Les yeux perdus sans pouvoir cacher ce visage qui ne saurait être vu. S’affiche ta face à double faces aux traces noires comme un ravage. Coule en toi la haine d’une bête sauvage qui se maintient pour paraître sage. Se maintenir, se tenir, sans agir, sans réagir, pour ne pas souffrir. A en pleurer, à en rugir dans les limbes du martyre. Que tu n’as pas voulu. Qui te met à nu. Le jour, la nuit, au centre de la place, sur le pilori. Figée dans une pose toute en retenue. Suinte sur ta peau les eaux de jours pluvieux. Qui un jour provoqueront ta mue. Maquillant de jeune ton visage cireux. Trop noirci à en paraître vieux. J’ose croire que dansent en toi des jours heureux. Que ta vie n’est glacée que dehors. Que brûle dans ton corps un feu capable de te protéger de la mort. J’aime à penser que tu vis derrière ce bouclier. Écoutant battre le temps cognant comme ce cœur dont tu es privée. Je veux imaginer que tu pourrais parler. De ce que tu entends, de tous ces mots lâchés à tes pieds. Prenant ta pose frigide pour une absence rigide. De celle dont on ne revient pas. Immortelle, t’obligeant à rester là. Les yeux perdus sans pouvoir cacher ce visage qui ne saurait être vu. S’affiche ta face à double faces aux traces noires comme un ravage. Tu te réveilles la nuit en nage. Émergeant du cauchemar, les bras tendus vers le ciel. Pour qu’il te vienne en aide, qu’il entende ton appel. Vain car il n’y a jamais la moindre étincelle. T’apportant l’espoir de quitter ta camisole de désespoir. Soldat d’infortune, posé au cœur de la cité pour célébrer sa bonne fortune. Placée là pour rester là. Il te revient de faire bonne figure, les yeux perdus sans pouvoir cacher ce visage qui ne saurait être vu. S’affiche ta face à double faces aux traces noires comme un ravage. S’évaporent les larmes mortes de ton corps te quittant dans un ultime outrage.