Le fantôme derrière la fenêtre

Alors que je m’extasiais stupidement pour des banalités
Et que je me répandais inutilement dans des élans indolores
J’hésitais à me projeter là-bas vers les contreforts de l’horizon
Pendant que mes frustrations avaient la résonance de mes afflictions
Aussi, je dus implorer indûment un couple de colombes multicolores
Ténébreux, il revenait enfiévré d’une ronde achevée par un vol de nuit
Il portait pesamment en bandoulière sur l’épaule un sac de nostalgie
Et passa si haut au-dessus du jardin puis alla se poser dans le lointain
J’aurais aimé qu’il s’approche et me parle de son voyage transafricain
Me fasse rêver par des artifices primaires et profondément enfantins
Que je puisse m’évader avec lui loin de ce présent insipide et contraint
Mais le ciel se couvrit de nuages anxieux tous bleutés et mouchetés
Je vis alors sortir de mes labyrinthes des fantômes endimanchés
Doux et vulgaires, ils voyageaient en solitaires dans l’air
Flottant sur des champs irradiés d’une aube blanche et amère
Je les ai observés sobrement prostré derrière ma fenêtre
Cette barrière entre eux et mon présent où s’enchevêtre
Les cadavres des mes errances filandreuses et giboyeuses
Parmi les galeries et les alcôves d’un château renaissance
J’erre entre les fils du temps me prélassant dans la nonchalance
Je somnole, me traîne, sacralisant une errance insipide et sans envie
Alors que le silence hurle sa cacophonie exaltée et foudroyante
Je suis invisible, fantomatique, totalement accompli dans ma vie
Je m’époumone en bafouant le néant d’une inutilité renversante
Pendant que j’inspire la poussière survoltée d’une haine flétrie
Lire la suiteUtopies

J’ai oublié le goût de nos prostrations mornes et fades
Les aigreurs passées et inférieures de nos escapades
Sur des sables rouges teintés de multiples couleurs
Allant par fatalité récolter dans le creuset de nos peurs
Des symboles parmi les nuits étoilées de nos ciels noirs
Ces temples où tremble le muguet d’un printemps bleuté
Je suis invisible derrière l’idée opaque de vouloir croire
Aux utopies fiévreuses faîtes d’un sang triste et valeureux
Elles se jouent de nous, folles nous prennent pour des fous
En se prélassant sur des paillasses sous le soleil turquoise
De nos versatilités transies sur les eaux de la mer d’Iroise
Ces mirages venus déformer nos projections enflammées
J’écarte les doigts en laissant filtrer ce sable doux et tempéré
Alors que des caprices intemporels aux plaies affreuses
Regardent l’avenir et nous parlent de leurs utopies fiévreuses
Lire la suiteL’âme qui nous unissait

De nos options passées je n’ai gardé que le sel de la modernité
Cette forme impalpable de vibrer au modeste son d’une pensée
De m’apitoyer sur les variations d’une idée née dans la voie lactée
Et de croire dans l’impossible espoir de nos tendresses frelatées
J’ai alors accepté de sombrer dans cette attente frileuse et angoissée
Faîte de nos inhumanités chapardées où les ombres sont exorcisées
Sous les ramures grotesques d’arches de pierres aux voûtes dorées
Elles apportent de la fraîcheur aux laves de nos éruptions bleutées
Lorsque nos haines s’érodent sur le verni de nos accords déprogrammés
Et que des mots enfiévrés propagent un incendie de paroles enflammées
J’ai alors la faiblesse de me laisser séduire par une tentation d’oublier
De faire corps avec l’inutilité, de m’effacer et de céder à l’inhumanité
Volatile de m’éroder entre les interstices d’une aube impure et corsetée
Autour de nos oraisons passées où fuir constituait une alternative dorée
A cet empressement de brûler sur un bûcher l’âme de ce qui nous unissait
Lire la suiteRequiem

Il y a cette léthargie de l’âme, cette infusion des sentiments
Qui se volatilisent en couleurs d’argent dans le firmament
Violents et tendres à la fois, ils louvoient entre les troncs
D’une forêt enfouie sous l’aube d’une hibernation sans fin
Demain est là fort, impassible quand nos âmes s’éteindront
Passionnées, sublimes et tellement mièvres aussi
Je mesure l’infini, le manque, le néant tout réside ici
Parmi ces mots insipides, incapables de panser les cicatrices
De la fin, de ce terme venu s’imposer comme un sacrifice
Ultime avec cette liberté entravée entre les filets du temps
Travesti dans les habits de l’absence et du vide indéfiniment
J’observe la virtuosité de tant d’errances intolérantes
Ces escarres balafrant le derme d’essences évanescentes
J’entends leurs caprices versatiles, leurs âmes provocatrices
Toutes sont incandescentes lorsque s’abat la mélancolie
Cette aube virginale sur l’écran noir de nos tristes nuits
Là où fécondes s’ébat l’ombre aux tentacules factices
Qui enserrent les rameaux de notre passé en les effaçant
J’entends leurs appels, leurs souffles, le silence du néant
Et je brûle sur les braises de ce souvenir pâle et enfiévré
Lire la suiteOmbres

Blanches comme l’aube de pèlerins invisibles
Impassibles et fugaces furent nos ombres
Entre les branches de forêts rouges et sombres
Pendant que volaient des corbeaux dans un ciel d’azur
Diamants étincelants sur une toile bordée de dorures
Étrangement il faisait un froid absolu sur cette journée
En ce jour de parade pour des gnomes endimanchés
Dansant rieurs et farceurs, complices de nos impostures
Ces fadeurs d’errer ailleurs si loin de notre futur
Quand le présent est impasse, qu’hier est enterré
J’entendais le silence sur nous recroquevillés
Impassibles et fugaces furent nos ombres
Entre les branches de forêts rouges et sombres
Lire la suiteUn matin

Mon sang s’écoule noir sur les feuilles de la pénombre
Et trace les lettres d’un nom, le tien, ô toi mon ombre
Quand dans l’aube je vais sur les terres blanches piétiner
Les fleurs mortes d’un sanctuaire oublié et à jamais effacé
Un matin, une nuit, maintenant entre tes mains
Je goûte l’interdit de nos substances vénéneuses
J’aime la pâleur de nos visages, celle de nos peurs
Et toutes ces nuits quand je dors et que tu vagabondes
Sur les eaux d’un lac alors que fusionnent nos ondes
Frileuses, parties hagardes hanter cette forêt ténébreuse
Où, sur une forge, leurs âmes martèlent le sel de nos fureurs
Alors que nos mondes se bousculent et s’entrechoquent
J’aime que tes ailes caressent mes rêves intemporels
A jamais morcelés par les fragments de multiples chocs
Et que s’agglomèrent les chaos de nos vertiges
Derrière la muraille de pierres de nos impudeurs
J’aime leurs cavaliers, leurs chevaliers, leurs voltiges
Riant, s’emballant, cavalant sur le fuseau de nos terreurs
Dis-moi que leurs violences ne sont que déraisonnables
J’ai besoin de cette certitude pour rester encore affable
Quand dans l’aube je vais sur les terres blanches piétiner
Les fleurs mortes d’un sanctuaire oublié et à jamais effacé
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