Quarantaine. Jour 1. L’inconnu

J’irai à la conquête de citadelles. Sous des soleils radieux et méprisants. Dans l’impertinence provocatrice. D’être transfiguré et absent. Porté par une illusion banale. Sur des terres sans hospices. Où s’éclaire un temps carcéral. Sous l’éclat jaunâtre d’un fanal. Mes pas seront lourds et pénétrants. Dans cette vase collant à mes sabots. Piétinant les viscères de mes idéaux. Sous le regard de charognards sortis de tripots. Lorgnant sur ce festin incestueux. Entre ce que je fus et ne suis plus. Gueux du néant et de son absolu. Je me noie dans leurs tourbillons. Désenchanté et sans contre façon.
J’irai à la conquête de citadelles. Sur le dernier quart d’une lune. Chevauchant l’inutile en articulant des phrases inaudibles. Pour séduire une sirène au fond d’une lagune. Irascible, elle jouera avec mes caprices, en fera des tresses. De misère, matière à alimenter un bûcher d’allégresse. Je deviendrais l’otage de ses concessions hasardeuses. Aux fruits du temps et de leurs enfants. Tous insidieux et nostalgiques, particules du futile. Cette corde tendue entre mon imagination et mon présent. Devant la porte de bois, sa main et le froid. De nos turpitudes emblématiques. Lorsque mon cœur deviendra mélancolique.
J’irai à la conquête de citadelles. Aux trésors sanguinolents et prospères. La pierre et le feu de nos silex chapardeurs. Des lumières d’un autre temps à la naissance du faon. Gracile et naïf dans la pénombre de ces bois. Hâbleurs moqués par les rondeurs d’un soleil. Noir comme les catacombes de mon âme. Pareille à la prospérité envieuse qui se pâme. D’oriflammes vertueux en tétanisant l’inexistant. Moi, qui ne suis que rien et vulgaire. Je tremble à l’évocation de ces fureurs intransigeantes et fugaces. Leurs faces hagardes et leurs hurlements de mégères. Toutes ces couleurs sanguinaires qui m’agacent…
Lire la suiteLes amants du château

D’hier et d’aujourd’hui au creux de la nuit. S’ébattent les fantômes de maintenant et d’autrefois. Ici dans le calme d’un couloir aux murs blancs. Portés par le silence dans le soir qui s’étend. En cajolant des onces de mauvaise foi. Ils jouent de ces mensonges vulgaires qui s’agglomèrent. Aux craintes intuitives, aux soubresauts furtifs. Je parle de ces exceptions captives, de ces pleurs inexpressifs. Lorsque bruisse l’ennui de leurs pas. Dans le crépuscule de leur lassitude. Là éphémère et toujours amère.
Ils ont d’hier et d’aujourd’hui une attitude. Celle d’attendre le pire et de s’enivrer. De ces instants mièvres et nécrosés. Comme s’il s’agissait d’une température idéale. Pour réchauffer ce sang noir et glacial. Qui parcoure les veines d’un château crépusculaire. Où les mythes sont d’actualité en ce soir de bal. Nous irons aux bras de fantômes aux regards fatals. Fiers de briller sous l’éclat d’une lune banale. Dans un tourbillon invisible. Réunis par cette sensation imprévisible. De frapper à la porte de s’aimer.
D’hier et d’aujourd’hui comme s’il en avait toujours été. Ainsi proches avec cette profusion d’immortalité. Dans les veines et le cœur. Faisant exploser ces approximations. Tous ces interdits lorsque nous avons failli. Nos fautes, nos erreurs. Dans l’explosion silencieuse de notre passion. Je pense à ces fragments de temps. Qui sous nos pieds s’enlacent fugacement. Fantômes méticuleux de ce bien si précieux. Habiter le passé en oubliant d’avoir été. Et, se projetant ainsi vers de nouveaux étés.
J’ai d’hier et d’aujourd’hui le goût d’un sel. Aux larmes de mer, au sol de marées salants. Quand s’emporte l’ouragan, que hurle sa ritournelle. Plus loin que ces nuits crépusculaires dans le château. Aux rêves tristes et envahissants. Aux couloirs vides et étouffants. Je pousse les portes de l’ennui pour visiter des amis. Ayant fait du néant un amant castrateur. Nous devisons de tout, de rien, de nos peurs. Lorsque se lève l’aube d’un matin intérieur. Et qu’il faudra s’alanguir de cette pesanteur.
D’hier et d’aujourd’hui tangue toute absence de vérité. Avec cette couleur de l’alcool dans une eau fruitée. Qui exagère la dépendance à ce sentiment de fragilité. Nous fantômes de chaque journée dupliquée. Cherchant dans la glaise un reflet doré. Dans le miroir, il n’y a que des morceaux décomposés. Qui bout à bout composent l’ennui. Cette partition désaccordée.Sur laquelle au bal d’hier nous avons dansé. Sur laquelle au bal d’aujourd’hui nous irons danser. Tout en sachant que s’aimer sera indispensable pour ne pas s’oublier.
Lire la suiteLe soir

J’entends le bruit du silence éparse et omniprésent. Accroché aux exaspérations du vent. S’enroulant entre les doigts des éléments. Outrepassant ses droits exagérément. Sans se douter de l’ironie. Du calme qui m’envahit. Alors que dehors souffle l’ouragan.Je ne veux plus penser. Ni même imaginer. Le soir en m’endormant. Aux bruits, aux sourires du passé. Comme s’ils n’avaient jamais existé. Comme s’ils n’avaient jamais été.
Je ne veux plus parler. Je ne veux plus caresser. Le vulgaire magnifiant les temps d’hier. Leur donnant le symbole de belles manières. J’ai joué tous les rôles. Sans jamais trouver drôle. Les nuits sans lune. Les jours sans lumière. Traînant dans les dunes. Regardant pousser le lierre. Sur de vieilles pierres. Comme si c’était l’unique vérité. Une forme instable d’immortalité. Figée et collée pour l’éternité. Sans aucune larme de regret.
Je ne veux plus regarder. Je ne veux plus contempler. Les absurdités qui ont souvent été. De profondes certitudes énoncées. Toutes venues parsemer une histoire. Celle gravée dans la mémoire. D’un chemin parcouru pas à pas. Entre fatalité et bon vouloir. Là dans une bonté illusoire. A donner un son à des illusions. Une parole abondante avec quelques passions. Une sensation de destinée. Aux couleurs d’un ciel d’été.
J’entends le bruit du silence éparse et omniprésent. Accroché aux exaspérations du vent. Et, je ne ne peux m’empêcher de penser. Aux fantômes si souvent rencontrés. Tous ayant été des points de passage. Des étapes pour chaque âge. Puis s’en sont allés. Sans même remarquer. Qu’ils s’étaient évaporés. Emportant leurs ombres. Dans les nuits sombres. D’une armoire entassant la mémoire. Que le silence entrouvre parfois le soir.
Lire la suiteUn rêve

J’ai fait ce rêve étrange. D’être spectateur d’un temps inactif et passif. D’un vide émotionnel et qui dérange. Au silence corseté de trop d’ennui. J’ai fait ce rêve étrange. D’être acteur d’un temps explosif et corrosif. D’un instant en fusion orange. Au soleil morcelé et décomposé. Dont les réverbérations enchantent. Flirtant avec un néant envahissant. Oh de rien, il ne reste rien ! Si ce n’est d’ultimes assauts. Des tumultes incessants et vertigineux. Qui dérivent ça et là confus. Longeant des murs orgueilleux. Où sont gravés des espoirs révolus.
Lire la suiteUn silence insolent

Un roman inachevé de quelques mots égarés. Tracés au sang noir de vents violents. Profanant des tombes aux pierres lézardées. Flétrissant tant de nuits d’ennui démultipliées. Alors que s’abat un silence envahissant et angoissant. Venant distiller dans le cœur un froid saisissant. Comme une trace de rancœur fragile et indolente.
Puissante et étouffante, elle est une cicatrice béante. Dont les reliefs sont les Everest de mes impuissances. Les insuffisances immatures de ma dépendance. Aux vestiges d’un passé révolu. Auquel j’accordais tant d’absolu. Il est aujourd’hui le néant. Dans un labyrinthe de tourments. Aux murs tagués de mots écorchés.
Là où flamboie le soleil éternel. De matins frileux et silencieux. Dans l’appel de piétiner les traces oubliées. Et de tremper les pieds dans la glaise enflammée. Recouvrant les humeurs d’hier et d’aujourd’hui. En apostrophant le présent avec impudeur. Sans leurre, sans peur, ni rancœur. Comme si la fatalité n’était qu’un pantin désarticulé.
Du tout là-haut jouant de ses mains. Avec les fils de jours sans fin. Étirant leur ennui dans un silence hypocrite. Rite de chaque aube lorsque la plaine sourit. Aux sarcasmes d’un soleil inabouti. Alors que la pénombre épouse une aube d’or. Et que ma main tremble sur le parchemin. D’un roman inachevé de quelques mots égarés.
Quand il me reste à moudre le présent, pendre l’absent.
Et faire d’hier le monument d’un silence insolent…
Lire la suiteLes caprices de l’aube

J’ai l’impudeur de croire aux caprices de l’aube. A cette lumière blanchâtre sortie de l’âtre. Où l’infortune de mes songes portent l’aube. Des simples et des miséricordieux. Progressant fragiles et anxieux. Sur le parterre d’un chemin de pierres. Vers des lendemains qu’ils redoutent ténébreux. Lorsque tremble l’ouragan versatile. Qui s’engouffre dans les fissures de mes pas. Il m’habite et me hante. Il m’invite et me tente. Là dans les près de l’été. Parmi les spasmes de violoncelles incertains. Et m’apporte la mélodie de leur mélancolie. Aujourd’hui dans l’aube de ce matin. Je la rudoie et je m’apitoie. Sur le sort de ses tremblements infinis.
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