L’âme qui nous unissait

De nos options passées je n’ai gardé que le sel de la modernité
Cette forme impalpable de vibrer au modeste son d’une pensée
De m’apitoyer sur les variations d’une idée née dans la voie lactée
Et de croire dans l’impossible espoir de nos tendresses frelatées
J’ai alors accepté de sombrer dans cette attente frileuse et angoissée
Faîte de nos inhumanités chapardées où les ombres sont exorcisées
Sous les ramures grotesques d’arches de pierres aux voûtes dorées
Elles apportent de la fraîcheur aux laves de nos éruptions bleutées
Lorsque nos haines s’érodent sur le verni de nos accords déprogrammés
Et que des mots enfiévrés propagent un incendie de paroles enflammées
J’ai alors la faiblesse de me laisser séduire par une tentation d’oublier
De faire corps avec l’inutilité, de m’effacer et de céder à l’inhumanité
Volatile de m’éroder entre les interstices d’une aube impure et corsetée
Autour de nos oraisons passées où fuir constituait une alternative dorée
A cet empressement de brûler sur un bûcher l’âme de ce qui nous unissait
Lire la suiteRequiem

Il y a cette léthargie de l’âme, cette infusion des sentiments
Qui se volatilisent en couleurs d’argent dans le firmament
Violents et tendres à la fois, ils louvoient entre les troncs
D’une forêt enfouie sous l’aube d’une hibernation sans fin
Demain est là fort, impassible quand nos âmes s’éteindront
Passionnées, sublimes et tellement mièvres aussi
Je mesure l’infini, le manque, le néant tout réside ici
Parmi ces mots insipides, incapables de panser les cicatrices
De la fin, de ce terme venu s’imposer comme un sacrifice
Ultime avec cette liberté entravée entre les filets du temps
Travesti dans les habits de l’absence et du vide indéfiniment
J’observe la virtuosité de tant d’errances intolérantes
Ces escarres balafrant le derme d’essences évanescentes
J’entends leurs caprices versatiles, leurs âmes provocatrices
Toutes sont incandescentes lorsque s’abat la mélancolie
Cette aube virginale sur l’écran noir de nos tristes nuits
Là où fécondes s’ébat l’ombre aux tentacules factices
Qui enserrent les rameaux de notre passé en les effaçant
J’entends leurs appels, leurs souffles, le silence du néant
Et je brûle sur les braises de ce souvenir pâle et enfiévré
Lire la suiteOmbres

Blanches comme l’aube de pèlerins invisibles
Impassibles et fugaces furent nos ombres
Entre les branches de forêts rouges et sombres
Pendant que volaient des corbeaux dans un ciel d’azur
Diamants étincelants sur une toile bordée de dorures
Étrangement il faisait un froid absolu sur cette journée
En ce jour de parade pour des gnomes endimanchés
Dansant rieurs et farceurs, complices de nos impostures
Ces fadeurs d’errer ailleurs si loin de notre futur
Quand le présent est impasse, qu’hier est enterré
J’entendais le silence sur nous recroquevillés
Impassibles et fugaces furent nos ombres
Entre les branches de forêts rouges et sombres
Lire la suiteUn matin

Mon sang s’écoule noir sur les feuilles de la pénombre
Et trace les lettres d’un nom, le tien, ô toi mon ombre
Quand dans l’aube je vais sur les terres blanches piétiner
Les fleurs mortes d’un sanctuaire oublié et à jamais effacé
Un matin, une nuit, maintenant entre tes mains
Je goûte l’interdit de nos substances vénéneuses
J’aime la pâleur de nos visages, celle de nos peurs
Et toutes ces nuits quand je dors et que tu vagabondes
Sur les eaux d’un lac alors que fusionnent nos ondes
Frileuses, parties hagardes hanter cette forêt ténébreuse
Où, sur une forge, leurs âmes martèlent le sel de nos fureurs
Alors que nos mondes se bousculent et s’entrechoquent
J’aime que tes ailes caressent mes rêves intemporels
A jamais morcelés par les fragments de multiples chocs
Et que s’agglomèrent les chaos de nos vertiges
Derrière la muraille de pierres de nos impudeurs
J’aime leurs cavaliers, leurs chevaliers, leurs voltiges
Riant, s’emballant, cavalant sur le fuseau de nos terreurs
Dis-moi que leurs violences ne sont que déraisonnables
J’ai besoin de cette certitude pour rester encore affable
Quand dans l’aube je vais sur les terres blanches piétiner
Les fleurs mortes d’un sanctuaire oublié et à jamais effacé
Lire la suiteAspiration

J’ai cette aspiration d’une attente incommensurable
Alors qu’à ton cœur éploré je parle le langage inexorable
De nuits passées solitaires dans des allées crépusculaires
Quand ces soirs, nos pleurs deviennent féconds et prospères
Sont le souvenir de notre flamboyance ou de notre attirance
Pour des ciels d’argent s’étalant sur des océans luminescents
Pour des ailes d’argent s’étendant sur un présent s’évaporant
Je m’endors et m’envole orgueilleux vers ces paradis illusoires
J’aspire à l’impossible victorieux, à l’inutile sans jamais savoir
Si ton cœur éploré pourra accepter et supporter ou endiguer
Les incapacités venues nous hanter, nous abimer ces années
J’ai cette aspiration d’une attente insondable
Lutter et rêver alors que j’en suis incapable
Lire la suiteL’appel

J’ai l’impertinence de croire aux vagues sombres d’un soir
Placées artificiellement en courbes majestueuses et provocantes
Pour me rappeler la prospérité de nos confusions impatientes
Goguenardes lorsqu’elles se prélassent nues devant un miroir
Désespérées d’avoir oublié de hurler face au vent leurs infidélités
J’entends aussi le souffle de leur manque, cet essoufflement accéléré
Parcouru de mille feux tendus sur le dos d’un arc en ciel
Dansant sur un pont entre nos attentes permanentes et virtuelles
Placé là comme si nous étions des compagnons d’une autre rive
Je te regarde et j’entends les cris de nos manques qui avivent
Ce doute de comprendre que le mot heureux s’égare dans un monde en feu
Au travers de nuages liquoreux où s’ébattent des myriades d’étoiles bleues
Ne pleure pas quand les escarcelles de leurs échardes écorchent ton âme
Admire la résilience du vent, cet auteur inconnu pour ses mélodrames
Fuyants et agiles entre les phalanges de mains jointes et contraintes
Lorsque nos silhouettes ne sont plus que le son d’une longue plainte
Et que nous divaguons inanimés sur la plaine d’un désert impassible
Brûle en nous l’ardent désir d’un affrontement étrange et irrésistible
Sur le derme du passé de nos mélancolies soyeuses et ténébreuses
On s’éprouve, on s’abîme devant l’abîme de ces tendresses poussiéreuses
On joue avec les pièces de ce puzzle décomposé afin d’en extraire le sel
Ce caractère d’un avenir fécond que l’on espère et que l’on appelle
Lire la suite