Je vois. Je crois…

Je vois. Sur la photo jaunie. Les larmes, les rêves inaboutis. J’entends. Les mots, leur amertume. Revêtant. Les pâleurs d’une nuit. Le vent, la pluie. La peur, nos frayeurs. Tanguant en résistant. Fermant les yeux. Pour s’accrocher tous les deux. Je comprends. Qu’il y aura une fin. Maintenant, un autre lendemain. Aléa au bout de nos pas. Une chute, le fracas. Du cristal de nos erreurs. En miettes, un haut le cœur. Je sais. Le vent hésite. A tout balayer. Une claque, de la dynamite. Nous deux, nos vœux. Échappés, envolés. Plus loin, sans rien. Je vois. Sur la photo jaunie. Les larmes, les rêves inaboutis. Dans ma mémoire s’endorment. Le jour, le soir. Sans espoir, perdant toute forme. Le temps comme une agonie. Un goût de vomi. Comme ça. Car c’est écrit. On reste là. Le froid, le vent sur nos corps. Loin du décor. A regarder briller. Une ville illuminée. Toi et moi. Naufragés d’une étrange vérité. S’aimer. Je crois. Que c’est le mot à employer. Avant, il y a longtemps. On se plaisait à l’utiliser. Oublié, effacé. Sans retrouver les couleurs du passé. Adieu ce rêve merveilleux. Fougueux, impétueux. Se détachent tes bras qui m’enlacent. Derrière le miroir, ce tout qui s’efface. Flottent nos âmes transies. Parmi les ombres d’une nuit. Je vois. Sur la photo jaunie. Nos larmes, nos rêves inaboutis. J’entends. Les mots, leur amertume. Pendant que sur nous s’abat la brume. Se punir et souffrir. S’égarent nos vies. Là-bas dans l’infini. Je vois. Je crois…
Lire la suiteMon pauvre amour

Mon pauvre amour. Nous reprendrons la route. Demain, en proie aux peurs, au doute. Quittant le château; ses tours. Nous les gueux pendus aux fils du temps. Nous irons par les chemins au cœur de forêts sombres. Frileux, trébuchant en nous enfuyant. Je vois des larmes couler de tes yeux. Remonter cette part d’ombre. Je la connais. Je ne peux l’apprivoiser. Un voile sur ton regard malheureux. Posé que je ne peux effacer. Nous deux. Derrière ces murs. Qui ne nous protègent plus. Seuls est notre nature. Fantômes est notre parjure. Perdus. J’aimerais te protéger. Comme toi, je suis effrayé. Par cette haine venue nous chasser. Toi qui n’est que voluptée. Les doigts à jouer. Sur un piano des notes enchantées. Je suis le seul à les écouter. Est-ce notre faute d’être différents, effrayants, fascinants ? On n’a rien demandé. Nous sommes le fruit d’une étrangeté. De n’avoir pas voulu se quitter. Vivants ou morts; sans remord. Nous n’avons pas de présent. Nous avons oublié le passé. Le futur est inexistant. C’est ainsi. Vont nos vies. Mon pauvre amour. Nous reprendrons la route. Demain, en proie aux peurs, au doute. Pour aller où ? Au fond d’un trou ? Délaissant ce château. Où tout était trop beau. Nos jours, nos soirs, leurs vertiges. De pièces en pièces à répandre les délices de notre torpeur. J’aime cette apesanteur. Ses lenteurs, ses couleurs. Une teinte sépia comme dernier vestige. D’un temps arrêté. Au bout de nos doigts. Une éternité. Pour une dernière fois.
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La mélodie de notre agonie

Je n’ai pas de mots pour décrire, écrire. La confusion de mes sentiments. Titubant, se balançant dans le vent. Se cognant aux murs, aux arbres, au temps. Je n’ai pas de mots que des sursauts. La haine, la rage, j’enrage. Mes doigts heurtent le clavier. Massacrent les notes sans pitié. Appuyer pour écraser, frapper. Détruire pour fuir. Je ne puis que subir. L’infusion du venin dans mes veines. Un sentiment d’endormissement. La mélancolie de l’ennui. Une histoire vaine. Notre passion qui tourne en rond. Ritournelle obsessionnelle. Proche de l’abandon. Je joue la triste partition. Celle qui rappelle. Les brumes de notre nostalgie. Perdue de vue. Entre les arbres du parc. Au début de l’automne. Sur un tapis de feuilles roussies. Dans le cœur la flèche d’un arc. La fin qui sonne. Je voudrais décrire, écrire. L’impression du néant. Prenant, étouffant. Les sons vides du piano. Pour t’appeler, te rappeler. Je n’ai plus la force de l’ensorceler. De briser l’écho assourdissant du tonnerre. Qui dehors électrise la terre. Les cheveux au vent. La pluie dégoulinant. Je cours après ton ombre. Entre les fantômes du passé. Les spectres qui sortent de la pénombre. Dans le cimetière aux pierres cassées. Là où pousse l’herbe abandonnée. Là où souffle le vent mauvais. Je m’approche, je viens de retrouver. Pourquoi m’as tu quitté ? Pour t’en aller. Je voudrais décrire, écrire. La sensation de rébellion. Qui m’assaille, fatale, animale. Mon univers carcéral. Toi seule en a la clé. Je frappe le piano enchanté. Pour te réveiller. Que tu sortes de terre. Du paradis, de l’enfer. Retire-moi mes fers. Volons l’univers. Fous, voyous. Écoute la mélodie que je joue pour toi. Décrire, écrire. L’envie qui bat en moi. D’être proche de toi. Agenouillé dans le cimetière. Devant ta croix de pierre. A psalmodier. Des paroles enchantées. Tu pourrais les entendre. M’entendre. Je reviens l’hiver, l’été, le jour, la nuit. Mes pas flirtent avec l’infini. Penser t’abandonner. J’ai ça en moi. L’imaginant maintes fois. La haine, la rage, j’enrage. Mes doigts heurtent le clavier. Massacrent les notes sans pitié. Appuyer pour écraser, frapper. Détruire pour fuir. Je ne puis que subir. L’infusion du venin dans mes veines. Un sentiment d’endormissement. Joue la mélodie de notre agonie.
Lire la suiteS’échapper

Une grille, une porte, une muraille, rien n’arrêtera l’envie. De franchir les barrières, d’aller voir briller la nuit. Noire, étincelante, sans nuage, sans étoile. Juste l’odeur, les liqueurs de nos peurs. Pour savoir que l’on est en vie. Derrière nous, l’infini du voile. Moisissure de nos rancœurs. Toi et moi, habillés de noir. Aux couleurs du ciel. Faisant du jour notre soir. Rien de vrai, de matériel. On marchera dans l’herbe et les prés. Plus loin au bout du silence. Volant le temps. De rêver. Tirant sur les fils de notre mélancolie. Notre vie. A petits pas se prolonge la danse. Une lente dérive. Derrière la muraille, une nuit qui enivre. Doucement en jouant. Avec les odeurs, les liqueurs de nos peurs. Assis sur une autre rive. Il ne manque que la clé. Pour ouvrir les portes, s’échapper. Je crois, tu crois aux miracles. Chaque jour, chaque soir. Une courte histoire. Mettant notre vie en spectacle. Sans cœur, sans spectateur. Notre labeur. Sans saveur, sans couleur. Tu me dis désenchanté. Je te dis effacée. Il nous reste la pitié pour se regarder. Réagir, éviter de se haïr. Une grille, une porte, une muraille, rien n’arrêtera l’envie. De franchir les barrières, d’aller voir briller la nuit.
Lire la suiteDésenchantement

Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue autrement. Marchant, pas à pas, en écoutant. Les plaintes d’ailleurs. Accrochées aux doigts. Essoufflés en ayant mal au cœur. Notre histoire qu’on traîne sans espoir. Notre malheur. Depuis des siècles pesamment. Les murs sombres, les étendoirs. De nos frustrations sans pardon. On s’aimera plus tard, demain. Passionnément, résolument. Projection sans contrefaçon. Absolument, aussi loin. Que s’étend notre désenchantement. Les larmes de notre mélancolie. Coulent entre les fissures. De nos cuirasses rouillées. C’est ainsi. La douleur que l’on endure. Fouette nos corps marqués. Transparents, infamants. Être en n’étant rien. Avoir été et l’oublier. Je voudrais hurler. Les sons ne sortent pas. On reste là. Impuissants, subissant. Notre lent effacement. De la terre, de tout. Le néant autour de nous. L’offense en sentence. Ne rien pouvoir faire. Nos ombres glissant sur les murs. Se noyant dans la mer. Être mort sans être sûr. Que les fantômes n’ont pas d’autre vie. Tu dis que nous nous sommes endormis. Je voudrais te croire. Un matin, un soir. Mais dans la main. Un rêve, un miracle. Je n’y crois pas. Notre désenchantement est là. Accompagne nos pas. Sur le sol, ses chaînes raclent. Leur bruit avec nous. Me rend fou. Je n’ai plus la force de t’écouter. Je nous sens nous éloigner. Pour aller où ? Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue autrement. Marchant, pas à pas, en écoutant. Les plaintes d’ailleurs. Je sais que tu as peur. De ce qui peut nous arriver. Je ne peux l’empêcher. Comme toi, je suis effrayé. Je ne peux te le montrer. Par fierté. Par fragilité. J’ai perdu nos rêves. Oublié nos pas sur la grève. Tant de choses à me faire pardonner. Nous pourrions avoir une éternité à dessiner. Le noir de notre passé à noyer dans le miroir. Notre reflet me fait frisonner. Terrifié, désenchanté. La flamme s’est éteinte. Oubliant nos étreintes. Effaçant nos serments. Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue irrémédiablement.
Lire la suiteNotre ring en bataille

La folie nous gagne, la furie nous assaille. Un jour pluvieux, brouillardeux. Notre ring en bataille. Un matin laiteux dans le blanc de tes yeux. Ton corps merveilleux. Je le veux. Ta pose recroquevillée, tes cheveux étalés. Ton souffle rythmé, volcan prêt à se réveiller. Les doigts écartés pour saisir la voie lactée. Je te hais, j’aimerais me glisser. Dans les caprices de tes rêves. Libre sans permission, sans interdiction. Boire cette sève. L’appel qu’il soulève. La question de tes intentions. Lascive, passive. Je le crois. Tu n’es que mauvaise foi. Langoureuse, tu joues les allumeuses. Tes dents acérées. Prêtes à me déchirer. Le cœur. Il n’y a rien de meilleur. Tu le sais. Je n’ai rien d’autre à te donner. Tu ronronnes, joue les mignonnes. Pendue à la croix de tes lois. Je communie insoumis. Nos luttes sur le ring de notre chute. Le sang comme talisman. Boisson de nos serments. Je te mens. Tu me mens. En jouant, en s’amusant. Susurrant du bout des dents. Des promesses jetées au vent. Tatouées sur ta peau. S’effaçant à coups de rabot. Recommencer pour s’aimer, s’éprouver. Je te hais, je ne peux que t’aimer. Silencieuse, enjôleuse. Bout de fille dans sa coquille. Inaccessible, sensible. L’image que tu veux donner. Ce matin, ce soir frigorifiée. Tes yeux qui brillent. Nos mains nouées. Vers toi attiré. Pour se consumer. Sur les buchers que tu vas allumer. Le bal des sorcières. Dansant, immondes, grossières. Je te hais, j’ai envie de crier. Mentir pour éviter le pire. Ta compassion. Comme ça sans raison. Ma rébellion. Pour gommer toute confusion. L’instant pour lendemain. Le présent chaque matin. Je te hais, je ne peux que te désirer. Tes yeux me regardant. Provocants, insolents. Un sourire, un soupir. La folie nous gagne, la furie nous assaille. Un jour pluvieux, langoureux. Notre ring en bataille.
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