J’étreins le sable de notre passé. Et lui parle de trahison. Je regarde les photos de notre abandon. Et lui refuse de m’apitoyer. Sur ton regard enfui. Vers un ailleurs d’oubli. Avec ce vide étourdissant. Qui scelle mon enfermement. De faire comme si. Rien n’avait existé. Mais il en est ainsi. Je peux le nier. Aide-moi à trouver. Cette intense vérité. Envahissante dans l’immobile. Figé sur papier glacé. Quitte à devoir tout renier. Les frissons et les transes. De te sentir en danger. Je préfère la corrosion de la souffrance. Comme le talisman de ma dépendance. Aux souvenirs de nos sourires. Aux douleurs de s’éprouver. Aux joies de se pardonner. Pour exister et vivre. Pour regarder dans le livre. D’une pénombre étendue. Sur la sève de notre mue.
Je me sens habité. Par ces détails morcelés. Je frémis avec cette nouvelle peau. Aide-moi à me rappeler. L’infime de ce passé. Qui sanglote sur une photo. Je sèche ses larmes. En désirant les ensevelir. Dans le vacarme de rugir. Plus fort que ce démon. Qui me traque et me mord. Avec l’infernale prémonition. De voir l’or sur un champ de blé. Sans remord de vouloir le voler. Je m’en irai les poches pleines à rabord. Pour racheter à la porte de la mort. Ton absence et la violence d’une sentence. Que le temps a porté à perpétuité. Ne me parle pas de fatalité. La fiente de l’avarice de nos sentiments. Se coucher en pensant avoir osé. Je n’ai pas envie de dormir. Je récuse la Belle au bois dormant. Avec cet éther de la maudire.
Je vouvoie le culte d’autrefois. Pour ne pas le provoquer. Lui, sanctifié en démon roi. Dans une chapelle caverneuse. Aux diables canonisés. Sur les têtes venimeuses. Des pics où sont empalés. Les rêves à pourrir de nos projets. J’écoute le piano du vent. Sa mélodie douteuse. Dans les branches du temps. Où sont tissés les toiles de notre passé. Comme l’invisible filet. Où fermentent les voiles de notre destinée. Je pleure sur elle. Comme un appel. A oublier la jalousie d’une avarice. Ce charme d’une langueur castratrice. Je m’endors et j’oublie. Le cycle lunaire de mes envies. Sur la crête des montagnes. Avec ce désespoir qui gagne. Plus désespérant et plus puissant. Que les récifs de ces arcs en ciels. Nos mirages insurrectionnels.
J’étreins la main de notre présent. Pour ne plus devoir. Croire qu’en me réveillant. Les torrents se feront vertueux. Dans un matin imaginaire et fiévreux. Où nous aurons pris rendez-vous. Au bord du ravin du temps. Méprisant l’intense. Violence se rappelant à nous. Qu’hier et à jamais. Orphelins de cette idée. Éprouvée de se manquer. Ici et dans le néant. Que notre présent restera étouffant. Je regarde la photo. Me languis et rugis. Frappant le plafond de trop. Fait de verre comme ce soulier qui se brise. Dans les contes où rampe une misère grise. Cette lionne désespérante et félonne. Qui du cruel de ses yeux. Griffe nos âmes bleues. Et, je sais qu’il en restera ainsi. Confronté à jamais à ta photo jaunie.