Au palais des merveilles

Au palais des merveilles, à la fin du voyage intérieur
Il y a ce silence passif, cette infernale imposture
Qui annihile toute forme de vision postérieure
J’ai le goût de cette transhumance à l’humus immature
Je pleure ces instants frileux qui transforment le temps
En de funestes nostalgies encombrées de fantômes
Prenant des postures mortelles, ambiguës, à tout moment
Pour s’extasier sur les années placées sous le dôme
De soie verte qui évoque un avenir rose comme des flamants
Prenant la poudre d’escampette sous la courbe de l’azur
J’ai ce ciment qui me retient au sol, me donne de l’allure
Comme le patriarche d’une pensée inutile qui préfigure
L’errance de nos accoutumances à une forme de dépendance
Et j’invoque mes oublis passifs pour qu’ils effacent l’époque
Statique qui fredonne le La d’un accord viral qui s’entrechoque
Sur le tambour battant d’une armée invisible recouverte de bleus
Battant la campagne en allumant des feux à la pointe de ses épieux
Lire la suiteEnnui

Il y a l’ivresse de ces nuits d’insomnies
Transportées par des alcools chargés d’ennui
A s’abîmer dans le dédale de forêts enneigées
Là où somnolent les ogres affamés et sans pitié
Qui guettent entre les branches des alvéoles
Les essaims parsemées de chevaux qui caracolent
Sur les plaines ensoleillées d’un ancien passé
Ils vont crinières aux vents au ras des cimetières
Longeant le lierre en galopant émerveillés
Sur le satin d’une herbe luisante et fière
Ils sont l’esprit d’une enivrante mélancolie
Coulant le matin des nuages bleutés et transis
Toute forme d’abandon n’est que nostalgie
Son sucre n’est pas miel, il n’est que sacrificiel
Aux vautours de se délecter de ses transhumances
Passives ou le lait n’a de maternel que l’essence
De fléaux qui s’entortillent dans le vent et l’ivresse
Pleurent les colombes grises aux taches mouchetées
Elles qui ont compris l’aversion de l’infortune irisée
Les bateaux de l’ennui sont plats, prêts à chavirer
A jamais ventrus dans l’apocalypse embaumée
Alors que poussent les tamaris sur des rives carbonisées
Lire la suiteTout là-bas

Montre-moi que je ne m’égare pas, que mon cœur résistera
Qu’il sera plus fort que les rives sombres d’un ailleurs las
Je ressens ses peurs, je vois ses laideurs, elles sont d’ici
En ce lieu où bat la vie où tout n’est que transi, noirci
Ses ombres portent des masques qui les griment, les affadissent
Elles sont volages, sensibles, voluptueuses, elles trahissent
La ferveur d’une aurore au goût de vanille qui s’entortille
Parmi les volutes d’un feu de bois au cœur de sombres forêts
Cette odeur m’emporte vers les tombes de vieilles pensées
Mortes d’avoir frelaté avec quelques vautours trop sensibles
Elles ne sont plus que des ancêtres ridées et irascibles
J’étends les bras, mes mains les touchent, les reconnaissent
A leur inconstance, leur suffisance, je ressens leurs faiblesses
Qui m’emportent vers les rives sombres d’un ailleurs las
Là où s’endort la passion quand se couche le soleil tout là-bas
Lire la suiteLes soirs las

Il y a parmi les ombres de nos soirs las
Des voûtes où les ombres glissent hagardes
Illuminées par des chandelles et leurs éclats
Allant éparpillées au bal de fées goguenardes
Elles peuplent la voie céleste de nos frustrations
J’ai sur la peau les marques de leurs délibérations
En parjure à cette époque triste et crépusculaire
Où nos âmes avaient la flamboyance d’une guerrière
Étripant les nuits noires de nos dérives sanguinaires
Elles furent irréelles, frétillantes en symbiose
Présentant l’âme rebelle d’un parterre de roses
J’irai demain encore m’étendre sur leurs pétales
Et lutter contre l’ultimatum qui s’en exhale
Être nous-mêmes conquérants et indolents
J’aime cette idée de lenteur exaspérante
Entre les bois d’une forêt bleue s’endormant
Parmi les tentacules de fourmis laborieuses
J’admire leur promiscuité pâle et enivrante
Au sort d’une destinée irrémédiable et pieuse
Faîte de tremblements, d’une vie sans faille
Je me débats face à ce soleil et ses broussailles
En cherchant la clairière d’où brament les cerfs
Cette grotte lumineuse où fut posée notre litière
Lire la suiteLe vent

Hier matin, je rentrais enthousiaste, futile et léger
Irradié d’une sorte de témérité après avoir vagabondé
Plus loin que l’esprit émancipe l’âme et les pensées
Alors que furtive la pluie fouettait les étoiles
Pendant que l’herbe matinale blanchissait
Aux évanescences d’une aube qui se dévoile
Et que le soleil se hissait sur la pointe des pieds
Derrière une muraille de hêtres fiers et auréolés
Je rentrais en frôlant les troncs et les branches
Me laissant porter par le souffle des avalanches
Je dévalais des pentes extrêmes et imaginaires
En chevalier teutonique irascible et téméraire
Et je volais libre, pur et excessif sans compassion
Parmi les frémissements de mes excès oppressifs
Doux et hurlant toutes les rages de mes confessions
Enrobées du miel amer de mes ouragans transgressifs
Avec cette indolence d’aimer les orgies de mes passions
Le salé et le sucré de leurs caractères vils et impulsifs
Lorsque tout craque et se fracasse après mon passage
Pendant que flotte l’air romantique d’une forme de badinage
Celui d’un couple inflexible se quittant au temps sensible
D’un matin indélébile et de son aube présente et intangible
Lire la suiteUn matin glacé

Pendant qu’en ce matin glacé nous regardons le soleil se lever
J’ai sur la langue le velours capiteux d’un soir fiévreux
Cette chaleur d’une tendance irréversible et affriolante
L’intenable désir de féconder une ivresse par des mots à deux
Ce vocabulaire irrévocable et provocant qui nous enchante
Toi et moi romantiques sur le toit de nos cimes neigeuses
Là où l’aigle se fait moineau lorsque s’abat la grêle coléreuse
Alors que je te chuchote les bruits venus des mers polaires
Cet enfer où les tempêtes s’égarent dans des pleurs solitaires
Nos esprits parfois s’y égarent, s’accoquinent de l’invisible
Et pourfendent les traumatismes de nos rêves impossibles
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