Il existe une maison bleue. Se protégeant du vent, des cieux. Là vit un couple de fantômes amoureux. Impertinents et malicieux. Paressant tous les deux. Modifiant le présent d’un simple vœu. Aspirant à un monde merveilleux. Se faufilant entre les murs frileux. Des années, de siècles disgracieux. Sans vieillir, ni être vieux. Leur sang bleu. Bouillonnant dans des veines tempétueux. Le regard vif et langoureux. Berçant leurs illusions en écoutant. La mélodie de leur mélancolie. Glisser doucement dans l’air du temps. Ils ne dorment pas. Ne mangent pas. N’ont besoin de rien. Hantent les nuits. Se faufilent entre les gouttes de pluie. Y noyant les ombres de leurs regrets. Dans le bal effréné de s’enivrer, de tournoyer. Pour oublier. Qu’ils sont enfants du vide, de tout, de rien. Le présent, l’avenir glissant entre leurs mains. Depuis des années, des siècles, c’est ainsi. Se perdant dans l’infini de leur vie. Chaque jour est pareil. Sans sommeil, ni réveil. Les meubles ne changent pas de place. L’instant s’efface. Identique à hier, autrefois. Sans frontière, ni autre loi. Que de tout recommencer en répétant sans se lasser. Le moment, l’inflexion du temps. Capricieux. Modifiant le présent d’un simple vœu. Leur laissant l’unique droit d’être amoureux. Ils en abusent. L’utilisent. Derrière les murs de la maison bleue. Avec le plaisir voluptueux. De pouvoir fermer les yeux. Et de croire qu’ils sont heureux.