Un jour neigeux qui faisait fuir les grenouilles. S’égaraient des mots furieux dans une gargouille. Prenant le ciel et le tonnerre en otage. Ils semaient le vent contraire d’un orage. Paraplégique et qui n’avait rien de nostalgique. Il s’ennuyait et le faisait savoir en suintant dans le noir. Alors que nous allions sous ses épaisseurs de fureur en pleurs. Frétillant à l’appel de l’épouvantable excitation. Recomposer notre passé décomposé. Avec des morceaux de rien, des bouts de carton. Cette exception de nos confessions sans contrefaçon.
Je prie qu’elles se souviennent de notre peine. Par pitié ou par félicité comme si rien n’avait été. Afin d’inaugurer le monument de nos torts fracturés. En regardant les grands arbres de la forêt. Là où sont enterrés nos nostalgies avérées. En grande pompe sous l’ombre bienveillante et parfumée. De nos soleils informels aux fractures noires. Sous le vol de libellules aux déclinaisons arc en ciel. Je n’ai plus que ce détail pour rappel. Gravé dans le bronze de nos déceptions calcifiées. La marque de nos transhumances avortées. J’en touche la gratitude avec si peu de certitudes.
Il n’y a que la facilité pour éviter ce compromis. De rester prostré afin d’ignorer ce jugement sans merci. Nos errances en souffrance dans un dédale sans conséquence. Impérieux car dispendieux de nos insuffisances incomprises. Ce calice vulgaire de nos fureurs qui s’agglomèrent. Prise existentielle de nos cris de promptitude face à nos inexactitudes. J’ai en moi ce doute parcourant les marais insalubres irriguant nos nuits lugubres. Où jamais la lumière ne s’abandonne. Je fredonne cet air qui raisonne. D’un glas, le notre, qui sonne. Un amer tonnerre sur la plaine de nos cimetières.
Nous planterons cette croix uniforme. A l’entrée de notre alcôve ronde et sans forme. Avec quelques fleurs devant. Pour chasser nos peurs souvent. Je les sais vivaces et perspicaces. Provocatrices avec moultes grimaces. Comme si c’était une règle sacrificielle. De nous maintenir dans un état intemporel. Je ressens ce vertige envoûtant. J’en goûte le miel captivant. Qui s’écoule lentement sur nos corps s’endormant. Ce jour neigeux qui faisait fuir les grenouilles. Alors que s’égaraient des mots furieux dans une gargouille.