Dans le silence de nos pas feutrés glissant sur les tapis. Se répand la lenteur d’heures qui me rendent fou. Alors que s’étalent sur les murs les pages de nos vies. Tapissées des pierres posées sur un chemin qui chaque jour se rétrécit. Étouffé par la routine de ce cocon doux. Cimetière sans croix, ni tombe, juste cette idée qui s’effondre que notre avenir est derrière. Nous avons passé tant de temps à entasser. Pour se rappeler, ne pas oublier. Posant un à un les petits cailloux. Au milieu de la forêt pour nous perdre ou nous retrouver. Tout cela mis bout à bout. A dressé le totem d’un immense problème. Sans personne pour se prosterner. On pourrait mettre le feu. Pour nettoyer, effacer, tout recommencer. Comme un hommage à un autre dieu. On pourrait danser devant comme avant. Histoire de se dire qu’on a encore le temps. Il faudrait se lever, se violer, se bouger. Ne plus être vieux dans la tête, ni dans le corps. Voir de nouveau des étincelles briller dans tes yeux, ai-je tort ? Elles pourraient allumer l’incendie. Celui capable d’illuminer nos vies. Je le veux. Tu le peux. Des flammes léchant les premiers meubles, les tapis. Ceux. Qui coûtent le plus d’argent. Violemment, ardemment, le feu cruellement. Sans larme pour l’éteindre, sans eau pour l’étreindre. Vite, encore plus vite pour tuer la lenteur de ces heures qui me rendent fou. Nous qui avions toujours imaginé rien de plus doux. On étouffe. J’étouffe. Dans le silence de nos pas feutrés glissant sur les tapis. Alors que s’étalent sur les murs les pages de notre vie. Voudras-tu me suivre sur cette route pavée de mauvaises intentions ? Réveiller les tempêtes de nos passions. Se donner d’autres raisons. Je cherche les mots qui pourraient faire sensation. Dans ta tête, dans mon corps appelant le mystère. De placer notre vie devant et non derrière. Tout recommencer, tout balayer, nettoyant les murs de nos vies. Tuant l’ennui pour réveiller l’envie. Je pense à çà en m’endormant. Le visage éclairé par les bougies. De nos derniers jours s’endormant.