Je n’ai jamais eu de nom à te donner. Ni même su comment t’appeler. Cela ne m’a jamais gêné. Un seul regard suffisait. Pour te croiser, te regarder. Par hasard, selon ce hasard désiré. Simplement avec humilité. Dans une rue, une allée. Un échange, d’un seul trait. D’union sacré. Et.
Puis, nous pouvions nous oublier. De longues matinées, de courtes journées. Par usage, par simplicité. Il en était ainsi, nous l’avions décidé. Sans même s’en parler. Cela c’était fait. Un soir de mai ou de juillet. Lors d’un crépuscule d’été. Et.
Dans l’approche d’une nuit étoilée. Avant un ouragan outragé. Ou un orage électrisé . Cela n’a plus d’intérêt. Nos liens se sont resserrés. Sans lutte, ni sentiments échevelés. Juste dans la liberté de s’éviter. Sans nécessité de se parler. Ni même d’échanger. Et.
Le silence pour nous accompagner. Avec pudeur ou timidité. Sur nos lèvres la douceur de son lait. Que l’on goûta avec avidité. Pour se rappeler. Ces instants volés. De nous croiser. De nous frôler. Puis de s’éloigner. Sans plus demander. Sans jamais briser. Ce lien écourté. Et.
Attendre ou espérer. Une occasion de se croiser. Pour lire sur un visage empressé. Le masque d’une tristesse assumée. Le rayonnement d’un bonheur étoilé. Sans plus d’information à partager. Pour éviter de s’engager. Dans le processus labellisé. De violer une intimité. Et.
Puis quelques pas pour s’éloigner. En évitant de se parler. Avec des mots inappropriés. Venus salir et déflorer. Détruire et abîmer. Ce fil invisible, toute sa fragilité. Que nous avons tissé. Entre nos pas lors de ces journées. Partagées à force de se croiser. Et.
Puis, est arrivé. Ce temps étiré. De ne plus se frôler. Par une absence non programmée. Inévitable avec les années. Nos histoires se sont différenciées. Cela devait arriver. Une tristesse partagée ? Je ne saurais jamais. Ce nom à te donner. Ni, même comment t’appeler ? Et.
Il ne me reste qu’une belle évanouie.
Partie libre vers ses paradis.