Sur l’écorce scarifiée reposent tant de cicatrices. En cœurs gravés pour se souvenir. Dans le verbiage d’un mirage. A la pointe d’un couteau comme un artifice. Pourquoi existe-t-on avant de mourir ? Une trace, un hasard. Un rien, quelques désirs. La nuit puis plus tard. Dans la cacophonie de ma mélancolie. Alanguie dans le brouillard. Les fantômes du passé. A me narguer. Sage reste ma rage. Le dédain en dernier câlin. Le mépris pour ces spectres bannis. Englués dans les méandres du miroir. Que je ne saurais voir. A vendre du désespoir. Quand je veux croire. Qu’il y a une autre fin à notre histoire. Mes pas sortiront du noir. Comme chaque fois. Devant la grille du cimetière. Allant jusqu’à toi. Mes fantômes derrière. Errant sur leur terre de misère. Il me reste cette foi. De te rencontrer sans ce poids. Pour faire semblant. En te mentant. Ultime caprice. Je veux te parler, je veux te dire. Sur l’écorce scarifiée reposent tant de cicatrices. Les nôtres. En cœurs gravés pour se souvenir. Drôles d’apôtres. Faits de chair et d’os se croyant immortels. Provoquant en duel. Le présent, l’instant, le moment. Nous nous sommes perdus. Dans le labyrinthe de notre folie. Pour ne croiser que le néant, ses terres nues. Je ne regrette rien. Si ce n’est la chaleur de ta main. Elle m’a laissé le vide, le froid, l’absence. Ton absence. Je viens te rencontrer. En foulant les terres de brouillard. La nostalgie a endormi mon cafard. L’ennui veille sur moi jusqu’à plus tard. Je me suis enfui plus loin que l’infini. Il me reste cette force. De tracer sur l’écorce. Les jours, les mois, les années qui m’écartent de toi. Notre arbre a grandi. Je te parle de lui. Il nous relie. Me maintient en vie. J’ai si peu à te raconter. Devant ta tombe figée. Je ne sais plus ce qui est vrai. Le présent, le passé. Cela n’a plus d’intérêt. Sur l’écorce scarifiée reposent tant de cicatrices. En cœurs gravés pour se souvenir. Un artifice. Une mesure, un soupir. Dans la cacophonie de ma mélancolie. Tu es là, tu restes en vie.