Tout juste sortis des ourlets des intempéries. J’allais sur des mers rocailleuses aux ciels abscons. Parlant à deux goélands des grands mystères mystiques. En ces temps vertigineux et si souvent oniriques. Nous vivions nos dérives, inattentifs à notre conspiration en réunion. Je leur lisais du Baudelaire, ils caquetaient, le bec en l’air.
Nous nous disions mélancoliques. Mutants et pacifiques. On se retrouvait sous un parapluie à l’abri de la pluie. Jouant aux osselets avec des vertèbres de requins. Pariant des coquillages sur la table d’un casino de plage. On se saoulait avant de gerber sur le sable fin. C’étaient des petits riens venus enrichir notre quotidien.
Brisant nos chaînes morales. Plus forts que moi à l’orale. Les goélands récitaient du Rimbaud. A grands coups d’ailes dans le dos. Nous étions nostalgiques de nos fêlures existentielles. En contemplant nos tatouages intemporels. J’étais fier d’une sirène aux couleurs délavées. Qu’ils reluquaient sur un mollet à la peau fripée.
Nous faisons des concours de mémoire. Je déclamais les poèmes saturniens. Verlaine répondait un goéland taquin. Nos précipices mêlaient l’aube et le soir. Nos abysses étaient à multiples tiroirs. J’escaladais des cascades de glace. Avec un piolet aux dents salaces. Devant des goélands faisant des caprices. Et tombant amoureux d’une actrice.
En contemplant un étang mort avec des mannequins. Tous en transit et récemment évadés d’un magasin. Je m’accrochais à mes poèmes saturniens. Comme un désespéré, un mort de faim. Seul dans cet impasse, il me restait à faire face. A ma mélancolie, un chrysanthème en boutonnière à ma nostalgie.