Demain, au petit matin. Nous irons cueillir des perles de pluie sur les eaux gelées d’un lac oublié. Plus loin que les sommets de montagnes enneigées. Là où sommeillent les loups au bout du bout d’un ciel étoilé. En cet endroit où la terre est plate et s’achève par un vide infini. Nous sauterons vers cet autre sol où naissent les perles de pluie. Dans le cocon de nuages verts et alanguis avec cette terrible envie. De tomber sur des champs aux herbes rouges et bleues. Là où l’on s’étendra tous les deux. En changeant les couleurs des cieux d’un simple vœu. D’une baguette dessinant le merveilleux. Dans ce pays où les arbres seront jaunes et chamarrés. Se métamorphosant tout au long de la journée. Il suffira d’un regard, d’une pensée. Pour les voir se transformer au gré de notre volonté. Ensuite, nous irons nous perdre dans la vaste forêt. Recouvrant cette terre imaginaire. Il n’y a pas de mal à croire qu’on peut le faire. Cela nous apportera peut-être plus d’audace. Pour donner des couleurs à nos jours qui s’effacent. Prend le pinceau, trace sur la toile des teintes tenaces. Qu’elles soient vives et belles, qu’elles nous rappellent la fragilité des choses essentielles. Comme cette fusion passionnelle. Nous amenant en cet endroit où la terre est plate et s’achève par un vide infini. Avec ce rêve inabouti. D’aller cueillir des perles de pluie sur les eaux gelées d’un lac oublié. Que nous avons cherché. Que nous n’avons jamais trouvé. Sans regret. Sans larme venue s’écouler. Dans ce pays où les arbres sont jaunes et chamarrés. Sur cette terre imaginaire où nous sommes venus nous abandonner.