Tout là-bas

Montre-moi que je ne m’égare pas, que mon cœur résistera
Qu’il sera plus fort que les rives sombres d’un ailleurs las
Je ressens ses peurs, je vois ses laideurs, elles sont d’ici
En ce lieu où bat la vie où tout n’est que transi, noirci
Ses ombres portent des masques qui les griment, les affadissent
Elles sont volages, sensibles, voluptueuses, elles trahissent
La ferveur d’une aurore au goût de vanille qui s’entortille
Parmi les volutes d’un feu de bois au cœur de sombres forêts
Cette odeur m’emporte vers les tombes de vieilles pensées
Mortes d’avoir frelaté avec quelques vautours trop sensibles
Elles ne sont plus que des ancêtres ridées et irascibles
J’étends les bras, mes mains les touchent, les reconnaissent
A leur inconstance, leur suffisance, je ressens leurs faiblesses
Qui m’emportent vers les rives sombres d’un ailleurs las
Là où s’endort la passion quand se couche le soleil tout là-bas
Lire la suiteLes soirs las

Il y a parmi les ombres de nos soirs las
Des voûtes où les ombres glissent hagardes
Illuminées par des chandelles et leurs éclats
Allant éparpillées au bal de fées goguenardes
Elles peuplent la voie céleste de nos frustrations
J’ai sur la peau les marques de leurs délibérations
En parjure à cette époque triste et crépusculaire
Où nos âmes avaient la flamboyance d’une guerrière
Étripant les nuits noires de nos dérives sanguinaires
Elles furent irréelles, frétillantes en symbiose
Présentant l’âme rebelle d’un parterre de roses
J’irai demain encore m’étendre sur leurs pétales
Et lutter contre l’ultimatum qui s’en exhale
Être nous-mêmes conquérants et indolents
J’aime cette idée de lenteur exaspérante
Entre les bois d’une forêt bleue s’endormant
Parmi les tentacules de fourmis laborieuses
J’admire leur promiscuité pâle et enivrante
Au sort d’une destinée irrémédiable et pieuse
Faîte de tremblements, d’une vie sans faille
Je me débats face à ce soleil et ses broussailles
En cherchant la clairière d’où brament les cerfs
Cette grotte lumineuse où fut posée notre litière
Lire la suiteLe vent

Hier matin, je rentrais enthousiaste, futile et léger
Irradié d’une sorte de témérité après avoir vagabondé
Plus loin que l’esprit émancipe l’âme et les pensées
Alors que furtive la pluie fouettait les étoiles
Pendant que l’herbe matinale blanchissait
Aux évanescences d’une aube qui se dévoile
Et que le soleil se hissait sur la pointe des pieds
Derrière une muraille de hêtres fiers et auréolés
Je rentrais en frôlant les troncs et les branches
Me laissant porter par le souffle des avalanches
Je dévalais des pentes extrêmes et imaginaires
En chevalier teutonique irascible et téméraire
Et je volais libre, pur et excessif sans compassion
Parmi les frémissements de mes excès oppressifs
Doux et hurlant toutes les rages de mes confessions
Enrobées du miel amer de mes ouragans transgressifs
Avec cette indolence d’aimer les orgies de mes passions
Le salé et le sucré de leurs caractères vils et impulsifs
Lorsque tout craque et se fracasse après mon passage
Pendant que flotte l’air romantique d’une forme de badinage
Celui d’un couple inflexible se quittant au temps sensible
D’un matin indélébile et de son aube présente et intangible
Lire la suiteUn matin glacé

Pendant qu’en ce matin glacé nous regardons le soleil se lever
J’ai sur la langue le velours capiteux d’un soir fiévreux
Cette chaleur d’une tendance irréversible et affriolante
L’intenable désir de féconder une ivresse par des mots à deux
Ce vocabulaire irrévocable et provocant qui nous enchante
Toi et moi romantiques sur le toit de nos cimes neigeuses
Là où l’aigle se fait moineau lorsque s’abat la grêle coléreuse
Alors que je te chuchote les bruits venus des mers polaires
Cet enfer où les tempêtes s’égarent dans des pleurs solitaires
Nos esprits parfois s’y égarent, s’accoquinent de l’invisible
Et pourfendent les traumatismes de nos rêves impossibles
Lire la suiteLe fantôme derrière la fenêtre

Alors que je m’extasiais stupidement pour des banalités
Et que je me répandais inutilement dans des élans indolores
J’hésitais à me projeter là-bas vers les contreforts de l’horizon
Pendant que mes frustrations avaient la résonance de mes afflictions
Aussi, je dus implorer indûment un couple de colombes multicolores
Ténébreux, il revenait enfiévré d’une ronde achevée par un vol de nuit
Il portait pesamment en bandoulière sur l’épaule un sac de nostalgie
Et passa si haut au-dessus du jardin puis alla se poser dans le lointain
J’aurais aimé qu’il s’approche et me parle de son voyage transafricain
Me fasse rêver par des artifices primaires et profondément enfantins
Que je puisse m’évader avec lui loin de ce présent insipide et contraint
Mais le ciel se couvrit de nuages anxieux tous bleutés et mouchetés
Je vis alors sortir de mes labyrinthes des fantômes endimanchés
Doux et vulgaires, ils voyageaient en solitaires dans l’air
Flottant sur des champs irradiés d’une aube blanche et amère
Je les ai observés sobrement prostré derrière ma fenêtre
Cette barrière entre eux et mon présent où s’enchevêtre
Les cadavres des mes errances filandreuses et giboyeuses
Parmi les galeries et les alcôves d’un château renaissance
J’erre entre les fils du temps me prélassant dans la nonchalance
Je somnole, me traîne, sacralisant une errance insipide et sans envie
Alors que le silence hurle sa cacophonie exaltée et foudroyante
Je suis invisible, fantomatique, totalement accompli dans ma vie
Je m’époumone en bafouant le néant d’une inutilité renversante
Pendant que j’inspire la poussière survoltée d’une haine flétrie
Lire la suiteUtopies

J’ai oublié le goût de nos prostrations mornes et fades
Les aigreurs passées et inférieures de nos escapades
Sur des sables rouges teintés de multiples couleurs
Allant par fatalité récolter dans le creuset de nos peurs
Des symboles parmi les nuits étoilées de nos ciels noirs
Ces temples où tremble le muguet d’un printemps bleuté
Je suis invisible derrière l’idée opaque de vouloir croire
Aux utopies fiévreuses faîtes d’un sang triste et valeureux
Elles se jouent de nous, folles nous prennent pour des fous
En se prélassant sur des paillasses sous le soleil turquoise
De nos versatilités transies sur les eaux de la mer d’Iroise
Ces mirages venus déformer nos projections enflammées
J’écarte les doigts en laissant filtrer ce sable doux et tempéré
Alors que des caprices intemporels aux plaies affreuses
Regardent l’avenir et nous parlent de leurs utopies fiévreuses
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