Une nuit où tout bascule. Les ombres, les formes, les repères. Une nuit où tout s’articule. Différemment, brusquement. Éteignant les lumières. Étreignant nos prières. Dans de vagues murmures. La tête à se cogner contre les murs. En s’appuyant pour ne pas tomber. A des riens, des détails. Titubant avant de sombrer. Au plus profond d’une faille. Tracée à coups de cutter. Dans la peau amère. De cette nuit où tout bascule. Quand le cœur cogne dans le vide. Que les pas reculent. Dans le sens inverse d’une volonté. Écorchée à force de s’abîmer. A l’érosion des années. Dans la lente répétition de l’affaissement d’un temps. Où les arbres et les monuments se plient. Que les rêves se courbent. Sous le joug de l’écrasement d’une oppression. Entrant en s’insinuant. Une nuit où tout bascule. Sous la férule. D’une pause ou d’un arrêt dans le bruissement du vent. Le vol d’une abeille. Une douceur sans pareil. Qui veille, qui ensorcelle. Rien ne bouge. Pas même la fissure dans le mur. Pas même la larme rouge. Aux couleurs de sang. Suintant de la souffrance des ans. Coule le miel d’une nuit où tout bascule. Écrivant l’instant en lettre majuscule. Au bout du doigt tendu. Traçant sur le ciel des mots pour être lus. Comme paix ou amour pour toujours.