Où flottent les nénuphars lorsqu’il est trop tard
Quand tombe un blizzard noyé dans le brouillard ?
Je parle à mes spectres qui me narguent, me provoquent
Qui s’évadent dans l’aurore naissante au bout du Roc
Une fin de terre puis la mer le silence et ce goût d’amer
Où s’embrasent les petits papiers quand il n’y a plus de guerre ?
Dorment-ils au fond de tiroirs fatigués lorsque vient le soir ?
Je suis emprunt de mélancolie, de nostalgie sans le savoir
Par clairvoyance, par inadvertance, mais aussi par aisance
Je pleure les matins de transhumance emporté par l’ambiance
Stupidement, banalement, dans un parcours s’achevant
Au bord d’une mare sans même l’espoir d’un soupir humiliant
Où flottent les nénuphars lorsqu’il est trop tard
Quand tombe un blizzard noyé dans le brouillard ?
Je ne peux y répondre, je ne veux y répondre, j’entends fondre
Mon absolu, presque têtu, tristement nu, ayant perdu toute vertu
Où irons-nous après la mer et la terre, plus loin que les barrières ?
Où danserons-nous après l’été, dans une forêt ou dans les prés ?
J’imagine encore me voir rayonner, m’émerveiller, respirer, rêver
Sans rupture, ni parjure, dans l’espoir extrême d’un futur qui dure
Je suis fou et négligé d’encore imaginer un brin de prospérité
Comme un corps parfait, comme une âme expansée et glorifiée
Ma folie est ainsi, tardive, transie, vive, épanouie, et…
S’accole, s’adjoint à ce mystère qui tétanise les pierres
Où flottent les nénuphars lorsqu’il est trop tard
Quand tombe un blizzard noyé dans le brouillard ?