Chapardés sans vouloir les voler, j’ai joué avec les outils du temps. Les utilisant maladroitement en figeant les arabesques de tes mouvements. Te laissant pendre au bout de longues ficelles. Comme une marionnette sans cervelle. Je ressens une forme d’amusement. Il est difficile de te l’avouer sans déclencher ton mécontentement. Pourtant, je ne me sens coupable de rien. J’ai le plaisir de tenir ton destin. Entre mes mains, dirigeant ce que tu es devenue, un pantin. D’habitude, je me tais. Aujourd’hui, je fais le malin. Tu t’abstiens car tu crains. De rester figée. J’aime ce pouvoir. De ne plus redouter mais de savoir. Que je peux tout imaginer. Pendant que tu es paralysée. Peut-être terrorisée ? A l’idée de ne jamais te libérer. Ai-je envie de le faire ? Pour me retrouver de nouveau à terre. Toi, me manipulant d’un regard fier. Je porte la clé de mes péchés. Avec l’absence de regrets. Pourquoi revenir en arrière m’empêcher d’exister ? Car tu pends au bout d’un fil. Que je t’abandonne sur ton île. Autant de raisons qui ne sont pas ma raison. Autant de situations qui ne rallumeront pas ma passion. Éteinte à force d’être l’objet de tes complaintes. J’ai accepté, tout enduré, quitte à m’emmurer. Dans le silence pour supporter toutes tes offenses. Jusqu’à ce jour où je pourrais me détacher. De tout, de toi, de ce qui me semble mauvais. Chapardés sans vouloir les voler, j’ai joué avec les outils du temps. Les utilisant maladroitement en figeant les arabesques de tes mouvements.Je ne vais pas me plaindre de cette chance. Toi qui danse. Au bout de longs fils. Moi qui pense. Que tu es bien futile. Ma revanche, ma vengeance ne sont pas violentes. Elles sont la mort lente. Du fait que je ne crois plus en toi. Que tes pirouettes sont tristes, tes grimaces contractées. Comme un mauvais coup de pinceau sur du bois laqué. Qui ne fait pas rêver. Que je n’ai pas envie d’acheter. Te laissant dans la vitrine sans regret. Je m’en vais sans être attristé. Ni même pleurer. Les larmes ne coulent pas le jour d’une libération. Il n’y a qu’une profonde respiration. La naissance de nouvelles sensations. Le retour d’une époque où je ne t’avais pas encore rencontrée. Les mains libres, les bras non retenus par des fils. Que j’ai serrés au bout de tes poignets pour t’empêcher de te libérer. A jamais.