Avec toi, il n’y avait ni avant, ni après, que l’instant de nos tendresses parmi ces temps d’allégresse de matins bleus. Quand la rosée perle sur les prairies avant que ne se lève un soleil de feu. Combien de fois lui avons-nous offert le ballet de nos corps nus et réunis ?
Il était notre dieu interdit. Nous ne pouvions rien lui cacher. Derrière un talus ou une haie. Il accompagnait notre passion comme un compagnon, mieux comme le complice de notre intimité. Je ne sais pas pourquoi je pense à cela maintenant. Le froid me gagne, l’humidité du couloir étreint ma respiration. J’en ai pris peu à peu l’habitude. Une fatalité de plus dans ce temps qui ne m’appartient plus.
Je l’ai compris depuis longtemps déjà. Depuis que tu viens frapper à la porte de mes nuits. Doucement avec l’hystérie maîtrisée d’une symbolique de revenant. Tu as tout ton temps. Toi, la désespérée de mes cauchemars. Je ne devrais pas dire cela, j’ai l’impression de te vexer, pire de t’insulter. Alors que tu me proposes un nouveau départ. L’entrée dans le couloir, descendre pour te retrouver. Je me suis parfois approché de toi, si près… Mais, je n’ai vu que ton dos, tes longs cheveux noués en tresse, ton dos voûté. J’ai pris peur, je me suis enfui. Je savais que je devrais revenir…