Ce matin

J’entends cette répétition lancinante de nos candeurs partagées. Ce frémissement insignifiant de nos mains frigorifiées.
Quand le matin se lève blanc et crépusculaire. Que les champs de nos blés ne sont pas encore fauchés.
J’ai l’imprudence de penser à les abandonner. Amer, j’entends les caprices du vent dans le matin lentement.
J’observe les ondulations des feuilles des peupliers. J’aime cette instant qui porte tant d’illusions.
Et, ce vague à l’âme parsemé de tremblements. Flamboyant, il se situe tout là haut sur les planches de l’échafaud.
Nous irons nous y promener en traînant nos sabots. Dans une errance formidable après quelques pas de danse.
Je crois aux vertus de cette accoutumance. A l’infidélité d’une vision irréelle et frelatée.
Celle de nos années consommées et galvaudées. Par un bien trop commun, celui d’être vain.
Nous avons cette fragilité comme bouclier. Une peur partagée au calice de nos erreurs.
Nous avons bu ce breuvage et nous y avons cru. Il était délicieux et capiteux.
Il nous a enivrés. Il nous a saoulés.
Aujourd’hui, je sais qu’il nous a trompés. Il ne nous a pas laissé le don d’oublier.
Et, j’entends cette répétition lancinante de nos candeurs partagées. Ce frémissement insignifiant de nos mains frigorifiées.
Pendant que le matin se lève blanc et crépusculaire…
Lire la suitePeu à peu…

Peu à peu lentement pendant que s’évade le temps. D’un instant dans le tournoiement, les volutes du vent. S’enroulant autour des troncs en les enlaçant. Dans de souples mouvements alors que tombe le couchant. D’un soleil s’endormant sur un horizon rougeoyant. Je caresse ce moment en m’assoupissant mélancoliquement. Pendant que s’évade le temps peu à peu si lentement…
Lire la suiteVoyage

Du voyage il ne me reste que la tentation du souvenir. Il s’y ajoute cette obligation frustrante de devoir choisir. Parmi les dérives fécondes d’une âme qui rêve d’entretenir. Le symbole de ce qui ne peut que lui convenir. Alors que le voyage fut ce tout avide de me saisir.
Lire la suiteÉté

De voltiges en gestes malhabiles tournoiera la feuille morte. De l’arbre jusqu’au sol dans un naufrage crépusculaire. Elle annoncera l’automne, le froid, l’hiver et ses cohortes. Elle parlera aussi de tristesses consenties. Toutes vulgaires, anonymes et totalitaires. Mais actuellement se profile l’été. Ses chaleurs, ses langueurs, ses nuits infinies. Toutes en variations sous le souffle du vent. Ainsi se balancera la feuille benoîtement. Jusqu’à cet automne avant que sa dernière heure ne sonne.
Lire la suiteA vif

Demain, nous irons voir l’aube naissante égrener les tremblements de ses humeurs versatiles. En les mélangeant aux couleurs laiteuses de ses variations capricieuses. Il y aura aussi le crépitement de ses palpitations projetées sur un horizon moucheté. On entendra battre le cœur de l’aube naissante à l’abri de la futaie en ce matin d’été. Lorsque s’élèvera la lumière tremblante d’un feu d’artifice sur l’horizon.
On se comparera, toi et moi, aux rois et aux lions. Sans carrosse, ni crocs, juste immatriculés au tableau des salops. Notre intimité indéfiniment et à jamais sel de nos infirmités. Nous les porterons comme un talisman. Elles se nourriront de nos boniments. Puis, viendront se consumer sur le bûcher de nos vanités. Quand le bois devient dur et qu’il est presque mort. On parlera de tristesse ou de mauvais sort. Il y aura aussi la fatalité et alors ?
Demain, nous irons voir l’aube naissante s’apitoyer sur les heures crépusculaires. J’ai le cœur qui flamboie, la tête qui tournoie. Je revois notre toit devant la croix. Vulgaire et éphémère. Nous aurons pour loi des attitudes cavalières. On entendra battre le cœur de l’aube naissante à l’abri de la futaie en ce matin d’été. J’ai rêvé, j’ai imaginé cette totale complicité. Sous le feu d’un soleil brûlant et mauvais. Il n’était qu’un voyeur intrusif et corrosif. Il nous a laissé sur la peau cette marque à vif.
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