Un cri dans la nuit. Venu du fond des ténèbres. M’arrachant du lit. Violant mes rêves assoupis. Dans une plainte funèbre. J’ai pensé à toi. A tes douleurs, à tes soupirs, à ces riens qui faisaient ton quotidien. A cette vie dont tu voulais poser le dernier point. J’ai erré. De pièces en pièces, la lune m’accompagnant. Les nuages l’éteignant. A ta recherche lentement. Sans espoir de te trouver. Sans le besoin de me lamenter. Juste de traîner avec ce cri raisonnant dans ma tête. J’ai voulu croire que je l’avais inventé. Pour me donner l’impression de vivre encore à tes côtés. J’avais appris à entendre tes plaintes, à les comprendre. Comme des codes établis entre nous. Pour conserver ce dernier espace d’intimité que personne ne pourrait prendre. On a essayé de tricher avec les autres jusqu’au bout. J’en suis arrivé à espérer tes cris. Pour savoir que tu respirais, qu’un souffle te parcourait. Il ne me restait que tes mains pour te toucher, ne pas te briser. Il n’y avait plus que tes yeux pour me rappeler la façon dont tu aimais me regarder. Un cri dans la nuit. Venu du fond des ténèbres. M’arrachant du lit. Violant mes rêves assoupis. C’est ce qu’il me reste pour me souvenir. Caresser cette mélancolie des jours de pluie. Où nous nous sommes unis. Au travers des champs et des forets. Marchant, nous égarant derrière le rideau de brouillard comme des ombres. A la recherche de notre soleil dans ces jours sombres. Seuls, abandonnés au bonheur de s’être trouvés. Tu me manques. Tu le sais. Je te le dis assez. Tes silences sont la gifle de ton absence. Elle nous a été imposée. Par le temps, l’érosion de nos carcasses abîmées. Je n’ai pas de rancœur. Nous savions qu’il y aurait un terme à notre bonheur. Je m’abandonne parfois sur ta tombe. De quelques larmes, de quelques fleurs. Avec cette idée folle que ma peine réveillera ton cœur.