La gomme du temps passe sur des souvenirs qui s’effacent. Peu à peu dans une fade grimace. Tissée des fils blancs de l’oubli. S’étirant infiniment entre des murs gris. Maquillant la lumière du soleil d’une pâleur mortelle. Derrière des grilles infidèles. Là, où il n’y a plus de rebelle. Supprimant leurs noms. Ne laissant qu’une triste raison. L’espoir d’attendre en vain. Que ne change le destin. D’un cœur sans lendemain. Souvenirs amers de joies déformées sous le hachoir du passé. Coupant lentement les derniers morceaux de beau. Nourrissant un présent effacé où ne subsiste que le laid. Plongé au plus profond d’un tombeau. Où s’endorment à jamais les notes d’une symphonie inachevée. Ne plus avoir la force de la composer. Ni la volonté. Incapable de restituer le vide qui s’est emparé de l’instant où tout s’est précipité. Un cri, un oubli, la peur de couper. Le fil sur lequel la mémoire dansait. Allant chercher au plus profond de l’âme la force de rebondir de notes en notes dans l’allégresse d’une musique enchantée. Magie d’un instant, de toujours. Jusqu’à ce jour. Où le néant s’est imposé jetant au fond du trou. De l’oubli, les paroles non écrites d’une vie. Pendant au bout de la corde effilochée d’une symphonie meurtrie. La gomme du temps passe sur des souvenirs qui s’effacent. Peu à peu dans une fade grimace. Tissée des fils blancs de l’oubli. S’étirant infiniment entre des murs gris. Sous la plainte amère des violons de l’hiver. Pleurant la lente fuite du temps. Que plus rien ne tempère. Que personne ne vénère. Ombre oubliée sur le sol noir de la mélancolie du silence. Dont personne ne recherche la présence. Emprisonnée pour toujours dans les parois durcies d’un cœur sans vie.