Dans la chaleur d’un été torride s’étirent les vapeurs chargées d’alcool d’une ivresse temporaire. Frileuse et vaporeuse, parsemée d’étoiles, elle se propage dans l’air. Les bras tendus, les doigts écartés pour en capturer l’essence. Elle brûle la gorge, caresse la peau avec la provocation de l’arrogance. Instant unique où les fantômes de la nuit s’en vont au bal. S’insinuant en rampant dans les méandres du temps. Entre clarté et pénombre avec pour tendresse la faiblesse de se montrer cannibales. D’une mélancolie qui les nourrit. Court cette rumeur qu’il peuvent faire peur. S’effondrent les certitudes de leurs platitudes. Pour rejoindre l’orchestre animal. Du chant interminable des cigales. Les mains jointes sans faire de prières. Ils hantent la terre, les cimetières. Se baignent dans la chaleur d’une nuit à l’odeur d’infini. Je les rejoins sur le bateau de la nostalgie. Insipide et prenante comme l’aboutissement d’un devoir de mémoire. Je t’ai promis qu’un jour tu pourrais jouer avec les nuages et le vent. Qu’entre tes doigts s’arrêterait le temps. Il faudra que je tienne ma promesse et parvienne à cette noblesse. Toi ma princesse aux griffes de diablesse. Courant sur la lande entre les herbes se pliant. Se délectant de viscères et de sang. S’étirant sur la toile d’un soleil couchant. Belle et éternelle, infernale et insatiable. Provocatrice, tentatrice. Il y a en toi l’eau et le feu. Un texte, une fable. D’un amour étourdi, ébloui. Peut-être les deux ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Il reste la mélodie évaporée du songe de notre été. Qui s’éloigne plus loin que la vue. Alors que dans le néant se reflète un corps absent. Le tien as-tu seulement existé ? Je regarde le soleil se coucher. Je me prends à rêver. Que j’ai pu te croiser. Très certainement t’aimer.