Moi et mon chien nous nous sommes égarés. Dans la ville trop large aux rues tracées comme des tranchées. Éclairées à nous en aveugler. Nous avons plongé en apnée. Coulant, divaguant au point de nous égarer. Sur la rive du mauvais côté. Courant, haletant à en trébucher, nous nous sommes chamaillés. Sans nous regarder. Je l’ai entendu grogner. Il avait tant de choses à me reprocher. En laisse attaché, moi à l’autre bout énervé. Tirant, pouvant l’étrangler. Il a choisi de s’arrêter. Au milieu du pont en arrêt. Voulant me montrer. Le chemin, pour ne plus se tromper. La ville était vide abandonnée. Je ne l’avais pas remarqué. Essoufflé, le cœur cognant affolé. Je n’avais pas pris le temps d’écouter. Le silence assourdissant qui nous enveloppait. Sur la rive du mauvais côté. Où aller ? Mon chien avait l’idée de traverser. Il voulait me tirer, m’entraîner. Sur le pont vers l’autre extrémité. J’hésitais, la peur du danger ? La pluie s’est mise à tomber. Nous avons plongé en apnée. Pour ne pas nous mouiller. Nous avons coulé, divagué, erré au point de nous égarer. Après avoir maintes fois tourné. Nous nous sommes retrouvés sur le pont abandonné. Sans carte pour nous repérer. Sur les rails du tramway. Pouvant nous faire écraser. Le silence nous enveloppait. Voulant nous protéger. On aurait pu entendre les oiseaux voler, les chats miauler. Parfois on se fait des idées. Fatigué mon chien s’est couché à mes pieds. Attendant que je me sois décidé. A traverser de l’autre côté. J’ai fait le premier pas pour me lancer. Mon chien m’en a empêché. Le réveil venait de sonner. Il était l’heure de se lever. Le pont s’est animé. Les vélos, les tramways sont passés. Nous nous sommes écartés. Allant nous promener. Attendant que le jour se soit en allé. Que la nuit et le pont se soient illuminés. Nos ombres ont fusionné. En toute intimité. Sur les rails d’une errance conjuguée. Plus loin que le noir. Se heurtant aux frontières du cauchemar.