Nous étions endormis. Sur un grand canapé gris. Dehors, il faisait nuit. Tombait la pluie. Nous rêvions de paradis. Une idée imagée. Peut-être exagérée ? Comme une forme de vérité. Une fatalité. Avant de s’en aller. De tout oublier. Pour construire un ailleurs. Avec un ciel, d’autres couleurs. Quelques symboles, d’autres valeurs. Sans formalisme, ni tableurs. En XXL sans interdits castrateurs. Qui piétinent nos cœurs, notre labeur.
J’évoque une époque. Qui se moque. D’une poignée de phoques. Prostrés sur un roc. Leur banquise en loque. Je me souviens. De si peu, de rien. C’est bien pour commencer le matin. Pour parler à des mannequins. Le néant entre leurs mains. J’abhorre leurs yeux morts. Ce charisme d’alors. Sans vitalité dans le corps. Une humanité contrariée et qui s’endort. Dans une sorte de confort.
Nous sommes endormis. Sur un grand canapé gris. Dehors, il fait nuit. Tombe la pluie. Nous rêvons de paradis. A quoi ressemblent-ils ? A des illusions imbéciles ? A des sensations faciles ? On cultive le mythe d’une île. Solitaire où s’emmerdent. Des crevettes et des calamars. Sans repère et qui se perdent. Dans la cuvette de nos cauchemars. Pendant que l’on jette du pain aux mouettes.
Je sculpte dans le marbre. Le tympan d’un ennui. Froid et glacé qui reste de marbre. Sous le vent et la pluie. Ses reliefs rougis et bouffis. Pour se maintenir en veille. Lorsque vient le sommeil. Cet ennemi assoupi. Fait pour oublier et ensevelir. Toute forme de désir. Sous la pesanteur de ses soupirs. Je hais leurs images bigarrées. Comme des cicatrices maquillées. Pour mieux accepter cette infirmité.
Nous serons endormis. Sur un grand canapé gris. Dehors, il fera nuit. Tombera la pluie. Nous rêverons de paradis. Par usage, par compromission. A une habitude sans imagination. Et, le spectacle devra se poursuivre. Pour vivre et survivre. Dans le capharnaüm d’un jour. Ivre et sans amour. Entre les heurts de silex ravageurs. Parmi les étincelles d’une ritournelle. Nous ne serons jamais immortels .
Faut-il s’en offusquer ? Alors que l’on ne peut rien maîtriser. Hier et demain juste maintenant. Quelques instants, momentanément. Un étrange pouvoir faible et illusoire. Devant la cheminée à parler d’espoir. Pour croire que chaque soir. Nous fumes endormis. Sur un grand canapé gris. Alors que dehors, il faisait nuit. Tombait la pluie. Et, que nous rêvions de paradis.