Tandis que rugissaient des diables échevelés. Pendant que les cieux se fendaient en deux. Et, que les volcans se relevaient en éructant. J’allais cueillir le muguet du mois de mai. Au pied du château de la belle endormie. Piégée dans un charme de mélancolie. Allongée assoupie sur son grand lit. Il est dit qu’un baiser saura la réveiller. Il est dit tant de choses exagérées. Comme si elle avait dressé derrière elle une armée de cavaliers. Frénétiques trouvant dans l’héroïsme de la conquérir. Le miel et le vin d’un dernier dîner avant de mourir. Ou de dresser devant le ciel un voile comme un cantique. Protégeant du mauvais sort, des ondes maléfiques. Ces poisons indolents dans les veines. Se gavant de vitalité et trônant au milieu de l’arène. En provoquant par aisance et complaisance le temps. Celui de la belle endormie et de son sommeil infini. Sur un timbre gravé, sur une lettre fermée. Enveloppant des secrets, quelques vérités, une poignée d’espoirs. Qu’on lira le soir avachi dans un quelconque boudoir. Sous la lumière de bougies , parmi des ombres rabougries. Je me souviens de ces mots comme des feuilles flétries. Rappelant que la belle endormie fut en vie. Il y a longtemps, il y a si longtemps. J’entends sa mélancolie. Sur l’onde de lacs et de leurs clapotis. J’écoute son silence et son absence. En m’abreuvant de cette infertilité. Et, trouve dans ce compromis un lien. Qui me maintient téméraire et fier. Demain, ici et à n’importe quelle heure. J’irai jusqu’aux portes du malheur. Briser le maléfice de la belle endormie. Et d’un baiser la sortir de son lit.