Une hésitation, un doute, une retenue. Avant d’entrer, de voir et d’être vue. Une main qui tremble, des pas qui hésitent. Ivresse de la timidité qui voudrait que tout passe vite. Comme le souffle d’un vent s’enfuyant. Sur les eaux assoupies d’un lac s’endormant. Une interrogation, tant de questionnements. Comme le reflet de ce qui t’écorche en dedans. L’envie de crier à t’en étouffer. Sans oser lâcher le premier mot. Une offense à ces sentiments qui parlent trop haut. Dans ta tête, dans ton cœur. Qui tout de suite prennent peur. A l’idée de s’exprimer. En totale liberté. Plus forts en toi. Là, où ils peuvent dicter leur loi. Kidnappant la virginité de tes pensées. Vivant en parfaite violation de tes pulsions. Chantant l’hymne vérolé de ta timidité. Qui te pousse à te cacher. Derrière cette porte au lieu de te montrer. Que dire ? Pour te libérer. T’aider à t’enfuir. Il n’y a rien qui t’oblige à subir. Cette faiblesse que tu traînes comme une paresse. Indolente, suffisante, qui enfante. De cette timidité que tu as appris à porter. Quitte à t’humilier. Derrière cette porte de ce que tu ne parviens pas à pousser. Pour y arriver, il faudrait te bousculer, te violenter. Provoquer cette révolte qui ne demande qu’à éclater. Autant de sentiments prêts à te submerger. Dans l’expression d’une suffisance oppressante. Toi, cherchant ta respiration d’une bouffée lente. Le rouge colorant ta peau. Tatouant ton impuissance avec la marque du sceau. D’un manque de confiance que tu portes trop haut. Il me vient parfois l’idée de t’abandonner. Seule, comme une exilée. Sur un continent où il n’y aurait rien à faire, ni à proposer. Juste à te cacher derrière les portes que tu pourrais trouver. Je me lasse, cloué par ton manque d’audace. Brisé par le sentiment que tout s’efface. Derrière le voile de cette timidité qui nous tue. Une hésitation, un doute, une retenue. Avant d’entrer, de voir et d’être vue. Une main qui tremble, des pas qui hésitent. Ivresse de la timidité qui voudrait que tout passe vite. Le tout se répétant derrière le drapeau blanc que tu agites. Il me vient parfois l’idée de te protéger. Derrière de grands murs dressés. Pour t’isoler, te laisser respirer. Dans un lieu où il n’y aurait pas de porte à pousser. Pas de nouveauté à affronter. Pour mieux traiter ta maladie. Cette infirmité qui te bouffe la vie. Le faire ne serait pas t’aimer. Je n’ai pas le droit de te garder. De toi pour moi. De reculer ce moment amer où tu devras entrer en pleine lumière. Hésiter, douter, toute en retenue. Te lancer, entrer, voir, être vue. Avec une main qui tremble, des pas qui hésitent. Dans l’ivresse de cette timidité qui voudrait que tout passe si vite.