Il reste dans les allées, les graviers que l’on a piétinés. Les arbres ensommeillés. Nos premières heures, notre bonheur. Agenouillés à s’amuser de futilités. Oubliant le passé, ses horreurs. Un tronc d’arbre tagué. De nos deux cœurs. Enlacés. Immortalisant notre émerveillement. Nos promenades, nos arrêts de bancs en bancs. Tu essayais de comprendre ce qu’on pourrait attendre. De l’avenir, de nos désirs. On traînait à pas lents sur le gravier. En se regardant. Se désirant. Doucement, tendrement. Au dessus de nous passait le vent. Tes cheveux s’ébouriffant. Ta main les retenant. Tes sourires. Nos rires. Tout était naturel. Si intemporel. Hors du temps. S’écoulant en flirtant. En se touchant. Marchant sur les graviers. Au bout des allées. En jurant. De se protéger. De s’aimer. On y est allé. Sans s’égarer, sans se chamailler. Dans la langueur de nos mouvements. La douceur de nos pas indolents. La pâleur de nos cheveux grisonnants. La maigreur de nos corps s’affaiblissant. Marchant sur les graviers. Avec la peur de se quitter. Qui sera le premier ? Qui devra rester ? On n’en a jamais parlé. Je sais que tu y as pensé. Tes doigts caressant nos deux cœurs enlacés. Sur le tronc gravé. Pour conjurer la fatalité. Rappeler le passé. Une odeur, des couleurs. Quand nous n’étions que rêveurs. Il y a si longtemps. Et, maintenant. Le futur en tremblant. Puis, un matin blanc. Autrement. Avec la solitude. En faire une habitude. En traînant dans les allées, sur les graviers que l’on a piétinés. Toute une vie passée à s’aimer. Ombres s’éloignant à jamais effacées. Pour toujours oubliées. Laissant un arbre gravé. De nos deux cœurs enlacés.