La monotonie des jours pluvieux est venue suinter d’ennui sur les murs de ton immeuble. Tu les regardes dégouliner de ce dégoût qui te lasse. Tu pourrais fuir, t’enfuir. Mais, la lâcheté vient te gagner, te grignoter, te manger. Elle te met en miettes. Tes idées de révolte ne sont que des mots que tu jettes pour exister, te duper. Même toi, tu ne te crois pas.Tu n’existes qu’en poussant la grille de ton immeuble lorsque tu rentres dans ta case de rat. Tu as le choix de partir. Mais pour aller où ? Ton horizon s’arrête au bout de ta rue. Il n’y a jamais de soleil dans ta rue. Des grands immeubles t’en protègent avant de plonger dans la gueule du métro. Sais-tu encore que quelque part pousse de l’herbe ? Tu as peur des insectes, des oiseaux. Tu es un mutant. Alors pourquoi te parler de sentiments ? Il faudrait que tu ouvres les yeux, que tu regardes, pour comprendre, t’ouvrir, t’attendrir, ne plus penser qu’à toi. C’est trop te demander. Tu es l’unique personne que ton être accepte encore. Les autres, tous les autres sont cachés derrière les arbres de ta forêt. Elle a poussé avec les années mettant ta vie en friche. Les plus sauvages des animaux auraient peur de s’y perdre dans la noirceur de ces journées sans soleil. Tu y es bien. Aussi, pousse la porte de ton grand immeuble, cache-toi derrière ses murs. Oublie-moi. De l’autre côté des barreaux, je saisis la liberté, celle qui te fait peur. Combien de temps, ai-je passé avec toi du mauvais côté de cette grille ? Je n’ai pas de chiffre. Je sais que c’était trop…