Trois notes de musique en écho de nos tragédies. Hantent le papier blanc du grimoire maudit. La furie et les éclairs d’une dernière nuit. La pluie mouillant ton visage. Tes yeux langoureux. Les cheveux collées sur ton image. Ce souvenir écrit en partage. Sur le grimoire endormi. Que je déchiffre d’un regard assagi. En effleurant doucement les touches du clavier. De l’orgue endeuillé du passé. Sans personne à l’entendre. Dans la crypte où reposent tes cendres. J’en ai la clé. Pour venir te veiller. Espérer te réveiller ? Du songe où tu t’es enfoncée. Mes doigts caressent le grimoire de ma nostalgie. Le soir, certaines nuits. Quand les étoiles sont nos bougies. Clignotent intempestivement. Me souvenant en les voyant. Que traînent trois notes de musique là en écho de nos tragédies. Le soir où tu es partie. Je les ai écrites. Avec frénésie. Je le concède à la va-vite. Pour accompagner ta mémoire. Dans la crypte au-delà du noir. Quand la porte est refermée. Que je te laisse seule le soir. Il me reste l’espoir. Que tu puisses lire le grimoire. Maudit ou endormi, porteur de ma nostalgie. Je ne sais plus. Usé à force d’être lu. Je ne sais plus. Abimé à force d’être parcouru. C’est ainsi. C’est ma vie. Mes doigts caressent l’orgue endeuillé du passé. En rêvant que le charme cessera d’agir. Que tu te réveilleras avec un sourire. Je me plais à l’imaginer. Ma raison de venir te visiter. De cajoler le grimoire alangui. Relatant l’histoire de nos belles années. Je te les ai maintes fois racontées. Je suis stupide, tu les connais. De quoi d’autre puis-je te parler ? Vouté je le suis. Ma vie qui s’enfuit. J’essaie de paraître. En parlant du passé. Pour que tu puisses me reconnaître. Le présent est là pour nous offenser. L’unique vérité. Et, ces trois notes de musique en écho de nos tragédies. Que je joue les yeux fermés. Elles ont l’odeur des champs et des blés. Où nous allions vagabonder. Cela n’a pas changé. Si tu te réveillais. Tu pourrais le vérifier. Nous pourrions y retourner. J’arrête, je ne peux que nous torturer. Le grimoire n’a aucun pouvoir. Sans rien de merveilleux. Il ne restituera jamais l’éclat de tes yeux. Le bonheur de nos moments heureux. Il ne porte que trois notes de musique en écho de nos tragédies. Que je joue pour toi cette nuit. Toi ma belle endormie.