Sur les bords de Loire

J’ai descendu les escaliers de nos vies. Sur de la paille et des tapis. Sous l’azur d’une irrépressible envie. Trouver les clés du paradis. Pour y pénétrer, faire des folies. Parler à des singes, des otaries. Boire de l’eau de vie. Me faire des amis. Sans nier ce que j’ai été. Composant avec le passé. Lui donnant des couleurs dorées. Pour maquiller et masquer. Le présent que j’éprouve. Adoptant une louve. Hantant des douves. Se parfumant sur les flouves. Dans une position que je désapprouve.
Ombre qui rode sur les bords de Loire. Alors que le ciel noir de ce dernier soir. Est encore présent dans ma mémoire. Portant la cicatrice de ne pas savoir. Si nous aurions eu la force de croire. Aux fantômes hantant le miroir. De ce présent versatile et illusoire. Où se propagent les ondes d’un ultime espoir. Quand je veux espérer et pouvoir. Affirmer que notre mélancolie saura se mouvoir. Dans l’absence et le néant de notre histoire. Là où rien ne résiste au brûloir. Du temps consumant le grimoire. Des poèmes de nos ciels noirs. Écrits à la pointe d’une plume d’ivoire. Et devenant ces tristesses inquisitoires Ne parvenant plus à nous émouvoir.
Mais, je ne parle que de moi. Sans une virgule pour toi. Alors que je crois dans le divin. Et son illustre fin. En corbeau tentaculaire. De mille pattes protestataires. Dans un train à crémaillères. Sur les flancs d’une montagne. Verte et bleue avec des glaciers. Des marmottes buvant du champagne. Nécrologie de nos âmes acidifiées. Carbonisées dans un brasier. Sous le regard d’un grand argentier. Tout juste cachottier. Je serai ton cavalier. Dans un jardin avec des palmiers. Pour démythifier ou déqualifier. Toutes ces choses enviées. La postérité sur un voilier. Du caviar coincé dans le gosier. Épelle mon nom. Comme çà sans raison. Humilié et fanatisé.
Nous sommes, nous avons été. Des ombres du passé. Sur les tableaux de l’escalier. Des êtres furtifs et singuliers. Familiers ou ossifiés. Dans le ciel de ce dernier soir. Noir et sans y croire. Je croise les doigts. Moi proche de toi. Foi en une autre fois. Fusionnels et caractériels. Mangeant des airelles. Tutoyant Colombine. Qui a mauvaise mine. Accompagne la reine Mathilde. Unies dans une guilde. Du souvenir et du tissage. A Bayeux ou dans d’autres lieux. A tout moment, à tout âge. Esprit fripon et vagabond. Je suis mes prémonitions. Sur la boussole de mes addictions. Nord et sud s’étant mariés. Est et ouest s’étant répudiés. Les pôles ont fusionné. Je m’oriente aux étoiles. En navigateur sans voile.
Il me reste cet instinct d’être en mouvement. Tout le temps, peut-être plus, indéfiniment. Cherchant quelque chose, un aboutissement. Je le dévore à pleines dents. Peste contre le souffle du vent. Entrechoquant les silex du temps. En étincelles du prince charmant. Cœur vaillant, te séduisant. En permanence constamment. Tu es là pour le provoquer, me narguer. Dans une détresse illusoire. Composition sur tableau noir. D’un diablesse avec ses cornes blanches. Pendant que tu me jures de rester franche. De parole et de comportement. Maintenant et tout le temps. Pourquoi douter alors que c’est vrai. Peut-être et à jamais ? Je te crois encore une fois. Tandis que je descends l’escalier de nos vies. Sur de la paille et des tapis. Sous l’azur d’une irrépressible envie. Trouver les clés du paradis.
Lire la suiteMa déclaration

J’irai à la source de mes illusions. Puiser l’eau verte de tes yeux. Dans une onde triste et bleue. En prisonnier de ma passion. Sur un fleuve fauve et rugissant. Troublant les remous de mon oppression. Accroché aux lianes venimeuses. De tentacules frêles et laborieux. Je les caresserai en te rendant envieuse. Avec des verbes vides et pieux. Épousant le dédain dans un coin. Faisant pâle noce dans un carrosse. Tournant en dérision le présent. Léchant les doigts du hasard. Embaumant le squelette de mes rêves. Dans des draps de couches tard. Je te regarderai quand tu te lèves. Debout ou à genoux, pétrifié. Comme cette mauvaise idée. De penser à t’aimer. Un soir où tout est gelé. Un matin où tout est brûlé.
Et, je m’égare sur un torrent. Moi, bouillonnant et ravageur. Dans des habits de mauvaise humeur. Verts et bleus comme tes yeux. En narguant des grenouilles qui fument. Charmant des hérons sortis de la brume. Par des cris volés à la nuit. Quand le hibou drague la chouette. Que la vertu part seule en goguette. Je saisirai le cou des nuages. Pour les prendre en otage. Pour les faire pleurer. Avant de cracher et de piétiner. Mes raisons de penser à t’aimer. Dans un bocal aux volutes bleues. Où s’envolera l’encens de mes yeux. Vers un ciel où rien n’est éternel. L’arlequin dessinera des couleurs. Sur l’esquisse d’une esquisse sans valeur. Nous deux réunis par ma folie. Sur une toile détendue et jaunie. Je l’encadrerai pour mieux me tourmenter. Dans une caverne où cohabitent mes démons. Qui élèvent des abeilles et des frelons. Je mange leur miel liquoreux. Ivre de toi, je me crois amoureux. Heureux, extatique, dans un rêve capiteux. Sans frontière, sans que tu ne m’opposes des barrières.
Et, le soleil flirtera avec la lune. Tous deux feront des projets sur une dune. Tricoteront pour nos enfants. A venir que nous pourrons haïr. Ils seront comme nous morbides et distants. Sans ressemblance, tout en dissonance. Face au miroir tu danses. Seule, triste et belle. Tu danses et m’ensorcelle. Je saisis le néant, l’étreint. J’en dévore son festin. Dans un aboutissement crépusculaire. Un ciel gris et sans lumière. Où mes soleils sont noirs. Mes spectres glissent sur des patinoires. Transis, je suis dans l’indécision. J’irai à la source de mes illusions. Puiser l’eau verte de tes yeux. Dans une onde triste et bleue. En prisonnier de ma passion. Sur un fleuve fauve et rugissant. Troublant les remous de ma déclaration.
Lire la suiteNos terres arides

Toi qui erre dans la pénombre. Teinte ton âme sombre. Des couleurs sépia de l’automne. Alors que sonnent des cloches atones. Dans l’écho d’un futur chaos. Et que la lune blanche enfante. Au terme d’une interminable grossesse. D’une lumière triste et indolente. Sur les tombes grises de notre cimetière. Toi qui vois et qui t’abaisse. A fleurir ce passé qui va s’ensevelir. Dans le culte d’une poignée de souvenirs. Seul dans la pénombre, tu erres. Nourrissant ta révolte de tout et de rien. Ces particules ridicules et sans besoin. Présentes pour t’user et t’éprouver. Jouant à la courte échelle. Avec l’immortalité caractérielle. Immolant l’instant présent. De voir s’étendre la poussière. Sur les tendresses de ta misère. Otage sensible d’un amour impossible. Tu t’en iras là-bas au fond de la mine. T’enquérir d’une lumière divine. Illuminant ta solitude perdue. Sur la flamme éprouvée d’une ingénue.
Lire la suiteLes terres noires

Je me souviens de ce tout et de ce rien. Dans le cortège invisible de nos âmes fanées. S’en allant boire l’eau à la source du passé. Le visage déformé dans les ondes du reflet. Je te parlai alors du sol des terres noires. Là, où se meurent les racines d’un soir. Veules et sans caractères. Celles qui nous ont trahis. Après nous avoir promis. Le vin et le nectar d’un immense festin. J’y ai cru pour oublier notre misère. Fuyant sur les rives d’un fleuve asséché. Où s’érodent des larmes putréfiées. Sur la toile de nos pas errants. S’écorchant à des chardons ardents. J’en effleure la douleur. Tandis que s’écoulent nos pleurs. Et, je veux croire à l’immensité absolue. Posée dans une immobilité à perte de vue. Où l’oiseau sera figé, le lion mortifié. Et nos mets laisseront les squelettes. De l’enterrement de nos fêtes.
Alors, je te conterai des poèmes absolus. Avec des rois et des fées, dans le tohu-bohu. D’une kermesse d’un bourg de campagne. Où des marionnettes s’enlaceront sur de la musette. Pendant que des singes grimperont à un mât de cocagne. Sous le regard de fous échappés d’un asile. Et tu applaudiras en mangeant des barbes à papa. Le sucre et le miel coulant sur ton masque figé. Mettant les ombres de ton maquillage en péril. De tes doigts de porcelaine, tu tireras sur les fils. Qui te donnent le corps et l’esprit d’une vie. Gracile et futile. Je te conterai des poèmes absolus. Qui donneront l’impression que tu souris. Puis, nous irons au bal sous des regards d’envie. Et, je murmurerai à ton oreille des mots. Volés aux soirs de tempête, arrachés aux becs de mouettes. Dans le lent mouvement d’une vague de roseaux. Qui seront à notre alcôve nos rideaux.
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Sans rien à promettre
La glaise aux pieds, je viendrai. De ces terres imaginaires. Où l’aube se lève crépusculaire. Moment où le cerf sort de son repère. Instant où s’entremêlent les rumeurs. Des ondes lancinantes de nos peurs. Je prendrai le long chemin. Passant par les bois et les près. Pour venir te retrouver. Dans les brumes d’un matin. Frileux aux portes de l’hiver. Tu me demanderas des nouvelles d’hier. Du chant castrateur des sirènes. Des courses folles des enfants de Bohème. Sans mot pour te répondre, je m’étendrai à tes pieds. Pendant que tu invoqueras le feu du brasier. Cette douleur en nous emmurée. Pour comprendre et expliquer. Nos cœurs plantés sur des piques. Nos hésitations, nos crises de panique. Cette frénésie de fuir en avant. Pour exorciser le présent. Je devrai encore te mentir. Par devoir ; pour abolir. Le fléau de nos sorts. Agitant l’âme de nos morts. Ils se réveilleront hurlant face à nous. Les crocs acérés alors que nous serons à genoux. Sans pouvoir rien leur promettre. Je me remplirai du vide. Et cette orgie affligera mon être. Rendant mon âme morbide. Avant de pénétrer dans le jardin des cendres. Où tête basse je ramperai jusqu’à toi. Prenant le temps pour le suspendre. Afin d’épingler à l’éternité notre foi.
Lire la suiteUn matin glacé

La pesanteur d’un matin glacé. S’étend plus loin que le regard. S’évaporant dans le voile givré. Là-bas où veillent tard. Les langueurs de ma mélancolie. Caprice d’artifices et de fards. Empruntés à ce sentiment d’oubli. De marcher lentement vers le hasard. D’une rencontre au détour d’une haie. Avec le cortège échevelé de sorciers. Arpentant la campagne de mes regrets. Habillés de noir et d’oripeaux. Sous l’œil acéré de corbeaux. Prêts à s’envoler et colporter. Que demain sera pareil. Mélancolique et sans soleil. Et, je tire sur ce fil invisible. Ramenant à moi le cerf-volant. De mes rêves inaccessibles.
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