Un premier matin

Une pesanteur, une lenteur. Un premier matin. Un geste anodin. Posant des couleurs. Sur la toile du monde. D’une imagination féconde. Blanche, gris alangui. Sur les verts et les dévers. Sur les têtes des arbres. Coupantes comme des sabres. Dans le coton d’un brouillard. Se levant tard. Il y a le silence obsédant qui s’étend. En ombre sur les zones sombres. Notre vie, nos regards, si proches. Plus solides que la roche. Se renforçant chaque jour. Sans autre approche. Que de s’aimer toujours . Sur la terre et le monde. Les vagues d’une onde. Sans ravage, ni carnage. Noyée dans les bois et les forêts. Veillant aux aguets. De ne pas s’égarer. Sur des chemins sans lendemain. Teintée du gris. De matins transis. Quand on a mal dormi. Tristes et fades. Au bout d’une ballade. Quand les mots s’enchaînent. Entraînant la peur et ses chaînes. Sur la partition d’une ancienne révolution. Le sang qui coule à profusion. Putréfié, noir sous les arbres. Les cris des corbeaux. Une danse macabre. Sur le sol des tombeaux. Des couleurs passées. Un rêve oublié. Les teintes d’un premier matin. Sans ombre sur la terre sombre. Un soleil irradiant la nuit. L’idée qui s’enfuit. Une odeur de vomi. Cet avenir ranci. Des couleurs tristes et pales. Portant le mal. D’une pesanteur, une lenteur. Coupable d’être incapable. D’imaginer un été en hiver. Un ciel bleu en enfer. Entravé par cette incapacité. De se projeter plus loin que la fatalité. Oubliant qu’aimer est source d’éternité. Avec cette folle humeur. De créer les teintes d’un monde. Où les couleurs seront vives et majeures.
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Si tard en ce soir de fête

Il y a ce chant, une berceuse. Ses paroles heureuses. D’une fenêtre envolées. Jusqu’à nous tombées. Au cœur d’un été. Dans une rue de Vienne. La grande autrichienne. Égarés dans les vapeurs. D’une nuit et ses chaleurs. Lentement et en douceur. Les yeux fermés. Marchant sans se presser. Pour mieux gouter. Le plaisir d’aimer. Se toucher. Romantiquement, tendrement. Devant les lumières. Sous les voutes de pierres. Furtivement, désespérément. Avec l’attirance. D’une irrésistible dépendance. La force de briser l’écorce. De violer toute résistance. Fatalement, diaboliquement. Nous, jusqu’au bout. D’une nuit, ses mélancolies. Il y a ce chant, une berceuse. Ses paroles heureuses. Nos âmes vagabondes. Sur la terre ronde. Arrachant d’un piano. Les larmes de trop. Qui font naître nos peurs. Égarés entre douceur et terreur. Sur les rives du Danube. Toi et moi qui titubent. Sous l’iceberg de notre ivresse. Laissant flotter nos faiblesses. Dérivant au cœur d’un été. Dans une rue de Vienne. La grande autrichienne. Avec nos fragilités. Cette sensibilité. La violence de nos émotions. L’immense pression. De ressentir ce désir. Nos corps qui s’attirent. Il y a ce chant, une berceuse. Ses paroles heureuses. Parlant d’avenir, de grandir. De jours lointains. En ne pensant qu’à demain. Sans aller à plus loin. Au-delà n’existe pas. Une vérité sans projet. Un amour sans rigueur. Qui engendre nos peurs. Mélangeant douceur et terreur. Sur les rives du Danube. Toi et moi qui titubent. Cette nuit, sa mélancolie. Le brouillard dans nos têtes. Si tard en ce soir de fête. Avec ton être qui m’entête.
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La longueur de nos nuits

La longueur de la nuit respire la langueur de notre essence. Sur les murs s’émiettent nos ombres dans tous les sens. Éprouvées d’errer sur la terre et dans les airs. Ne trouvant plus d’image dans les reflets du passé. Troublé, doucement ourlé. Sur le trottoir traine le pas lent de passants. Je t’entends me susurrer tendrement. Sommes-nous encore vivants ? Écoute le vent, regarde devant. Les lumières de la nuit. S’étendant; toi et moi marchant vers l’infini. Sans but, ni envie. Juste envahis. Par la lune, le froid nous recouvrant. Rappelle-toi les rayons du soleil. Leur chaleur, le vol des abeilles. Cette douceur cuisante, ensorcelante. Il reste des mots pour entretenir le souvenir. Sans le ressentir. C’était bien. Mieux que nos ombres blotties et transies dans la pénombre. Tu te souviens ? Nos réveils, la brume dans les champs, la langueur de chaque matin. Baigné de douceur, de torpeur. S’étirant jusqu’à plus d’heure. C’était bien. Il y a longtemps. Je te mens. Je ne me souviens plus de rien. Ne reste que nos ombres s’émiettant sur les murs. Toutes ces choses dont je ne suis plus sûr. Le vent, la pluie, la couleur de tes yeux, l’odeur de tes cheveux. C’est trop loin. Sommes-nous encore vivants ? Je peux te parler de la Belle au bois dormant. Faire semblant tendrement, amoureusement. Gagner du temps. Sur la nuit prochaine, les suivantes, avant que ne revienne. Sur le trottoir le pas lent des passants. Nos ombres s’érodant en répétant le chemin lassant. De ne plus savoir si l’on peut croire. En nous, en ces possibles matins chassant nos ciels noirs. Sommes-nous encore vivants ? Je ne le pense. Victimes d’une terrible sentence. Où la longueur de la nuit respire la langueur de notre essence.
Lire la suiteDes perles de pluie

Demain, au petit matin. Nous irons cueillir des perles de pluie sur les eaux gelées d’un lac oublié. Plus loin que les sommets de montagnes enneigées. Là où sommeillent les loups au bout du bout d’un ciel étoilé. En cet endroit où la terre est plate et s’achève par un vide infini. Nous sauterons vers cet autre sol où naissent les perles de pluie. Dans le cocon de nuages verts et alanguis avec cette terrible envie. De tomber sur des champs aux herbes rouges et bleues. Là où l’on s’étendra tous les deux. En changeant les couleurs des cieux d’un simple vœu. D’une baguette dessinant le merveilleux. Dans ce pays où les arbres seront jaunes et chamarrés. Se métamorphosant tout au long de la journée. Il suffira d’un regard, d’une pensée. Pour les voir se transformer au gré de notre volonté. Ensuite, nous irons nous perdre dans la vaste forêt. Recouvrant cette terre imaginaire. Il n’y a pas de mal à croire qu’on peut le faire. Cela nous apportera peut-être plus d’audace. Pour donner des couleurs à nos jours qui s’effacent. Prend le pinceau, trace sur la toile des teintes tenaces. Qu’elles soient vives et belles, qu’elles nous rappellent la fragilité des choses essentielles. Comme cette fusion passionnelle. Nous amenant en cet endroit où la terre est plate et s’achève par un vide infini. Avec ce rêve inabouti. D’aller cueillir des perles de pluie sur les eaux gelées d’un lac oublié. Que nous avons cherché. Que nous n’avons jamais trouvé. Sans regret. Sans larme venue s’écouler. Dans ce pays où les arbres sont jaunes et chamarrés. Sur cette terre imaginaire où nous sommes venus nous abandonner.
Lire la suiteUne promesse amère

Il y a cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Les couleurs teintées de sang balayant le jour s’endormant. L’eau s’étalant jusqu’aux pieds du firmament. Le ciel en lambeaux, les nuages se prosternant. Juste derrière cette barrière obstruant. Tes jours, tes nuits, que jamais tu ne franchiras. Bloquée par ce manque d’envie que tu transportes affadie. Chaque matin tu restes là. A te dire que maintenant tu oseras. Faire le premier pas. Pour t’enfuir, laisser derrière ton ennui, rugir et frémir. En allant ailleurs chercher ce bonheur. Un bout d’espérance loin des odeurs rances. Où marches tes pas lourds et las. Tu as cette force de fendre l’écorce. Tu avances guerrière et fière. Survolant tes peines, ta peine. Tu franchiras ce mur d’un pas agile et sûr. Il n’y a rien de dur. De laisser les lourdeurs et les lenteurs. Qui alimentent tes peurs, tes frayeurs. Tu le reportes à tout à l’heure. Chaque fois, comme si c’était ta loi. D’être lasse et de porter le poids. De l’impuissance sans aller jusqu’au bout de tes espérances. Fabriquant cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Pourtant, il te suffirait de te laisser emporter. Par ta volonté, toutes ces idées venues en toi germer. Et de planer, planer jusqu’au bout de ton éternité. Prenant en main ta destinée sans céder à la fatalité. D’être effacée, cachée. Portant une honte imposée. Alors qu’il te suffit de te réveiller. De regarder le soleil se coucher. De voir le ciel s’enflammer. De te laisser caresser. Avant d’être emportée. Au-delà de cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Pour construire un ailleurs vierge de tes peines et de tes douleurs. Que tu bâtiras pas à pas. En ne reproduisant pas les erreurs du passé. Comme cette idée de t’oublier. S’imposant à toi au fil des années. Pour avoir perdu le fil de ta volonté. Ce soir tu te lanceras; tu l’as juré. Pèse sur toi trop de fatalité. La soumission, l’abandon font partie de ta raison. Pour te tromper tu te diras que demain. Tu franchiras enfin. Cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Ce n’est qu’une promesse amère. Il est écrit que tu vivras toujours derrière cette barrière.
Lire la suiteUne nuit sans lune, ses brumes chuchotant

Une nuit sans lune, ses brumes chuchotant. Un jour de novembre dans la pluie et le vent. Les humeurs du jour se dissipant. Coulant dans la vallée doucement. La nuit s’installant. Slalomant entre les roches. S’ébruitant en murmurant toute proche. Colportant les rumeurs de fantômes s’endormant. Le bien et le mal se diluant. Dans la pénombre s’installant. En rampant. Toi et moi, faisant semblant de croire au prince charmant, aux fées, en un ciel étincelant . Un piano chahutant. Les blanches et les noires leurs remous bouillonnants. Absorbant les feuilles d’arbres pleurant. Les couleurs d’un été brûlant. La nostalgie se diluant. Dans les eaux emportant. Nos rêves d’enfants. Devenus conscients. Qu’ils étaient morts en naissant. Sans amertume partis lentement. Sur la rivière en flottant. Toi et moi, faisant semblant de croire au prince charmant, aux fées, en un ciel étincelant . Nous étions grands. Forts et résistants. Oubliant imparablement. Nos rêves d’enfants. N’ayant plus le temps. De voir les choses autrement. Si ce n’est qu’en acceptant. Un monde différent. Subissant ses affrontements. Sans comprendre son fonctionnement. Parfois se réfugiant. A l’abri d’une nuit sans lune, ses brumes chuchotant. A la rivière, à ses eaux s’éloignant. Doucement. Avec ces questions revenant. Et si on avait le temps ? Pourrions-nous retrouver nos rêves d’enfants ? Toi et moi, sans faire semblant de croire au prince charmant, aux fées, en un ciel étincelant. Mais nous sommes grands. Nous éloignant, glissant entre les arbres et le temps. Comme la rivière s’échappant. Sous une nuit sans lune, ses brumes chuchotant. Il n’y a que les enfants qui rêvent en s’endormant.
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