Chienne

Chienne. Tu prends toute la place. Ne laissant rien en place. Provocatrice, dominatrice. Les yeux fermés. Les oreilles écartées. Le ventre à l’air. Étrange hôtesse. Mendiant des caresses. Ses drôles de manières. Vautrée sur le canapé. Abandonnée, ensommeillée. Tricheuse, paresseuse. Tentatrice, calculatrice. Chienne. Espérant que l’on vienne. Lui dire qu’elle est la plus belle. Flattant, encourageant. Ses poses artificielles. De top model. Étalée sur le canapé. Grognant en rêvant. Grommelant en se réveillant. Dévorant des gamelles. Comme des pots de miel. Roulant des épaules. En totale contrôle. Chienne. Ton regard sombre. La démesure de ton ombre. Ce désir que tu retiennes. Cette force qui t’habite. Grosse boule de dynamite. Nous sommes de mèche. Mes doigts que tu lèches. Enjôleuse, capricieuse. Exploitant mes faiblesses. Tes poses de diablesse. Intemporelle, cruelle. Irritable sans raison. Adorable sans contrefaçon. Tu navigues de mes pieds. Au canapé. Chienne. Jusqu’à la prochaine balade. Épicurienne. De nos promenades. Traquant les mulots. Courant après les oiseaux. La tête dressée. Les yeux aiguisés. Jouant les gardiennes. Magicienne. Devinant mes envies, nos rires, nos délires. Tu prends toute la place. Ne laissant rien en place. Chienne. Je t’aime adorable vaurienne.
Lire la suiteCapitaine de ton coeur

Capitaine de ton cœur, les soirs quand tout va mal. Que plus rien n’a de sens. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Mon carburant, mon essence. Nous deux plus loin que nos cœurs n’osent. Dans le couchant du soleil sur la baie. Là où ton âme se pose. S’amusant, provoquant. Les dieux, les diables, leurs deux pieds à danser dans l’eau. Se détestant, se lançant des gros mots. Nous embrassant, les provoquant. Durablement, infiniment, tout le temps. Marchant dans la tangue en s’enfonçant. Dans leurs âmes, leurs sables mouvants. Les piétinant absolument. Sans surprise de cette lente dérive. La nuit quand nos ombres arrivent. Le froid avec. Violent et sec. Le ciel, son infini, l’envie d’être engloutis. Plus loin que le Mont-Saint-Michel, son archange Gabriel. Un soir de novembre sur le sol gelé. A cogner aux portes de l’hiver. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Venue consoler ses misères. S’enfuyant sur la lande et ses mystères. Où allons-nous ? Courant comme des fous ? Il n’y a plus rien derrière nous. Partis sur un coup de folie. A la vie, à la mort, jusqu’au bout de nos envies. Aux frontières de la nuit. Caressés par les vibrations d’un violon. Les cordes tendues sur ton cœur, ses partitions. Égrenant le flot de ses regrets. Exagérés pour faire pleurer. Je te connais, tu aimes t’apitoyer. Pour me hanter, te lover dans mes pensées. Ne jamais t’oublier. Toi, petite fille, ma candeur fatale. J’aime ta chaleur animale. La couleur de tes yeux bleus. Tes rires, tes soupirs. Le soleil rougeoyant frappant à la porte de ton empire. Je ne puis t’abandonner. Pour aller où ? Au fond d’un trou ? Les dieux, les diables à se moquer. La mer m’emportant loin de toi. Dans un pays sans reine, ni roi. Rongé par cette douleur infernale. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Avec cette peur unilatérale. Que tu ne penses qu’à toi. Je te vois marcher devant moi. Te suivant comme un toutou. Je suis fou. De tes yeux bleus. Merveilleux. Langoureux. Irrévérencieux. Paradoxal. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Plus forte que moi. Notre vie, notre loi. Il était une fois. Notre univers carcéral. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Nos années filtrées dans le sablier. Abyssal. Un espoir, un râle. Toi petite fille, ma candeur fatale. Infinitésimale pour un désir maximal. Disparaissant dans le lointain. Je serai là demain. Quand tu reviendras. Tu me l’as promis. Jurant que je suis. Le capitaine de ton cœur, les soirs quand tout va mal. Que plus rien n’a de sens. Toi, petite fille, ma candeur fatale. Mon carburant, mon essence.
Lire la suiteNotre monde merveilleux

Dans notre monde merveilleux, il n’ y a pas de nuits, de soleils qui s’enfuient. Il y a des eaux coulant des jours paisibles, des poissons endormis. Les pêcheurs y sont bredouilles et gentils. Rêveurs, les promeneurs goûtent le temps présent ses langueurs. A toute heure, toujours de bonne humeur. Il ne fait pas froid mais chaud. Tout le monde est jeune et beau. Le soleil brille chaque jour tout là-haut. Son éclat dans tes yeux me rend heureux, amoureux. Nous, tous les deux, dans notre monde merveilleux. En symbiose dans cette bulle qui s’articule. A la jointure d’un autre univers, ses fractures. Nous aveugles pour ne pas voir. Comme les petits singes, la main sur la bouche, les yeux, les oreilles pour ne pas savoir. Nous berçant d’une illusion devenue notre raison. Tournant et retournant autour du lac notre cul de sac. Dans notre monde merveilleux on ne cherche rien. On ne trouve rien que des jours sans fin suffisant à notre faim. S’aimer est notre devise loin du cours de la bourse, la chute de ses devises. Montent à la surface de l’eau les bulles sorties de la vase. Fleurissent toutes ces fleurs que l’on ne mettra jamais dans des vases. On s’endort quand le jour se teinte de gris. On se fait petit. Pour éviter d’avoir peur, se protégeant de notre torpeur. Transis, avachis, alanguis. On ferme les yeux pour que tout aille mieux. Dans notre monde merveilleux, on coule des jours heureux. Les gens ne sont pas envieux ou capricieux. Se promènent comme des pingouins autour du lac. Marchent en rythme sur la mélodie et son tic-tac. Tout se passe bien. Sans le moindre couac. Nous sommes heureux dans notre monde merveilleux. Main dans la main. Toujours en fermant les yeux.
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Les enfants de Görlitz

Je ne sais par où commencer ? Torturer leurs souvenirs en extraire l’essence. Ce passé où l’âme se balance dans leurs existences. J’aimerais t’emmener, te raconter. Sortir du carton de leurs musées. Les jouets avec lesquels ils s’amusaient. Dans les rues face aux palais. Dans les ruelles, leurs cachettes éternelles. Entre des chevaux, des gens bien habillés. La douceur de leur enfance. La pertinence d’une insouciance. Le temps s’écoulant en les effleurant. Doucement. S’amusant en les caressant. Les étés à battre le pavé. A crier, se chamailler. Dans l’indolence de leur adolescence. Jusqu’à cette guerre, son enfer, ses misères. Vivant comme des vers de terre. Venue tout briser, tout effacer. Laissant crever le passé. Faisant pousser des arbres échevelés. Sur des balcons abandonnés. Squelettes articulés au vent mauvais. Venu s’abattre sur la cité. Spectres faméliques de palais gothiques. Splendeur d’une grandeur. L’expression d’une douleur. Portée par la mélancolie d’une nostalgie. A la vie, à la mort, sur les murs d’une profonde désolation s’écoule le sort de leur frustration. Sournoise, narquoise. Rédigeant sur le paravent d’un autre temps. La lettre de leur mémoire effacée. Ces vestiges, leurs vertiges. La tête vide dans les rues de Görlitz le vent, la pluie, une mélancolie. La pénombre se glissant entre les failles des murailles. Le regard se heurtant sur les pierres du brouillard. Écoutant chanter sous le voile à peine clos. Les voix du passé, leurs mots. Je ne sais par où commencer ? Torturer leurs souvenirs en extraire l’essence. Imaginant cette puissance, son opulence. Alors que le soleil s’endort, coule le triste sort. D’une ville fantôme vide de ses mômes. Orpheline d’un passé, la faisant vibrer. Le temps où crevaient les arbres sur les balcons des palais. Où battait l’indolence de leur adolescence. Jusqu’à cette guerre, son enfer, ses misères. Maquillant les rues de Görlitz d’une tristesse infinie. Dans le souvenir de ses enfants partis. J’aimerais t’emmener, te raconter. Là-bas, la ville mélancolie.
Lire la suiteLe crépuscule de nos particules

Sombre la lune au-delà des dunes. Enterrant les larmes de jour dans le creux des labours. La mer se retirant dans la coquille des déserts. Le vent à l’infini capturant notre émerveillement meurtri. Ligoté dans le silence imparfait de notre fragilité. Les pas hésitants sur le sable lisse de nos imperfections. Le vol des mouettes flirtant avec les tempêtes au-dessus de nos têtes. Le silence portant la marque de la confusion, la répétition de son inaction. Écoutant le vide s’installer assourdissant. Le regard en attente d’absolu, l’âme mise à nu. Un rien faisant ce mien que tu prends entre tes mains. Chaleureux à défaut d’être précieux. Immobile se momifiant en fossile. Méprisant les griffures du vent et tout ce temps. Où la lune sera absente, son indolence repentante. Les brisures du jour , les fragments de son armure. Les doigts contractés ne pouvant se relâcher. L’infortune de nos imprévus, tout ce que l’on a tu. Le crépuscule de nos particules infusé des ombres de notre ridicule. Le début de la fin, une nuit sans fin. Quelque part au terme du chemin. Ses barbelés, nos doigts ensanglantés, la pluie pour les laver. Le ressac de la marée, nos cœurs en vrac. Les yeux hagards beaucoup plus tard dans les bras du hasard. Affolant la tendresse de nos sentiments. Noirs dans le miroir d’un mauvais soir. La lueur éteinte de notre pudeur. La somnolence de notre décadence. Les vagues se retirant en nous maudissant. Sombre la lune au-delà des dunes. Ta main qui la retient d’un fil d’un geste futile. Nos pas sans trace, le vent qui les embrasse, cette absence qui nous fracasse. Dans le crépuscule de nos particules, ce vide où l’on s’articule. Évaporés et démembrés. Inexistants et larmoyants. Sur la lande de nos mélancolies fantômes à jamais ensevelis. Dans les plissures coupables de nos fêlures, ce mal du passé que l’on endure. A errer dans le labyrinthe d’une mémoire éteinte.
Lire la suiteLes ombres s’éloignant

Il reste dans les allées, les graviers que l’on a piétinés. Les arbres ensommeillés. Nos premières heures, notre bonheur. Agenouillés à s’amuser de futilités. Oubliant le passé, ses horreurs. Un tronc d’arbre tagué. De nos deux cœurs. Enlacés. Immortalisant notre émerveillement. Nos promenades, nos arrêts de bancs en bancs. Tu essayais de comprendre ce qu’on pourrait attendre. De l’avenir, de nos désirs. On traînait à pas lents sur le gravier. En se regardant. Se désirant. Doucement, tendrement. Au dessus de nous passait le vent. Tes cheveux s’ébouriffant. Ta main les retenant. Tes sourires. Nos rires. Tout était naturel. Si intemporel. Hors du temps. S’écoulant en flirtant. En se touchant. Marchant sur les graviers. Au bout des allées. En jurant. De se protéger. De s’aimer. On y est allé. Sans s’égarer, sans se chamailler. Dans la langueur de nos mouvements. La douceur de nos pas indolents. La pâleur de nos cheveux grisonnants. La maigreur de nos corps s’affaiblissant. Marchant sur les graviers. Avec la peur de se quitter. Qui sera le premier ? Qui devra rester ? On n’en a jamais parlé. Je sais que tu y as pensé. Tes doigts caressant nos deux cœurs enlacés. Sur le tronc gravé. Pour conjurer la fatalité. Rappeler le passé. Une odeur, des couleurs. Quand nous n’étions que rêveurs. Il y a si longtemps. Et, maintenant. Le futur en tremblant. Puis, un matin blanc. Autrement. Avec la solitude. En faire une habitude. En traînant dans les allées, sur les graviers que l’on a piétinés. Toute une vie passée à s’aimer. Ombres s’éloignant à jamais effacées. Pour toujours oubliées. Laissant un arbre gravé. De nos deux cœurs enlacés.
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