Le soleil s’endormant
Quelque part. Plus loin, là-bas dans le lointain. Cette ombre qui prend le temps de s’habiller. De noir, de dentelles, d’oripeaux. Je pourrais lui ressembler. Si les lacs de mes nuits reflétaient son infini. Ils seraient bordés de fleurs, de coquelicots. Rouges comme le soir d’un soleil s’endormant. Je dessinerais des arabesques sur les ailes bleutées. De couchants aux soleils endormis. Alors que se lèverait le requiem d’un déclin programmé. Je parlerais d’hier comme s’il était présent et si. Dans la mélancolie d’un crépuscule momifié. Deux êtres sur une plage le regardaient. Nous pourrions être trois aussi.
Notre immobilité deviendrait fatalité. Si mes instants ne se vivaient pas en s’enfuyant. Sèves de lumière face au jour. Toujours nostalgique de cet instant se figeant. Flirtant avec la toile que ce voile. Noir, opaque et mystérieux, nomme langoureux. Je ressentirais l’accélération de mon affaiblissement. Frappant l’engourdissement de mes sens. A l’éveil de cette vraisemblance. J’esquisserais le frémissement d’un écarquillement. Une pulsation devant le soleil rougeoyant. Et, si nous devenions immortels en cet instant. Dans le simple émerveillement et si. J’attendais plus, un paradis ?
Je repousserais à plus tard le saisissement. Le frissonnement de vaciller et d’attendre. La peur de demain, la nostalgie d’hier, frémir d’entreprendre. Je pourrais devenir enfant de la pénombre. Glisser entre les montagnes sombres. Me délecter de cette infusion lente du temps. Alors, j’en deviendrais amoureux frénétiquement. A en crier, à en pleurer. Sans me retenir, sans faiblir. Sacralisant ces forces se libérant. Et, vers le soleil couchant je m’en irais. Aspiré, happé. Quelque part. Plus loin, là-bas dans le lointain.
Lire la suiteRomantique
Dès lors plus vite et plus fort. Dans le tournoiement incessant. Du tumulte de nos vies éparses. J’allumerai le brasier incandescent. De nos rires et de nos farces. En écrivant le testament hystérique. De notre néant mélancolique. Sur un parchemin de tempêtes. Saisissant la plume d’un matin de fête. En donnant la lecture à des hirondelles. Elles ressentiront l’intense frisson. Volcanique de nos sursauts. Intimes projetés vers l’horizon. Nous, seuls sur les flots. Provocateurs en passé mineur. Sans autre bagage que des parcelles de bonheur. Les pieds mouillés par la marée. En tricotant le présent. Il nous restera la possibilité de jurer. Fidélité à ce sentiment d’immobilité. Cette ferveur enflammée. Obsession immaculée. De rêver pour oublier. En donnant le droit à l’instant figé. De s’envoler et de tournoyer. Pour d’un dernier regard se dérober.
Nous laissant ce vide de rien. Le crépusculaire d’un monde imaginaire. Où je sais les pénombres gagnantes. Les matins fragiles et vains. Avec leurs couleurs pâles et violentes. Nous irons au bord de la mer marcher. Confiant à ses ondes naissantes. Le message d’une mélancolie apaisée. En nous souvenant des teintes orangées. D’un soir d’été sur la Baltique. Féérique il s’en était allé. Nous, dans le désir d’en retarder le départ. Seuls face à la langueur du hasard. Il nous reste la trace de cette fatalité. Un compromis soumis et incisif. Écarlate aux couleurs de sang. D’un temps chaque jour répétitif. Nous le savons prochain et naissant. On l’espère et on l’attend. Parmi les odeurs d’une brume voilée. Dans la vigueur d’une incertitude rampante. Il apparaîtra entre les ombres calcinées. Se répandra dans une tristesse éblouie. Puis s’effacera dans la paresse de notre nostalgie.
Et les lames des souvenirs. Se feront larmes de revenir. Demain dans le clapotis infini. Où l’infernal est viscéral. Le furieux impérieux. Alors que du présent versatile. Infuse l’espoir fatal. D’un bonheur immobile. Silhouettes solitaires sur la toile. D’un tableau de Friedrich le romantique. Voguant sur les vagues de la Baltique. Le voile d’un soleil capricieux. Main dans la main nous deux. Vers un quelconque avenir. Dans le silence de notre temps. Où les repères sont murmures. S’assoupir puis briser le mur. Chassant des montagnes glacées. Les terreurs de nos peurs immuables. Ces spectres tristes et désargentés. Hantés de leurs dérives impalpables. Et nous irons en conjurer le sort. En puisant dans la sève de notre corps. L’aube gracieuse d’espérances voluptueuses.
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L’orage pétrole
Un train de nuit dans un champ de tournesols. Jaune et pluie sous l’orage pétrole. Sur nos visages noirs et nostalgiques. Le charbon d’haleurs féériques. D’un jardin de tungstène où nous irons divaguer. Puis nous poser sur des bancs d’acier. Après avoir volé à des pivoines délicates. Des senteurs importées par une frégate. J’en ressens leurs vapeurs et leurs odeurs. Ce miel sur mes lèvres ; sur mes doigts cette moiteur. Stérile et incongrue que mes rêves fabriquent. Je tracerai des écailles dans le ciel. Et nous foulerons cette mosaïque. Dans la chaleur torride de nos langueurs insipides. Fluides et conquérantes parmi les vagues et la brume. Découvrant d’autres mondes que l’écho exhume. Avant de les comparer aux tubercules. De nos soleils souterrains. Là où s’ébattent les funambules. De nos projets sans lendemain.
Lire la suiteMa muse
Alors que mes mots écrivent à ton cœur absent. Je ressens l’appel d’une pensée confuse. Le chant d’une sirène s’endormant. Muse d’une éternelle présence invisible. A qui je donne la forme de nuages. Filles de mes ombres insubmersibles. Toujours en rébellion presque volages. Parlant avec acidité à ma mélancolie. En dessinant les caractères et les frontières. De mes relations tumultueuses. Avec des aubes impassibles et voluptueuses. Ainsi s’en vont les marées vers un ailleurs. Où s’endorment les victimes de nos fureurs. Dans les cris et les maux de notre folie.
Je tangue sur les flots. Entre les mains les plumes de l’oiseau. Cet enfant emportant nos rêves. Nourris de notre imagination blême. Bien avant que le jour ne se lève. J’aime la pénombre et ses couleurs crème. La vingt-cinquième heure de nos turbulences. Quand l’instant devient blé intense. Cet or s’écoulant sur nos deux corps. Avant que ne survienne la mort. De nos nuits teintées par l’aube affadie. Je hais ce temps. Distillant l’acide de ma nostalgie. Triomphante et vulgaire dans un verre gris. Il m’en reste le goût sur les lèvres. Dans la pâleur d’un matin mièvre.
Alors nous partirons au bal des absents. Survivants à nos essentielles cabossées. Sourds aux notes lourdes d’un requiem. Et, je dessinerai sur le sable. Le tracé de nos visages ridés. En aimant nos gouvernails fous. Ces dérives sans but. Instants offerts aux loups. Leurs rages, leurs luttes. Nous spectateurs et voyeurs. Dans une clairière au cœur d’un labyrinthe boisé. J’ai même pensé t’embrasser. Dans la silhouette d’une pensée. Confuse que je dédie à toi ma muse. Tandis que mes mots écrivent à ton cœur absent. Le chant d’une sirène s’endormant.
Lire la suiteLe cœur de nos murailles
Toute fracture est une injure. Tout parjure est impur. Mais je veux croire en l’imparable. Plus fort que le cœur de nos murailles. Affable parle-moi de nos tentations. En léchant le sang de nos batailles. J’entendrai le chaos d’une résurrection. En séduction du roulis de nos âmes transies. Alors nous adopterons l’intensité de nos fragilités. Ces particules suspendues dans l’air. En compromis avec nos effusions amères. Moi versatile et accroupi. Devant l’aube adultère. D’une transgression avec la nuit.
Je dessinerai sur la toile de l’impossible. Les squelettes d’une force impassible. Se baignant dans la fatalité incurvée. D’un reflet se fracturant au bout d’une larme. Ton corps à toucher mes mains. Dans la langueur d’un charme. Je veux éduquer notre présent mesquin. Avec un hiver de labours, de chevaux fous. On parlera de dieu, de nous, de tout. Puis nous irons dans le jardin insouciant. Cueillir les roses d’un temps impatient.
Nos enfants nous regarderons comme des parents. Attendrons plus que nos faiblesses. Mieux que notre paresse. Le sel et le miel d’une protection éternelle. Sur le socle de notre impuissance. Je te fais cette confidence. D’un destin fragile et incertain. Où battra notre cœur avec ses lenteurs. Illuminant l’alcôve d’un azur bleu. Dans les limbes de nos rêves antiques. Inaccessibles au présent merveilleux. On se suffira d’une espérance prophétique. Et définir un avenir pour nous deux.
Et dans l’allégresse de nos deux corps. Devant l’autel d’un présent mystique. Nos croix seront d’or. Notre temps euphorique. Alors que le peuple d’hier. Ourlera l’éclat de nos récifs. Aiguisés et fiers. Rouge sang à vif. Comme le soleil de nos mélancolies. Cette sève qui nous envahit. Probable et furieuse. Aussi je polis. Notre arrogance capricieuse. Devant la promesse de nos volets clos. En caressant ton dos, ta peau. En offrant à nos éveils triomphants. Le tableau de nos plénitudes s’endormant.
Puis demain nous partirons à la rencontre de rien. Dans un jardin où le temps caressera nos mains. En offrant ses tours de magie à nos insomnies. Et dans l’air se distillera l’exaltation passive. De nos effusions cristallines. Adoucissant nos tristesses invasives. Alors nous écrirons à la pointe d’une mine. La calligraphie d’un poème atone. Que nous réciterons aphones. Aux anges de nos démons. Pour les charmer en voltigeurs annonciateurs. Du prochain sermon de nos oraisons.
Lire la suiteUn château aux rêves fous
Ce matin nous narguerons l’aube turbulente. Foulant les blés de la pointe des pieds. Puis nous regagnerons notre château, ses fientes. Où ruisselle l’ennui, se recroqueville le fruit. De nos dérives crépusculaires. Je sais les ressacs de nos âmes vulgaires. Humanisées par la mélancolie de notre infertilité. A concevoir un monde chamarré. Où le noir est triste et bleuté. Scintillant parmi des oiseaux d’or. Ces étincelles, notre ciel. Avant que ne s’assoupissent nos deux corps. Un matin au bout d’une nuit. Après avoir piétiné les landes et les forêts. Nous entravés dans la toile de la fatalité. Qui fait de l’ennui un complice averti. J’attends le premier lever de nos soleils. Cet appel à s’échapper en plaçant dans l’escarcelle. Nos faiblesses honteuses et rebelles. Et, nous dormirons dans le silence. D’une outrance de bienséance. Tels deux spectres fuyant le jour. Par amour et pour toujours.
Alors dans la conjoncture capricieuse. De notre tempérance passive et insidieuse. Je brouillerai l’instant parmi les remous. Des douves de nos marécages. Entourant un château aux rêves fous. Construit pour abriter nos mirages. J’attendrai un ciel fauve et lunaire. Recouvrant notre héritage. Devant ces murs de pierres. Où seront gravées nos épitaphes. Sur les sursauts d’un sismographe. Quand notre terre tremblera ou semblera. N’être qu’un épiphonème de tendresse. D’une accoutumance à nos impolitesses. Je te sais conquérante, excessive et intrusive. Faisant frissonner l’air que tu transgresses. J’aimerai ce vent venu indéfiniment. Des fractures de nos impostures. Dessinant sur les nuages des ombres. En noir et en contraste. Vaporeuses et chastes. Et, nous partagerons leur poème sombre. Assis sur un banc rutilant. En riant de leurs horreurs frénétiques. Épousant l’inconnu jusqu’à perte de vue. Imprégnée de nos douleurs hérétiques.
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