Je suis venu au bord du lac où nous allions nous promener. Il fait froid, les oiseaux se sont envolés, cette nuit il va geler. Le soleil se glisse derrière les arbres de la forêt. Leurs ombres s’étendent sur l’eau. J’aime le silence, le froid qui arrive. Tu n’es pas là pour me parler. Je sens ta présence, comme avant. Comme ces soirs au cœur de l’été où nous venions nous poser au bord de l’eau sans parler, sans nous toucher. Nous recherchions ce silence dans lequel nous voulions nous envelopper pour nous protéger, partager, nous aimer. Les minutes passaient, les heures s’enfuyaient, la nuit tombait. Mais on ne voulait que rester. Comme ce soir où tu n’es plus là. Les ombres de la forêt me lèchent les pieds. Je suis frigorifié. Je ne peux m’en aller. Il n’y a que là que je ressens ta présence comme dans ce lointain passé. Il n’y a que là que je peux lutter pour ne pas t’oublier. Le son de ta voix est maintenant déformé, l’éclat de tes yeux troublé. Mes souvenirs sont faussés. J’ai besoin de me raccrocher à notre vérité. Je suis venu au bord du lac où nous allions nous promener. Je ne peux t’oublier.