Il y a le son de ce concerto qui revient. Inexorablement dans ma mémoire. Tu le joues à deux mains. Il s’étend dans l’air du soir. Parfois enjoué, triste, les deux à la fois. Rejoignant les fissures du temps. Je ne sais plus si tu existes… Je t’ai imaginée ou inventée. Peut-être les deux ? Cette image qui résiste. Ancrée en moi à jamais. Heureux ou malheureux ? Tu es au cœur de ma mélancolie. Nous allons ensemble la nuit. Pas à pas tous les deux. Sans parler juste à nous écouter. Entre les arbres pliés. Dans ma mémoire, il y a le vent et la pluie. Allant deux par deux. Dans ma mémoire, tu emportes mon désespoir. Tu as cette force, je te l’ai donnée. Tu m’as fait ce don de l’accepter. Il est rouge et noir. En lettres de sang sur papier de cendres. S’envolant au vent. Doux et tendre. Mouillé par la pluie. Conjointement, tous les deux. Ainsi, nous sommes amis. Désireux de se protéger quand nous serons vieux. Dans ma mémoire, tu n’as pas de visage. Tu es belle, éternelle. Cela suffit à mon envie. Nous deux. A s’aimer, j’en fais le vœu. Platoniquement, ardemment, inlassablement. Dans ma mémoire, il n’y a pas de promesse. Des certitudes que je t’adresse. Il y a des nuits infinies. Que l’on traverse et que l’on transperce. Sans casser les fils du temps. Sans briser notre serment. Ensemble tous les deux. Veillant sur les bougies de ma mélancolie. La lueur qui me lie à toi fragile et frileux. Imperceptible comme le son de ce concerto qui revient. Inexorablement dans ma mémoire. Me donnant la force d’ouvrir les yeux jusqu’à demain. Mon espoir porté entre tes mains. Tu as cette force, je te l’ai donnée. Et, tu m’as fait ce don de l’accepter.