Courir dans les herbes mouillées. Sous la pluie, sous la grêle au travers des bois et des forêts. Les jambes écorchées. Les mains brûlées. Par le froid de l’hiver venu des montagnes, des plaines de si loin d’où souffle le vent. Courir sans respirer. Tout juste suffoquer. En haut des sommets, le cœur battant. Le visage fouetté par l’air glacé. Plonger dans les vallées. Sous la pluie, sous la grêle. Sans rien voir avec le seul espoir. D’atteindre les grilles du château de la belle. Au bois dormant. Celle. Dont on parle dans les contes et les romans. Celle. Dont un baiser réveillera le corps endormi. Courir dans les herbes mouillées. Pour mieux sentir la lente montée de l’envie. De se damner aux lèvres. De la belle assoupie. D’arracher l’attente aux temps. A en avoir la fièvre. A se mordre jusqu’au sang. Pour la voir ouvrir les yeux. Le teint cireux. Tomber amoureux. De sa fragilité. De son étrangeté. A avoir dormi cent ans. M’attendant. Courir dans les herbes mouillées. Sous la pluie, sous la grêle au travers des bois et des forêts. Les jambes écorchées. Les mains brûlées. Par le froid de l’hiver venu des montagnes, des plaines de si loin d’où souffle le vent. Être seul sans princesse à sauver. A aimer. Voler une histoire aux contes, aux romans. En faire sienne. Courir sans respirer. Tout juste suffoquer. En haut des sommets, le cœur battant. Sachant. Qu’il n’y a qu’une vérité. Celle de grilles glacées m’attendant devant un château désolé.