Quarantaine. Jour 41. Nuit

J’irai me promener cette nuit. Dans les rues vides aux lumières tamisées de couleurs orangées. J’aime la pierre des maisons, l’abrupt fondateur de leurs limites au regard qui viennent canaliser toutes formes de peurs. Je me sens vide. J’apprécie ce sentiment lancinant. Il se répète à chaque pas, berce mon ennui. J’aime la nuit. Elle fait partie de moi. Je l’aime comme un bouclier invisible. Elle me protège du bruit, des fureurs, de l’agitation qui se répand le matin lorsque je m’éveille, le chat sur la poitrine. Il a dû s’endormir lorsque je me suis assoupi cette nuit.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 40. Quarante

Je sais qu’il existe des portes qui ne s’ouvrent pas. Que derrière traînent des odeurs frelatées capables de nous envenimer. Tu me l’avais dit. Mais, dans l’inconstance de mon quotidien, je n’y avais pas apporté attention. Nous étions dans un autre monde parallèle. Où les idées se nourrissent et se meurent dans la beauté de moments tranquilles et doux. Il n’y avait pas de violence entre nous. Je ne savais pas ce qu’était souffrir d’amour. Tu étais là en permanence, pour moi toujours.
C’était bien.
Nous étions si bien.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 39. Triste

Le chat se réveille, il plante ses griffes en s’étirant.
Il m’extirpe de mes rêveries. Je blêmis en pensant à notre passé comme s’il s’agissait d’une simple rêverie. C’est mesquin, limitatif et infantilisant. Pourtant, c’est cette expression qui m’est venue à l’esprit. Nous deux étions dans un rêve. Il en avait le coton, la douceur blanche d’une ouate protectrice et bienfaitrice. Nous ne savions pas qu’en dehors rodait la tristesse.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 38. Imaginaire

Je ne t’ai pas creusé de tombe. Toi, ma muse imaginaire. Tu l’aurais refusé de toute manière. Tu disais vouloir partir et être oubliée. Ne pas devenir posthume et objet de culte. Tu savais que j’aurais souffert d’être présent à tes obsèques, de devoir pleurer et m’apitoyer. Tu ajoutais que mon cœur saurait conserver quelques éclats de lueur. Tu invoquais notre passé comme ce temps de félicité à devoir conserver. Tu seras heureuse de savoir que je l’ai embaumé. Avec ma peine, mes remords dans du papier glacé. Souviens-toi de nos vols sur les étendues gelées, les montagnes blanches et givrées. Nous allions si loin vers des univers sans fin. Dans le froid, le silence revêtus de la douleur blanche de l’ennui.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 37. Esprit

C’est certainement ton plus grand présent. Ce bouclier qui me protège de ces doutes qui m’assiègent. Ils sont mortifères. J’aime ce mot et rejette sa symbolique. Il est ce venin volatile d’un mauvais esprit. Celui que l’on vaporise pour ajouter au mal une odeur entêtante et infamante. Tu m’as enseigné les raisons et la déraison de tant de plaisirs malsains. Ceux qui s’introduisent dans l’esprit, se nichent et s’enkystent comme des huîtres sur un rocher. Et que rien ne peut décrocher.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 36. Béquille

Je me suis endormi.
Comme si je mourrais, une nouvelle fois. D’absence de toi en pensant à ce que je t’avais fait. Une répétition d’actes et de peines dans la vapeur d’une nuit et de ses langueurs. Sans penser à demain. Juste à l’instant minimaliste et suffisant pour nourrir ma mélancolie.
Elle est cette béquille du présent.
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