissante d’une indolence lancinante. Répétitive qui avive la plaie de la fatalité. Saignant à l’heure de la réconciliation forcée entre le jour et la nuit. Instant où vibre ta mélancolie. Avec cette délicieuse sensation de l’abandon. Teinté d’une peur, de tant de bonheurs sans savoir lequel est le meilleur ? S’enfuit le temps que tu sens. Entre tes doigts dans l’émiettement. Du silence absorbant les dernières vapeurs. D’un jour qui se meurt. Il n’y a plus d’heure. Juste les yeux fermés, les bras tendus, les doigts écartés pour essayer d’attraper les dernières humeurs. Attendries. D’une journée qui s’enfuit. Imparablement. Imprégnée de la mort lente. D’avoir été insouciante parfois indolente. Tu vas le regard capturé par le reflet d’une dernière clarté. Avec l’envie d’attendre la nuit. S’enlaçant pour toujours entre des arbres planant sur les labours. A l’infini. Tu aimes cette tristesse qui t’oppresse. Avec la promesse. De déambuler entre les ombres jusqu’à la fin de la pénombre. Sans chercher à savoir s’il existe meilleur. Car tu n’as plus peur.
Lire la suiteDe verres en verres

De verres en verres à refaire une nuit dans l’éphémère d’un goût de bière. Au bord des larmes et des relents amers plus forts qu’une promesse la dernière. De se laisser endormir par la douceur d’une mélancolie. Voyageant dans l’ivresse et sa tendresse. Une tentation, une faiblesse. A quelques centimètres de l’envie. De t’embrasser sans savoir si c’est la vérité ou la simple idée. D’avoir peur de finir la nuit seul dans les bras des fantômes de l’ennui. Faudra-t-il te mentir pour cacher ce vrai désir ? Quitte à frémir. Prêt de toi. Les yeux langoureux. Au fond de toi. Heureux ou malheureux. Cette idée me tente, me hante. Effleurer ta main sans voir ton regard se contracter. Lentement, doucement en hésitant pour savoir. Si c’est la bonne idée de continuer. Sans te voir t’en aller ou refuser. De verres en verres à refaire une nuit dans l’éphémère d’un goût de bière. En ayant passé le stade des bonnes et des mauvaises manières. Dans le pub vide. Nous deux au bord du vide. A aimer cette idée de perdition sans autre contrefaçon. Que de sauter ensemble sans chercher la raison. Tombant ou s’envolant dans l’ivresse d’un bout de tendresse. Sans heure, ni repère avant demain. Il nous reste une fin de nuit sans autre destin. Les yeux clos. Pour qu’il soit plus beau. Sans mots. Pour qu’il n’y ait pas de traces. Pas de future, que tout s’efface. En faisant durer l’instant indéfiniment. Le retenant du bout des doigts, imperceptiblement. Au bord des larmes et des relents amers plus forts qu’une promesse la dernière. De se laisser endormir par la douceur d’une mélancolie. Voyageant dans l’ivresse et sa tendresse. Une envie. Une tentation, une faiblesse. Que je confesse, que je t’adresse.
Lire la suiteIl y a dans ta bouche le goût sucré des bonbons de ton enfance.

Il y a dans ta bouche le goût sucré des bonbons de ton enfance. Le temps passé à choisir les couleurs, les saveurs. En rêvant de chewing-gums, de bonbons péteurs. Croqués à tout moment, à toute heure. Avec la joie et le bonheur de te sortir de ta torpeur. Comme une drogue qui tangue, balance. Tu as dans la bouche le goût sucré des bonbons de ton enfance. Mangés en toute innocence. Chassant tes craintes, tes peurs. De ces longues nuits d’errance s’étirant à l’infini. Plus loin que les ombres ne se meurent. Tard à la lisière de tes cauchemars. Tu marches dans les rues sombres à la recherche de cette odeur. Sucrée, rouge, bleue, jaune de toutes les couleurs. Les yeux rivés sur des bocaux. Où dorment des bonbons en forme de lionceaux. Dans leur peau, tu vas planter tes crocs. Il y a dans ta bouche le goût sucré des bonbons de ton enfance. Un soupir, un appel, un désir. Assoiffée comme un vampire. Tu traînes dans les rues sombres à la recherche de ces odeurs. Réveillant tes sens, alimentant ton errance. Croquant à tout moment, à toute heure. Comme une drogue qui tangue, balance. Ces petits lambeaux sucrés pour calmer tes fureurs. La salive au bord des lèvres. Pour éteindre tes fièvres. Remède à ton anxiété sans jamais effacer ce souvenir du passé. La première fois, ce goût sucré du péché, entré en toi pour t’enflammer. Avec le besoin chaque nuit de le retrouver. Comme une drogue qui tangue, balance. Il y a dans ta bouche le goût sucré des bonbons de ton enfance. Tu erres entre les zones sombres de ta conscience. Tiraillée par le besoin de communier à cette offense. Pour mieux pénétrer, exposée sous la lumière artificielle. Et te damner, le sang dans la bouche, fusionnel. Le bonheur qui chasse le malheur. Avec l’apaisement d’une dépendance. Le goût sucré des bonbons de ton enfance. Dans ta bouche, se glissant, en apportant le temps d’un moment l’endormissement de tes tourments.
Lire la suiteUne fleur

Par où commencer, comment enchaîner ces phrases répétées, mortes avant d’être nées ? Avec cette ritournelle d’aimer, qui revient sans cesse, qui s’emmêle. Hésiter, se demander, troublé, angoissé si c’est la bonne idée ? Une fleur pour séduire, conquérir. Une guerre à remporter contre l’incertitude, le désir. Un combat sans arme avec le risque de mourir. Frappé d’un coup invisible, né de la fatalité. De ne pas arriver à s’aimer dans l’océan troublé d’un quotidien tourmenté. Attendre, un rien, une fleur à cueillir. Pour se rassurer, influencer, un cœur à ouvrir. Avec cette angoisse de ne pas savoir le dire. Par où commencer, comment enchaîner ces phrases répétées, mortes avant d’être nées ? Qui reviennent imperturbables comme le refrain. D’une chanson maudite se répétant en boucle chaque matin. Portée par la voix nasillarde d’un mauvais lutin. Une fleur pour conjurer le sort. Rouge sang, liquoreux, presque noir. Pour redonner l’espoir avec l’incertitude de pouvoir enfanter le désespoir. En avançant dans ce corridor aux portes fermées. D’une vie où ne bat que l’amour. Aussi fragile qu’une fleur se dressant têtue. Belle et sans retenue le temps de quelques jours. Née pour être désirée et vue. Apportant la tentation de la cueillir. Afin de préserver ce qui pourrait mourir. Dans la mélancolie d’une vie aux rêves infinis. Qui chaque jour se ternissent dans l’oubli. Par où commencer, comment enchaîner ces phrases répétées, mortes avant d’être nées ? Avec cet ultime but d’endiabler un passé qui ne demande qu’à se réveiller.
Lire la suiteLes couleurs de notre crépuscule

Les vagues qui brillent devant un ciel désenchanté. L’eau qui vibre, frissonne. Les nuages s’entortillant en danse saccadée. Le tonnerre qui résonne. Sur les couleurs de notre crépuscule. Noires, bleues, argentées. C’est ainsi que je l’avais imaginé en teintes majuscules. Avant, après de nous être séparés. Imperceptiblement, étirés par la fatalité. Émiettés de s’oublier. Éparpillés de s’envoler. Kidnappés par ce vent mauvais. S’effilochant au rythme du temps. Portant les accents déchirant d’une boîte à musique. Où tourne constamment. Pathétique. La ballerine d’une infirme routine. Lancinante, anesthésiante. Que nous avons trop croisée. Au point de l’adopter. Sans se rendre compte qu’elle nous séparait. Apportant l’endormissement. Le poison réconfortant de faire semblant. D’encore se passionner ou bien de s’émerveiller. Pour des futilités. Qui ont fini de nous lasser. Nous poussant à faire la bascule. Sur les couleurs de notre crépuscule. Noires, bleues, argentées. Sombres comme les yeux de ce chien. Le seul qui nous retient en nous léchant la main. Un trait d’union pour presque rien. L’image effritée d’un rêve embaumé. Un soir, une nuit sur une mer aux couleurs de notre tombe. Le rideau qui tombe. Devant la barrière du temps brisant la frontière. De nos guerres. Anciennes, rabougries qui nous ont tant fait bouillir. A se battre, à se combattre. Pour finalement faillir puis se maudire. Teintant les couleurs de notre crépuscule. Noires, bleues, argentées. Où il est impossible de faire miroiter. Ces rouges vifs du temps où l’on s’aimait.
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