Cœur à cœur

Cœur à cœur sans heurt ni douleur. A toute heure. Parle-moi de tes langueurs. Sans honte avec candeur. Tendrement avec douceur. En explorateurs de nos lenteurs. Ravisseurs de ce temps rêveur. Où nous errions en voleurs. Aussi loin que portaient les rousseurs. Des arbres d’un automne songeur. Tu touchais mon corps frissonnant de peur. Se laissant emporter par les splendeurs. D’une pénombre recouvrant les rougeurs. D’un soleil échangeant sa chaleur. Contre la nuit et ses froideurs.
Tu m’écoutais comme un confesseur. Quitte à pardonner mes erreurs. En comploteur de nos apesanteurs. Ces sucreries de confiseurs. Sur nos langues au goût de liqueur. J’étais saoul comme un promeneur. Lassé d’entendre les cris et les pleurs. D’une forêt assaillie par des pollueurs. Les branches écartées devant ces fusils mitrailleurs. En posant les yeux plus loin que les noirceurs. Des esprits moqueurs et les sentences de ces menteurs. Lisseurs répétant comme des photocopieurs. Qu’ils sont des penseurs novateurs.
Et, nous regardions nos spectres porte-bonheur. Pisteurs sans relâche de chemins migrateurs. En prospecteurs d’infinis prometteurs. Tu les désignais comme des mystificateurs. Phraseurs et pleurnicheurs. De nos instants mineurs assujettis de lourdeurs. J’en lisais la calligraphie en ricaneur. Comme un simulateur affichant une attitude meilleure. Face à toi dans cette heure. Où je ne deviendrai pas ce perturbateur. Persifleur répandant des rumeurs. Comme un colporteur chamailleur. Traînant des pieds dans une forêt et ses vapeurs. Je ne suis que l’artilleur. Autodestructeur de nos langueurs.
A toute heure. Cœur à cœur sans heurt ni douleur. Tendrement avec douceur. Sans honte avec candeur. Pleurent des nuages avant-coureurs. Sur les labours de nos amours charmeurs. Leurs bras tendus, leurs yeux cajoleurs. J’entends les chants venus du chœur. De nos émotions avec l’éternelle lueur. Du prestidigitateur transfigurant la sueur. En or ruisselant sur notre corps et sa tiédeur. Je te prends la main triomphateur. Seigneur, sculpteur et tatoueur. Je dessine sur les nuages l’avenir postérieur. Aux courbes de notre présent et de ses torpeurs. Sans honte ni pudeur. Tendrement avec pâleur. Les couleurs de mon cœur.
Lire la suiteInfini

Je ne peux, je ne veux. Dessiner nos jours heureux. Sans imaginer les tremblements fiévreux. D’une nuit d’été sous des peupliers. A observer tes yeux fermés. Je regarde tes paupières closes. J’ose en percer leurs secrets. Une provocation pour être en symbiose. Avec les fleurs de ton firmament. Là où les alizées ne portent pas de nom. Soufflent et s’accrochent en tournoyant. Dans les voiles d’un bateau gascon. Avec des mots qui s’envolent au vent. Qui nous écorchent en barbelés s’effilochant. Sous les lunes mornes de nos automnes. Avec les teintes mauves de la Belladone. La fleur de notre jardin désert. Ses rocailles, ses mystères, ses lumières. Là où se terre l’ombre de notre cimetière. J’en soulève une à une ses pierres. En quête d’un infini, notre paradis, nos oublis. Et, je prie qu’il en restera ainsi. En ayant chaud ou en ayant froid. En vivant le présent comme autrefois. Juxtaposé avec cette nécessité de t’aimer.
Lire la suiteMa galaxie

Tandis que dans mes absences boréales. Je balbutiais quelques mots barbares. Empruntés au langage des terres du nord. Vint à passer un bateau avec un amiral. Plus abrupte qu’une falaise sans phare. Lorgnant sur un océan proche des Açores. Je le saluais d’une goutte de temps. Impertinente inlassablement. Qui suspend l’instant. Qui ment imparablement. Vagabondant sous la pluie. S’abrite dans l’ennui. S’étend jusqu’à l’infini. S’apitoie quand des chiens l’aboient. Tout en tenant la main de jours sans fin.
J’avais en tête de lui parler de tempêtes. Ou d’autres sirènes, toutes épouses de vagues scélérates. S’ébattant dans un cirque avec des acrobates. Sur les notes acides d’un requiem. Dans la pénombre d’un poème. Aux lettres mortes et effacées. Je lui aurais demandé de chaparder. L’improbable candeur des primevères. L’attraction fatale d’un essaim d’abeilles. Il aurait défloré le mystère. Du sel et du miel qui m’ensorcellent. Ces étoiles incandescentes de ma galaxie. Où frissonne mon corps transi. Instants capricieux et merveilleux. Quand les lichens de mes déserts. Viennent lécher mes vertiges d’hier.
L’amiral resta rigide et impérial. Moi accroché aux grilles de l’autre côté. Si peu nostalgique, terriblement frénétique. Face à la révélation de cette exception. Quand un dompteur d’escargots. Frappe à coups de triques. Des animaux hurlants si haut. Leur rancœur hystérique. Il ne reste que le néant pour parlement. Et les cheveux blonds des blés. Où s’abriteront du naufrage les rescapés. Je m’en suis allé vers ma galaxie. Pour susurrer dans les oreilles de l’écho. Le récit de mes rêves inaboutis. Au loin là-bas dans les frimas de l’hiver. Dans un igloo avec des loups. Là où l’on se dévore sans prière.
J’ai sur les mains le gluant de leurs salives. Cette sensation vive qui avive. Le frissonnement provenant de la carcasse du vent. Un squelette avec sur la tête une casquette. D’un amiral infinitésimal. La caricature d’un animal. Transgénique et pathétique. J’envie ma galaxie. Un ailleurs où les entonnoirs débouchent sur le bonheur. Sans que cela soit une injure. La caresse de l’air pur. Des fleurs sur un mur. Sur les doigts de la confiture. Sans que les oriflammes provoquent des drames. Ainsi je vis dans ma galaxie. J’espère ce présent. Et donne vie à ce temps.
Tout le temps avec des riens, des confettis. Portés par des camelots avec des mots. Où les dinosaures sortiront de chapeaux par magie. En mangeant de la bouillie les yeux ébahis. J’aime quand tu souris. Je frémis quand tu vibres. A l’instant, au moment, si longtemps. Dans nos paradis illusoires, nos addictions crépusculaires. Libres, si proches de l’astre lunaire. Ce soleil, cet alcool de nos mystères. Parle-moi de ce que j’ai oublié ? Rappelle-moi l’intense vérité ? Un peuple assassin de ses faiblesses. Désœuvré et englué dans ses bassesses. Si loin de ma galaxie, mon cœur qui s’assombrit.
Lire la suiteLes ressacs de mon âme

Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Luit le soleil noir de ma folie. Rouillent les vestiges de mes infinis. S’étale une langueur endormie. Ne portant plus de nom ni de visage. J’étouffe et je cris. Otage de l’emprise de cette nostalgie. Omnivore de ces mots que j’adore. Poésie, insomnie, mélancolie. Corps squelettiques et asthmatiques. D’un temps sensoriel et fusionnel. Ce peuple de mes cauchemars. Sans fard maquillés outrageusement. Avec la glaise de mes misères. Empruntée à l’hiver frileusement.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Je cours sur le fil de leurs lames. Parmi des sanglots à l’odeur d’ammoniac. Avec l’étrange sensation d’un imposteur. Prostré sous la cape de ses torpeurs. Dis-moi si encore je vis ? Mes mots ont-ils encore un sens ? Transportent-ils encore tes sens ? Je caresse l’âme et le corps de nos promesses. Comme un temps irradiant le firmament. De nos soleils brûlants et absents. Alors qu’il ne me reste qu’un compromis. Pactiser avec ma nostalgie.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. S’abat le rideau d’un mélodrame. Dans le reflet d’un verre de cognac. Tête lourde j’en goûte l’ivresse. Me baigne dans ses saignements. Passionnément tandis que se dresse. L’étendard de nos jours sans phare. J’erre sur l’échiquier de nos jeux abolis. De case en case sans repère. Ainsi sera posé notre présent immobile. Cette statue de nos âmes fragiles. Nues au froid et au vent de nos boniments. Parle-moi de nos mondes ? De cette terre féconde. Économe de ce présent qui gronde.
Là-bas derrière les ressacs de mon âme. Sur une plage pour mes verbes en vrac. Frissonnent et se balancent dans un hamac. Les peurs et le tohubohu infâme. De nos cœurs qui s’égarent dans un labyrinthe. Parmi les noirceurs de nos amours éteintes. Un océan aux vagues corrosives. Qui fabriquent ces douleurs excessives. Avec le sel posé sur nos plaies ouvertes. De nos regrets, de nos découvertes. J’irai dans le mois de mai cueillir le muguet. Dans la forêt vierge de mes erreurs. Pour t’offrir comme première lueur. La fragilité et la douceur enflammée. Du sang de leurs pétales immaculés.
Lire la suiteAnathème

Je sais les mots vertueux, le temps fiévreux. Un présent vieux, ridé et abimé. Un sourire sur ton visage impassible. Dans la frénésie de notre temps immobile. Nous deux assis inamovibles. Sur un rocher noir indélébile. A contempler le luxe vierge. D’une forêt aux arbres anémophiles. Le vent emportant le pollen de leurs enfants. Nés à la lumière d’un cierge. Lors d’une nuit banale et sans histoire.
Je touche les exaltations de nos exaspérations. Si présentes à chaque variation. De nos humeurs ou de nos fureurs. Tendres, enflammées avec leurs ondes enlacées. Entravées dans les hurlements du jour. Cette furie des caprices de nos amours. S’échappant, se poursuivant sur des désaccords. Sophistiqués de rouille et d’or. Le dernier éveil avant notre grand sommeil.
Je saisis le rêve endormi, l’anesthésie. Morose d’une bande de lycoses. Graciles en tissant leur toile fragile. Entre nos doigts rabougris. Caressant une peau assombrie. Par habitude, sans lassitude. Pour toujours, jusqu’à l’infini. Ce soir sur le mausolée d’une nuit. Transie et ces vertiges qui frémissent. Nos amours qui s’attendrissent.
Je vogue sur l’instant insaisissable. Parmi des vagues incontrôlables. En fuite dans l’infernale poursuite. De donner un sens à nos roulis. Tanguant entre raison et folie. Tout en parfumant la sensation inaboutie. De parler à tes rêves et de réveiller nos fièvres. En caressant tes lèvres. Avec des baies de genièvres.
Je suis les caricatures de nos ombres. Par folie, par instinct de survie. Sur un radeau dans la pénombre. Vers nos mers sans rivages. Sans pouvoir nous étendre sur la plage. Crépusculaire au sable de pierres. Leurs pointes aigues martyrisant notre peau nue. Cette vie insensible et sans envie. Soldats d’infortune comme dans le poème. Alors que ses vers ont lancé l’anathème.
Je parle de regrets, sans regret. Pour donner un corps à notre passé. Laissant une trace de nos effusions enflammées. Oubliant ce que nous avons été. Deux rescapés après s’être noyés. Là-bas dans un ailleurs effacé. Parmi les ombres qui nous ont accompagnés. Par fidélité, pour nous éprouver. Nous irons demain les abandonner. Lâchement sans nous retourner.
Et, il ne restera que les clapotements. D’un silence assourdissant et triomphant. Venant ourler notre profond sommeil. Noir comme la couleur de nos soleils. S’étendant sur un monde imaginaire. Où les pierres seront les arbres de nos déserts. Tentaculaires, vifs et protocolaires. Avec des mats portant nos oriflammes. Et que notre histoire s’achèvera dans les flammes.
Lire la suiteLes horizons perdus

Muette et absente dans le fracas de l’instant. Troublante et envahissante, elle comme une enfant. Si lentement s’enfuir et souffrir. Libellule d’un horizon perdu. Particule d’un moment suspendu. Dans ses habits de soie. Un soir sans loi. Marchant haut perchée. Le long du Danube éclairé. Par les feux de sa morosité. Sur les vagues le reflet. D’un visage abimé. Un peu assombri. Beaucoup vieilli. En épousant l’ennui. A la rencontre du crépuscule. Elle déambule. Ombre comme autrefois. Les doigts sur le parapet. Le nez dans son écharpe de soie. Une musique dans la tête. La ritournelle qui l’entête. Des pas derrière précipités. Ne pas se retourner. Ne pas savoir s’il est. Revenu de ces horizons perdus. Échafauds où ont succombé leurs maux. Entre les mains de bourreaux. Qui ont éviscérés leurs mots. Pour mieux les séparer. Ne plus jamais les rassembler. Comme çà en totale liberté. Par orgueil et stupidité. Sans le comprendre, ni l’entendre. Il ne reste que des rides. Le projet d’un grand vide. Un monde d’épaves. Des méduses dans la cave. Des souvenirs grandioses. Plongés dans le formol. Petites choses. Qui caracolent. Dans le carrosse de sa morosité. Hurlant à tue-tête les paroles. D’un texte emprunté au passé. Une promesse, une ivresse. Écrite au bout d’une table. Spontanément, passionnément. Mieux qu’une fable. Elle y croyait. C’était sa vérité. Indéfiniment à jamais. Sur ses horizons perdus. Le lichen est venu. Présent à en pourrir. L’instant à en vomir. Rock morbide d’un duo corrompu. Se détachant à perte de vue. Enfant du néant. Libellule d’un horizon perdu. Particule d’un moment suspendu. Dans ses habits de soie. Un soir sans loi. Elle marche haut perchée. Vers le jour qui va se lever. Et ne jamais se retourner.
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